Les premières coupes à des fins industrielles datent de la décennie 1820 et se situent en Outaouais. Dans ma région, la Mauricie, le point de départ date de 1830 et l'envol de 1850. En premier lieu, le bois coupé était destiné au chauffage, à la construction de meubles, de bois de plancher. Dès lors, les billes de bois, qu'on appelait Pitounes, flottaient sur des rivières, avant d'atteindre les scieries et autres manufactures. Cette industrie allait se manifester dans toutes les régions nordiques du Québec : outre l'Outaouais et la Mauricie, ajoutons le Saguenay, le Lac Saint-Jean, la Côte-Nord et, plus tardivement, l'Abitibi.
Peu à peu, des chemins près des berges de la rivière ont été tracés, mais ensevelis par la neige au cours de l'hiver, boueux au printemps. Le train est arrivé au village des Piles au cours de la décennie 1880 : moins de la moitié du parcours. Une route davantage dans la norme est apparue dans la première moitié du 20e siècle, pour rejoindre La Tuque, la ville la plus au nord et la plus près pour desservir les bûcherons.
LEUR NOMBRE. Le nombre d'hommes dans un camp variait selon les époques et la situation économique de l'employeur. Il existait des petits campements avec moins de dix hommes, alors que les plus imposants en comptaient une cinquantaine. Établir une moyenne de vingt-cinq me paraît plausible.
D'abord, l'origine du mot. De nouveau, une déformation d'un terme anglais : Driver, celui qui mène. Les billes de bois préparées par les bûcherons pendant un hiver étaient déposées sur le bord d'une rivière ou d'un lac, ou jetées sur le cours d'eau gelé. Quand le dégel se faisait sentir en avril arrivaient les draveurs, qui travailleront jusqu'en juillet.
MANGER ! La bouffe du bûcheron a varié selon les époques. Pour la période 1850-1890, il était difficile d'entreposer de la nourriture et surtout de la transporter jusqu'aux différents campements. C'est l'ère d'un certain folklore qui nous est parvenu : les bûcherons se délectaient de fêves aux lard, c'est à dire des haricots trempés dans une sauce au lard et qu'on appelait les binnes, déformation du mot anglais Beans. Il y avait aussi des biscuits très solides, de la soupe aux pois, du thé, du pain durci et à peu près rien d'autre. Je m'en voudrais de ne pas vous parler du ragoût de poche. Il s'agissait d'un ragoût préparé à la ville ou dans un village et qui était jeté dans une poche, puis lancé dans la neige, où le liquide gelait. Au campement, le cuisinier n'avait qu'à découper des morceaux à coups de hache et à faire bouillir. Un de ces jours, je vais tenter l'expérience !
Le folklore typique des camps de bûcherons n'existe plus. Les transports étant beaucoup plus faciles, le travailleur forestier peut retourner chez lui la fin de semaine. Les camps sont des petits hôtels, où chaque travailleur a sa chambre où il peut brancher son ordinateur. Il y a une salle à manger avec un menu varié et de qualité, sans oublier une salle de loisirs avec télé à écran géant.