Avec le recul, je me rends compte que mes jeux individuels étaient très solitaires. Mes jouets favoris étaient les disques. Déjà, j'en bouffais et si j'avais quelques sous en poche, je ne courais pas m'acheter un fusil à eau, mais me rendais chez Belleville pour me procurer des 45 tours. Une chose que ma mère m'a racontée, alors que nous venions de déménager dans la grosse maison de la rue Saint-Irénée alors que les ouvriers n'avaient pas terminé leur travail : les hommes me regardaient, étonnés, parce que j'écoutais des disques avec mon chien en peluche, assis devant le combiné radio-télé-phono. À cinq ans !
D'abord : jeux d'hiver. Glisser ! De toutes les façons : tête première, sur le dos, avec une traîne sauvage. Il fallait une pente ! Très imposante, si possible. Je pouvais marcher loin pour jouir d'une belle pente, particulièrement celle au bout du boulevard de Grandmont. Des générations d'enfants de la ville s'y donnaient rendez-vous. Ensuite : le hockey bottine. Dans la rue et surtout pas ailleurs. Des joutes sans fin, du moins jusqu'au premier cri d'une mère : "Mario, viens souper !" L'ennemi du hockeyeur bottine : l'automobiliste, surtout ceux qui faisaient exprès pour écraser une de nos boules de neige délimitant notre zone des buts. Il y avait aussi le hockey en patin, mais j'ai appris à patiner tardivement. Donner naissance à des bonshommes de neige, c'était aussi sympathique, mais je n'avais pas le talent nécessaire pour sculpter un chien dans la glace.