Je croise souvent monsieur Ernest, car il habite le même quartier que moi. On se salue, mais rien de plus. Le voyant sur un banc du boulevard, en ce dimanche après-midi, j'ai décidé de faire un pas davantage substantiel. Je lui ai tendu la main et l'ai remercié. Il s'est demandé pourquoi. "Pour l'enseignement du français." Alors, il a bondi, très souriant, visiblement flatté par cette surprise. "Un garçon de 14 ans ne remercie pas un prof. Un homme de plus de 60 ans peut se le permettre. Il n'est jamais trop tard." Je crois que je l'ai comblé, avec ce geste et ces paroles. Quel sourire généreux!