Comme dans une autre ville minière de cette région, Schefferville, les liens unissant la population étaient très étroits. Ne vivant pas dans une région socialement développée, les habitants n'avaient qu'eux-mêmes.
Avec Boston, la ville de Québec est la plus ancienne d'Amérique du Nord. Dès l'époque de la Nouvelle-France, elle tenait lieu de capitale de la colonie. Dans les récits des explorateurs, elle est souvent orthographiée comme Kébek, qui est un mot amérindien signifiant "Passage étroit". On croise aussi le mot Stadaconé.
D'abord, une mise en contexte, pour les aimables visiteurs européens. Schefferville est une ville minière (de fer) qui a pris naissance officiellement en 1955. De la fin des années 1940 jusqu'à cette date, la compagnie Iron Ore avait installé son équipement, transporté par un pont aérien incessant, alors que parallèlement, un chemin de fer, partant de Sept-îles, était construit dans la forêt, à près de 600 kilomètres vers le Grand Nord. La ville a été conçue par l'Iron Ore, sur l'emplacement des baraquements des ouvriers. Rapidement, des travailleurs bravaient le froid pour s'associer à ce Klondike du fer.
CARTE ROUTIÈRE ? Il n'y a pas de routes, sur ces territoires, sauf dans le cas de celle reliant le nord de l'Abitibi jusqu'aux installations des barrages hydroélectriques de la Baie James. Le chef lieu porte le nom tout à fait francophone de Radisson. Cette route bifurque vers les barrages et des hameaux abritant sans doute les travailleurs affectés à ces installations. Par contre, vers la gauche, la route nous mène vers un village amérindien du nom de Chisasibi.
Le coq chante au lever du soleil. Sale bête ! Je paresserais un peu, mais il fait si froid... Je me lève et dépose des bûches dans mon poêle. Je prépare mon premier repas : des crêpes avec du sirop d'érable. Délicieux ! Je regarde à l'extérieur. Ma porte est bloquée par deux mètres de neige. Je me chausse de mes bottes en peau de loup, enfile mon manteau en poil d'ours, sans oublier les gants en poil de renard et ma tuque en poil de laine, sors pour enlever la neige, tout en sifflant gaiement une chanson de Félix Leclerc. J'y pense... plus de cartouches pour ma carabine et la cruche de sirop d'érable est presque vide. Il vaut mieux faire ces courses tout de suite. Mes raquettes ? Où sont mes raquettes ? Les voici !
Je déteste me raser ! C'est une tâche désagréable et pénible. Ne vous fiez pas aux pubs miracles sur la douceur de telle lame, la magie de telle mousse ou les quatre étoiles de tel rasoir électrique : ça tire, c'est agaçant et, une fois sur dix, ça coupe. Jusqu'à l'âge de 30 ans, j'étais quasi imberbe. Heureux Mario ! Puis ça s'est mis à pousser, cette horreur ! Aujourd'hui, je me rase une fois par semaine, d'où mon air négligé qui a fait hurler les éditeurs auxquels je me suis frotté. Ceci me permet cependant d'être confondu à ces braves gens que sont les itinérants. Deux semaines me suffisent et je porte une barbe. Mais ça aussi, c'est désagréable et ma chatte n'aime pas ça. La photo ci-haut : Louis-Olivier Taillon, premier ministre du Québec à la fin du 19e siècle. Le seul de ce modèle, je crois !