Rappel : Après la mort, Annette et Roger (et non Dieu) permettent aux trépassés de revivre sur Terre sous forme d'esprit, dans le lieu où ils furent les plus heureux. Le lieu doit être toujours existant, sous une forme différente.
On le constate tout à fait sur cette photo. L'île au premier plan est la Saint-Quentin, où il y avait une chouette plage, au cours de mon enfance. C'est devenu un parc, avec, entre autres, une piste cyclable sous les arbres. Bien sûr, on peut y compter des douzaines de signes d'interdiction. Au bas : l'eau du fleuve Saint-Laurent.
J'aime beaucoup les livres ou revues anciennes et chaque fois que je croise une de ces publications, je suis preneur. Celui-ci est un court livre de 48 pages, de 1942, outil de propagande pour les Écoles ménagères, dont l'abbé Tessier était responsable, au cours des années 1940. Hommage aux femmes, mais, il va de soi, perçues dans des rôles traditionnels, que l'auteur glorifie avec une jolie plume. Tout ceci peut paraître vieillot, mais j'ai déjà croisé davantage à rebrousse-poil que cet ouvrage. De plus, Tessier illustre chaque article avec de magnifiques photographies aux teintes bleues, mettant en vedette des enfants et des adolescentes, car, bien sûr, c'est à ces jeunes femmes que les Écoles ménagères s'adressaient. S'il est question de tricot, de tissage et d'autres tâches semblables, il n'est curieusement pas question de cuisine.
Jeudi, un homme fait le truc et me demande où trouver l'Hôpital Cloutier. Alors, j'ai pointé du doigt. Il était tout juste devant! Amusant, mais je me souviens que la chose m'était déjà arrivée il y a longtemps, alors que nous étions une bande d'amis cherchant à nous rendre au parc d'amusement Belmont, dans le nord de Montréal. Notre conducteur demande à un passant qui, comme moi, pointe du doigt. On a vu une grande roue!
Elle a été fondée en 1634, avant Montréal. À l'origine : un poste de traite avec palissades, servant au troc avec les Amérindiens. Le lieu était connu sous ce nom bien avant. Au 16e siècle, l'explorateur Jacques Cartier, passant tout près, note : "Parbleu! Une rivière!" Deux minutes plus tard, son second lui dit : "Diantre, capitaine : une deuxième rivière!" Le même temps a alerté un matelot : "Regardez, messires, une troisième rivière!" C'est ainsi que Cartier baptisa l'ensemble Trois-Rivières, même si ce paresseux n'a pas pris le temps de s'arrêter pour constater qu'il n'y avait qu'une seule rivière, séparée en delta de trois parties à son embouchure.
Quand je me rendais au stade de baseball, je passais par le petit chemin de gravier situé entre le boulevard du Carmel et la piscine municipale. Je savais que je marchais dans le champ extérieur du premier terrain de baseball de la ville. D'ailleurs, la piscine a été creusée dans le même champ extérieur et là où étaient jadis les estrades, il n'y a plus que du ciment, de l'asphalte. Pourtant, je savais que je traversais ce terrain.
Le petit garçon que j'étais adorait ce lieu, car on pouvait s'y baigner. Les premières années, il fallait traverser en barque de la Saint-Christophe jusqu'à sa voisine. Quand un pont fut bâti, ce fut une fête pour tous les gens de Trois-Rivières. Hors l'eau du fleuve et ses vagues, il y avait aussi un kiosque de glaces, des balançoires et glissoires, puis les radios transistors qui faisaient entendre le dernier succès des Beatles. La Saint-Quentin, c'était le Paradis, pour Mario B !
J'ai passé une partie de ma vie à manipuler des microfilms d'anciens journaux. Pour mes recherches universitaires en histoire, pour mes romans et pour mon simple plaisir. J'y croisais tout le temps des découvertes étonnantes, fascinantes. Les journaux ont commencé à prendre la forme qu'on leur connaît à partir de la décennie 1910. Avant, c'était ardu à consulter. Il y avait peu de gros titres, pas de photos, quelques illustrations. Les articles, souvent des entrefilets, étaient étalés en plusieurs colonnes, pêle-mêle. Pour s'arracher les prunelles des yeux sur un écran, c'était idéal. Pour des découvertes, des instantanés de la vie de gens de ce lointain passé, je vous invite à quelques nouvelles glanées ça et là dans la copie du journal Le Trifluvien, édition du mardi 29 octobre 1907.
À propos du nom, que vous trouvez peut-être joli : il n'y a pas trois rivières, mais une seule : la rivière Saint-Maurice. Au 16e siècle, l'explorateur français Jacques Cartier, saoul, naviguant sur le fleuve Saint-Laurent, passe devant le futur lieu de la ville et voit un cours d'eau : "Diantre ! Voici une rivière !" Une minute plus tard, un matelot s'adresse à lui, désigne une seconde rivière. "Parbleu ! Voici deux rivières". Soixante secondes plus tard, le cusinier, tout aussi ivre, pousse des hauts cris en voyant une troisième rivière. "Fichtre ! Il y a là trois rivières. Tel est le nom que je donne à ce lieu." Si tout ce beau monde n'avait pas été ennivré, ils se seraient rendu compte qu'ils voyaient le delta d'une seule rivière.