Le public des salons du livre posait des questions qui étaient des clichés. Loin de moi l'idée de condamner les gens ; leurs questions étaient le résultat d'interventions d'auteurs, entendues à la télé ou à la radio, lues dans les revues et journaux. À force d'entendre les mêmes choses, je répondais toujours les mêmes trucs, afin d'attirer l'attention vers moi-même et mes romans. Où trouvez-vous votre inspiration ? Je n'en ai pas, madame : j'ai des idées. Vivez-vous de votre plume ? Très bien monsieur ! Deux mois par année (Celle-là, tout le monde la trouvait drôle.) Combien d'heures écrivez-vous par jour ? Dix à vingt minutes. (La vérité et les gens ne semblaient pas me croire.) Avez-vous déjà vécu l'angoisse de la page blanche ? Non madame, car j'écris sur du papier jaune.
Une chose que je révélais et qui semblait aussi étonner les gens : j'écris par courtes séquences et j'arrête dès l'instant où il doit se passer quelque chose. Ainsi, quand je poursuis, le lendemain, je sais tout de suite quoi écrire.