Mon père était commerçant. Alors, au cours de mon adolescence, j'avais un emploi d'été assuré. J'étais homme d'entrepôt, ce qui faisait beaucoup rigoler les costauds camionneurs quand ils voyaient le maigrichon que j'étais. Mon père aurait voulu que je devienne vendeur, mais je n'ai jamais désiré vivre sa vie.
Mon premier véritable emploi - car chez mon père, ça ne comptait pas - a été pour les grands magasins Woolco, en 1976, au centre commercial de Trois-Rivières-Ouest. Emploi saisonnier pour deux mois et s'il y avait une ouverture ailleurs dans la boîte à la fin de ce délai, je serais considéré. Il y avait (et il y a toujours) un coin, en plein air, où les gens peuvent acheter de la terre, des engrais, des fleurs, des plantes, etc. Or, je ne connaissais rien à ces bestioles, qui me faisaient éternuer. Je devais donner un coup de main à l'homme responsable, vendre un peu. J'essayais surtout d'aider et fuyais la clientèle. Dès le jour 1, je me suis mis à éternuer. Une surprise allait surgir : beaucoup de pluie. Or, j'ai alors réalisé que le stationnement du centre commercial était en pente. Et où s'écoulait cette eau ? Vous avez deviné. Non seulement j'ai éternué pendant deux mois, mais j'ai passé au moins trois semaines les pieds dans l'humidité, à balayer cette eau de notre coin. Au bout de deux mois : pas d'ouverture. Je suis retourné à l'entrepôt du magasin de papa...
Un secret : je n'ai jamais aimé aucun de mes emplois. Aucun. Les voici (hors les deux nommés dans l'article) : vendeur, touche-à-tout pour trois stations de radio, aide pour une entreprise de portes et fenêtres, entretien ménager, assistant de recherche en histoire à mon université. Écrire des romans ? Ça n'a jamais été un travail.