Il me reste une cinquantaine de pages à lire dans ce bouquin de 1997 de l'historien Jonathan P. Vance : Mourir en héros, Mémoire et mythe de la Première Guerre mondiale. Type d'ouvrage qui, après dix pages, fait s'exclamer : "Ouaip ! Ça va être bon !"
L'auteur a comme but de cerner différentes manifestations publiques relatives à la guerre 14-18, cela pendant le conflit, puis jusqu'aux années 1930, au Canada anglais seulement. Le Québec est écarté de sa démarche et je comprends très bien pourquoi : nous étions contre la guerre et ils étaient pour.
Ces manifestations couvrent un grand champ d'activités : peinture, sculpture (Les "Monuments aux braves") musique, théâtre, poésie, romans, récits témoignages, commémorations, journalisme, etc. Tous ces gens donnaient de la guerre une version idéalisée de propagande positive, basée sur des réalités, ou de pures inventions idéologiques. Parmi ces clichés : mort en brave pour sa patrie, mission bénie par Dieu, le champ d'honneur, etc. Je crois bien que tous les pays occidentaux ont présenté la guerre de cette façon. Tissus de mensonges et de faussetés, dont plusieurs pathétiques, comme ce passage où des romanciers ou des anciens soldats écrivent que les soldats étaient souvent saouls, aussi cruels que les Allemands et que la guerre n'avait rien d'une croisade sainte. Eh bien, ces bonnes gens, désireux de présenter la réalité, ont été mal reçus, parce que leurs récits n'avaient rien d'héroïques.
J'apprécie aussi la thèse de l'auteur à l'effet que les discours entourant la guerre 14-18 étaient dans la même veine que ceux du 19e siècle. Par exemple, sur les illustrations ou peintures, on ne voyait jamais de chars d'assaut, de mécaniques, mais bien des soldats à chevaux. L'aviateur était un "Chevalier du ciel."
Un récit captivant, parce que l'auteur va droit au but et ne se perd pas en aspects techniques, comme cela arrive souvent dans des livres d'histoire.