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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 10-04-2015 à 07:13:32

Sacrer 1 : Introduction

 

 

 

 

Sacrer : blasphémer, jurer, dire des gros mots. Sacrer est un diminutif de Consacrer. Sacrer est l'action, et Sacre est le mot. Le Québec est-il champion ? Je l'ignore, mais je sais qu'il est unique. Ailleurs, le blasphème porte atteinte à la personne divine du catholicisme : Tort à Dieu (devenu Torrieux, au Québec), Vierge noire, Ange cornu, etc. Cela existe au Québec, mais il y a une particularité qu'on ne voit pas ailleurs : le sacre désigne un objet de la liturgie : le calice, l'hostie, le sacrement, etc. Pourquoi ? Il a été prouvé que ces mots n'existaient pas dans le Québec du début du 19e siècle, alors qu'ils étaient présents cinquante années plus tard. Raison historique : après la défaite des rébeillons de 1837-38, la catholicisme local est devenu ultramontain, c'est à dire qu'il s'imposait avec plus de sévérité. Avant 1837, un catholique était tenu de se confesser ou de communier une fois par année. Après : c'était hebdomadaire. Il y avait aussi une insistance sur les processions, avec les ornements de l'église bien en vue. Bref, tout devenait profondément plus présent.

Une autre réalité historique : ce clergé ultramontain s'est servi des épouses et femmes pour s'imposer auprès des hommes. Lorsque ces hommes étaient éloignés de l'autorité féminine, ils blasphémaient en désignant ces objets de la religion. Une légende : ces sacres seraient nés dans ma région, dans les camps de coupe de bois où plusieurs hommes passaient l'hiver à travailler comme bûcherons, là où il n'y avait pas de femmes pour les empêcher de jurer. Sacrer était une vilaine habitude d'hommes et quand une femme osait utiliser ce type de mots, elle était jugée comme une dévergondée de la pire espèce. 

LA CHANSON : Lindberg, par Robert Charlebois et Louise Forestier (1968). Pour la première fois, deux personnes de la sphère artistique se servaient publiquement d'un sacre : le Crisse lancé par Charlebois et répété par sa compagne. Parfum de scandale autour de Lindberg, mais aussi raison de son succès. Dès lors, plusieurs chanteurs québécois utiliseront le sacre, dont quelques spécialistes : Plume Latraverse, Capitaine Nô, toujours Charlebois, et même Gilles Vigneault.