La saga de CFCQ a débuté dans l'anonymat en 1975 et s'est terminée dans la tristesse en 1988. Il y a eu toutes sortes de phases bizarres, des malheurs (L'antenne de transmission qui s'écroule!), des fermetures, des irresponsables et des passionnés. Brièvement, ma première association date de 1984, alors que je devais donner un coup de main rock & roll à l'animateur Gilles DesRochers, mais ce gars-là mérite un article à lui seul.
Le plus important fut en 1987 et 1988, alors que la station avait été prise en mains par des gens sérieux. Nous avions un permis de type "Radio éducative", la seule au Canada. Cela signifiait surtout que lorsqu'un animateur mettait en fonction son microphone, c'était pour nous apprendre quelque chose. De ce fait découlait une réalité particulière de 1987-88 : une grande qualité d'animation. Pas de conneries en ondes ! Je suis entré à CFCQ par l'entremise de Danielle Bilodeau, qui travaillait en ma compagnie à CIGB au début des années 80. C'est d'ailleurs moi qui l'avait recommandée au patron. Retour de service.
Danielle était en principe responsable de la programmation musicale, mais touchait mille tâches, si bien qu'elle manquait de temps pour choisir la musique. C'est avec le titre d'assistant de Danielle que je suis entré en scène. La musique de CFCQ était particulière, passant de la variété jusqu'au rock. Une évidence : nous avions peu de disques, si bien qu'il ne fallait pas s'en tenir aux seuls extraits 45 tours d'un microsillon. Le choix musical devait marcher main dans la main avec la qualité de l'animation. Nous avions aussi décidé que le choix de musique serait à 80 % francophone, ce qui laissait un 20 % unique pour l'aspect anglais. Nous faisions tourner des disques peu entendus ailleurs : China Crisis, ABC, Sade, Fra Lippo Lippi, Everything But The Girl, Elvis Costello, Rosie Vela, Lou Reed, etc. Une nette tendance jazzy-pop qui se manifestait aussi en français. Pendant un certain temps, j'ai touché à l'animation, pour une émission de trois heures les samedi et dimanche soir.
CFCQ était une station communautaire. Ce qui signifie que nous n'étions pas souvent payés. Je crois aussi que l'équipe était formée d'une bande d'amoureux et que nous avions tous le cigle de la station tatoué sur le coeur. La station a fermé ses portes au cours du printemps 1988, sur l'ordre du gouvernement canadien, car une chaîne réseau désirait établir une station FM à Trois-Rivières et que nous prenions sa place. Le monde de la radio, ce n'est pas comme David qui triomphe de Goliath. Goliath gagne toujours. Nous avions pleuré comme des dingues...
Il m'arrive à l'occasion de croiser hommes et femmes de CFCQ et nous nous parlons alors comme si le temps n'avait pas effacé notre tatouage. Les histoires d'amour ne s'effacent pas. Danielle Bilodeau travaille toujours pour la radio, dans une station de Montréal et lors d'une rencontre dans un autocar en direction de Montréal, voici quatre ou cinq années, nous avions parlé pendant deux heures d'un seul sujet : CFCQ. Quant au monstre qui nous a chassé de l'univers radiophonique, il existe encore et chaque fois que j'entends ces gens-là dans un lieu public, je les maudis avec toute mon âme.
Commentaires
Tiens tiens ! Une grande visite surprise !
Bonjour aux nostalgiques de CFCQ-FM.
Effectivement la fermeture de CFCQ fût dramatique pour l'histoire de la radio éducative.En tant que technicien et programmateur de CFCQ; j'ai eu une vive douleur en étant à l'émetteur à Mont Carmel et en mettant switch down sur notre émetteur à minuit pile sur ordre du CRTC. Par la suite je fût récupéré par CJTR et en décembre 89 je me dirigeai vers Bamako pour y installer plus de 200 radios de proximité. On a mal comprisle vrai sens éducation; dommage. Salutations à tous les ex-auditeurs de feu CFCQ-FM 99.9 MHZ et à toute l'équipe dispersée.
Un peu triste, je crois...
Belle histoire !!!