Dans le Québec des années 1970, tous les adolescents faisaient du théâtre. Nous devions nous exprimer ! Chaque école avait sa troupe, sinon deux, sans oublier toutes les associations de jeunes de divers milieux. Ce fut mon cas, alors qu'avec un ami, Christian, nous avions écrit une pièce parodique, dans le style loufoque du cinéaste Mel Brooks. Docteur mon oeil était le titre, pièce jouée à deux reprises. Encouragés, Christian et moi avons poursuivi dans la même veine, avec une parodie des films policiers : Mission haute-fidélité pour Stéréo. Nous l'avons jouée autour d'une dizaine de fois et je garde de cette aventure un souvenir extraordinaire.
Christian trouvait les gags et j'écrivais les textes. Les comédiens recrutés pouvaient ajouter leur grain de sel. Nous n'avions pas d'argent. Qui avait besoin de fric pour faire du théâtre ? Chacun apportait sa contribution et... un meuble glané chez nos parents, pour construire un décor ! Personnellement, j'avais un mal fou à mémoriser mes propres textes...
Une troisième pièce a été écrite, pardodie des films de Romains : Nez Rond. Quelques répétitions ont eu lieu, mais c'était trop complexe... Puis j'ai écrit une pièce à deux personnages : Putains comme étudiants, où je partageais la scène avec une fille qui s'était manifestée à l'époque de Docteur mon oeil. Nous étions en 1974 et l'aventure était terminée, n'ayant duré que trois années, bien qu'en 1980, avec deux gars de notre bande, nous avions mis en scène une pièce farfelue sur un texte de Raoul Duguay, présentée deux fois. Des années plus tard, rencontrant Duguay lors d'un salon du livre, je lui avais avoué que nous avions joué son Aouch mes z'oreilles Popol et, étonné, Raoul avait demandé : "Vous avez réussi à monter ça ?"
Je suis demeuré un bon ami de deux des jeunes ayant participé à ces pièces. Un des gars de Docteur mon oeil irait étudier le théâtre dans une école spécialisée et une comédienne de Mission Haute Fidélité allait jouer dans de nombreuses autres pièces pendant plusieurs années. J'ai toujours le texte de Stéréo. Ça ne vole pas très haut, mais je suis persuadé que les gags alors trouvés feraient encore rire des gens d'aujourd'hui.
La photo : Stéréo, présentée au Centre culturel de Trois-Rivières. On me voit au premier plan, sur le bord de la scène. Les deux agenouillés le sont devant un cercueil, où reposait un comédien, Marcel, jouant le rôle d'un cadavre. Immobile sous les projecteurs tout le long de la pièce, sauf une séquence où il se levait doucement... Frissons dans l'assistance ! Les gens lui réservaient une ovation à la présentation finale ! Il m'en parle encore, de nos jours...
Commentaires
Beaucoup ! Je me demande parfois si je ne devrais pas écrire une autre pièce et la proposer...
Bonsoir Mario,
La prise de parole en public et l'engagement dans une troupe te théâtre, même amateur, est une expérience enrichissante....