Cet homme m'a rendu très curieux, parce que tout ce qu'il a fait, me concernant, est différent de ce que j'ai vécu avec les trois éditeurs précédents. Une vitesse d'exécution jamais croisée, puis un évident respect pour ce que j'ai créé, une confiance un peu déroutante. Ce sont des éléments inédits pour moi, même si je me bagarre dans ce milieu depuis 1998.
Or, l'homme a écrit sa biographie. Pourquoi ne pas la lire ? Je ne ferai pas la critique du livre. Le style bio a ses bons aspects et d'autres un peu heuuuu... Cependant, lire la vie d'un homme que je connais - et pas beaucoup, pour être honnête - m'a procuré un sentiment presque trouble, d'autant plus que je me suis senti concerné par certains passages.
Marcel Broquet est né en Suisse. Il a vécu son enfance pendant la guerre, alors que sa famille était déménagée en France (curieuse idée, non ?), son père a été assassiné et, à dix ans, le garçon ne savait ni lire ni écrire. J'aime bien cette partie jeunesse en Europe. La seconde est davantage précipitée et il s'agit de sa vie au Québec, comme libraire quelque peu différent et comme éditeur.
J'ai beaucoup aimé des phrases comme "Un écrivain, c'est tout simplement quelqu'un qui sait écrire en respectant toutes les règles du métier. On peut devenir auteur, mais on ne s'improvise pas écrivain." Voyez, ceci, il me l'a fait savoir dès notre premier contact. Il ne m'a pas dit que ma fiction était fantastique, mais que je savais écrire. Cela semblait très important, à ses yeux. J'ai aussi apprécié lorsqu'il a dit que les critiques littéraires des grands journaux donnent les romans à leur belle-soeur. Absolument vrai !
Ce qui m'a le plus remué est un passage sur les auteurs qui soumettent leurs manuscrits. Le voici :
Le manuscrit arrive chez l'éditeur et l'auteur attend. Il attend des semaines, voire des mois. Bien entendu, si c'est un auteur connu et qu'il a fait ses preuves, il attendra moins longtemps. La porte est ouverte, mais l'évaluation passera par les mêmes chemins. L'attente pourra devenir tout autant interminable et frustrante.
Il y a des éditeurs qui n'accusent pas réception du manuscrit (Très vrai), ceux qui ne répondent jamais (Vrai) et ceux qui envoient à l'auteur une phrase toute faite, laconique, autrement dit une fin de non-recevoir (J'en ai la preuve). Bien sûr, il arrive parfois tout le contraire. L'éditeur aura décelé le futur bestseller et prendra contact sans délai avec l'auteur. (...) Souvent, en quelques jours, l'auteur aura son contrat en mains. C'est rare, croyez-moi, car les éditeurs reçoivent de très nombreux manuscrits.
Ces phrases soulignées, c'est exactement ce qui se produit avec moi. Ce n'est pas que je crois que mon roman sera un important vendeur, mais il semble que Marcel Broquet le pense et ceci, je vous jure, après tout ce que j'ai vécu, c'est profondément revalorisant, considérant que j'ai surtout connu des éditeurs qui ne répondent jamais, n'accusent pas réception du manuscrit ou envoient des lettres toutes faites d'avance et j'ajouterais deux qui ne tiennent pas leurs promesses.
Hum ! Peut-être que "Plus dure sera la chute" ou peut-être qu'avec ce dixième roman, je vais commencer à exister véritablement, alors qu'on a tout fait pour me faire croire que j'étais un éternel débutant.
Petites nouvelles du roman : 7 et 8 mai : la copie montée est entre les mains de la correctrice et il y aura eu, de nouveau, deux séances d'ajustements (au téléphone !). Sous peu, le fichier sera confiée au "monteur", qui lui donnera sa forme définitive, bien que Marcel Broquet pourra lire une dernière fois avant d'envoyer chez l'imprimeur.
Commentaires
Dans le cas présent, monsieur Broquet avait feuilleté cinq romans que je lui avais envoyé et il avait noté que "c'était bien écrit". À ce point, il a refilé un des manuscrits à des gens de la boîte qui, eux, ont porté le jugement. Alors, le patron l'a repris et regardé plus attentivement, avant de me communiquer sa décision.
J'ai une anecdote, à ce propos. À mes débuts, j'étais copain avec une éditrice de Québec, qui avait lu mon premier roman publié. Un jour, elle me dit : "C'est tellement bon, ce que tu fais ! Si tu m'avais envoyé un tel texte, je l'aurais pris." Alors, je lui ai appris que ce texte lui était passé entre les mains et qu'elle n'avait pas donné de réponse.
Tu as eu de la chance de tomber sur un éditeur respectueux du travail des autres, des auteurs en l'occurrence. Mais, lisent-ils tous les manuscrits qui leur sont envoyés ? Il y en a tellement. Ils doivent avoir des collaborateurs. je mesure la difficulté où l'on est d'attirer le regard des "bonnes personnes", celles qui reconnaîtront votre talent. Je suis sûr qu'il ya des "chefs d'oeuvre" qui n'auront pas trouvé preneur....
Il y a un autre aspect incroyable en vue, mais j'attends la confirmation pour en parler.
Merci, chère cliente potentielle.
Je suis émue, Mario, pour cette douceur espérée qui se profile - quelque chose me plaît particulièrement ici, je ne saurais dire quoi, sans pour autant oublier la possibilité d'une dure chute : mais il y a là du respect, me semble-t-il, et de la vie
Je croise donc fort les doigts en touchant du bois !
Jusqu'à ce jour, cette courte aventure est magique, n'ayant rien à voir avec les autres éditeurs, qui changaient les titres de mes romans ou ajoutaient "Tome 1" sans qu'il n'existe de Tome 2, le tout sans me le demander, sans oublier celui que je n'ai jamais vu de ma vie.
Je croise les doigts pour toi Mario, et j'espère que cet aspect vital de ton existence, l'écriture, finira par t'apporter (beaucoup) plus de joie que de tourments (je parle du milieu de l'édition).
Je crois que si tu peux assembler, avec ton ordinateur, un beau livre comme celui illustré, tu aurais tort de ne pas le faire le plus rapidement possible et de donner des copies aux gens de ta famille et à ceux qui sont tes amis.
Après, si t'aimes les problèmes, tu pourras tenter de faire publier. Cependant, si tu n'as pas accompli quelque chose d'exceptionnel (Par exemple, faire partie de la Résistance), je ne crois pas que les éditeurs et le grand public ne s'intéressent aux "gens ordinaires", sinon ceux qui sont fils ou filles de vedettes de cinéma, de la chanson, etc.
Effectivement, c'est le parcours du combattant ! d'autant plus que je suis loin d'avoir écrit un best-seller.. donc je vais suivre tes conseils en essayant de faire le travail sur ordi.
C'est bien d'avoir un ami virtuel aussi sympa.... Merci Mario et bonne chance pour ton roman..