Le Colimaçon a ouvert ses portes au début des années 1980, dans un tout petit local. L'instigateur était Denis Guillem, d'Espagne (je crois) mais ayant grandi en France. Au Colimaçon, on trouvait des disques impossibles à croiser ailleurs, avec beaucoup d'importations. Rapidement, le local et son propriétaire sont devenus précieux pour moi. Denis a fini par connaître mes goûts. Voilà pourquoi il me suggérait des disques et se trompait rarement. Quand je cherchais une pépite rare, Denis la trouvait toujours, dans des délais courts.
Après un premier déménagement, il y en a eu un troisième, dans un local plus grand, car maintenant, Denis offrait en location des films VHS. Comme dans le cas des disques : un choix de productions rares. C'est au Colimaçon que j'avais trouvé le Loulou de Louise Brooks, des films de Pagnol. Impossible de croiser de tels films dans les boutiques grand public, se contentant de proposer le dernier Bang-Bang-T'es-Mort américain.
Un quatrième local, au centre-ville, allait présenter des DVD, alors que la partie disques diminuait de volume. Denis travaillait maintenant avec sa compagne Jocelyne. Je louais les films dix à la fois. Mon manêge était de prendre trois films et de dire à Jocelyne : "Trouve-moi sept bons films." À la manière de Denis face aux disques, Jocelyne a fini par connaître mes goûts de cinéphile. C'est grâce au Colimaçon que j'ai pu connaître des films d'Iran, d'Afrique, d'Orient, sans oublier que je pouvais mettre la main sur de chouettes vieilleries. Entrer au Colimaçon, c'était retrouver deux amis, parler gentiment avec eux. Quand il était question de films ou de musique : il y avait de l'amour, de la passion. Denis Guillem est une des rares personnes à avoir lu mon mémoire de maîtrise, qui portait sur l'histoire des salles de cinéma de Trois-Rivières.
Denis et Jocelyne n'étaient pas des commerçants. Tout simplement des amoureux de ce qu'ils faisaient dans la vie, pour rendre d'autres personnes heureuses. Merci pour ces trente années ! Le Colimaçon a fermé ses portes voici quatre années. L'affiche trône toujours au-dessus de la porte du local vide et j'ai un pincement de coeur en la voyant. Vous aurez deviné que la photo ci-haut nous présente ces deux amis dans leur boutique.
Commentaires
Les téléchargements ont fait baisser leur chiffre d'affaires. De plus, Denis était dans la soixantaine.
Et pourquoi ont-ils fermé ? Retraite, ou difficultés à continuer de vendre dans un contexte "Amazonien" ?
J'adore ce genre de commerces mais j'en ai rarement eus dans les endroits où j'ai habité, et j'en suis triste...