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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 30-06-2015 à 07:55:05

On est verts et on en est fiers

 

Pénétrer au stade de baseball de Trois-Rivières, il y a dix années, c'était une machine à remonter le temps et tout le monde se serait cru en 1975, à l'époque de la liberté et du partage. Tout était un peu brisé, mais voilà ce qui rendait l'endroit sympathique. En entrant, on voyait des photos anciennes de joueurs. Le plancher était usé par le va-et-vient incessant du public et il y avait le casse-croûte tout juste en face. Un ami montréalais m'avait dit : "Tu entres là-dedans et ça sent le baseball !" Vrai ! J'avais ressenti la même chose en un certain début de saison.

 

 

Après l'échec catastrophique de la Ligue canadienne de baseball en 2003, j'avais adopté l'équipe senior dès l'année suivante. Je ne vous dirai pas leur nom, tant c'était laid, mais on les surnommait les Verts, à cause de l'uniforme des joueurs. "On est verts et on en est fiers!" comme le disait un partisan. Un coup de foudre, une histoire d'amitié, d'émotions. J'ai raté très peu de rencontres entre 2004 et 2008. Je m'y rendais à vélo (une heure à pédaler) et, à l'occasion, je retournais chez moi sous la pluie. J'ai eu très froid ou très chaud. Mon aspect félin m'ordonnait de m'installer toujours à la même place : sur un siège face au troisième but. Rapidement, les joueurs ont remarqué le gars avec des lunettes, particulièrement mon habitude d'écrire un bout de roman avant le début de la rencontre. Le gérant Pierre Hamel me saluait ainsi : "Salut, le poète !" même si je lui répétais que j'écrivais des romans.

 

 

Comme je participais activement au forum du site de la ligue, les joueurs ont fini par connaître mon identité et me saluaient par mon prénom. Certains faisaient preuve d'une gentille amitié, entre autres Shany Carle, Steven Bélanger et Sébastien Dessureault. Sébastien est même venu me reconduire à la maison alors qu'un torrent avait interrompu une joute. Son père, écrivain amateur et sympathique, venait souvent parler avec moi. Il est depuis décédé et cela m'avait peiné. Des joueurs des équipes adverses me saluaient à l'occasion, en me demandant si j'étais le gars qui écrivait sur le forum. Je faisais partie des meubles et j'avais l'impression que ces hommes, plus jeunes que moi, étaient des amis. Quand l'équipe a enfin gagné un championnat en 2008, après deux échecs en finale en 2006 et 2007, j'ai vécu cette victoire avec la même sensibilité que les joueurs. Me rendant féliciter Sébastien, l'homme m'avait étreint, moi le partisan numéro 1. J'étais d'autant plus ému que je me doutais que c'était la fin, sachant qu'au cours de l'hiver, le stade serait rénové à coups de millions de dollars.

 

 

 

Le lieu n'étant pas prêt pour le début de la saison 2009, j'ai suivi l'équipe, avec l'aide d'un copain, vers une petite ville du nord. Quand je suis retourné au stade, en juillet, tout était gris. Les photos anciennes de joueurs avaient fait place à des signes d'interdictions. L'annonceur maison rappelait ces interdictions. J'ai assisté à une partie, puis j'ai fiché le camp au milieu d'une seconde, pour ne plus remettre les pieds dans ce lieu éclaboussé par la rectitude politique. On venait de tuer le coeur de ce vénérable stade.

 

 

 

Je me suis tourné vers les adolescents de niveau midget, évoluant sur un terrain en piteux état à trente minutes de marche de chez moi. Un calibre moins élevé que les seniors, mais j'ai vite trouvé ces jeunes intéressants et l'endroit chaleureux, malgré les bancs inconfortables et le mauvais café. En 2013, le sain stade de Trois-Rivières accueillait une équipe mineure pro, faisant en sorte que les seniors ont été chassés du lieu, se tournant vers mon parc. Joie ! J'allais revoir mes amis.

 

 

 

À la première occasion, en mai 2013, je tombe nez à nez avec le gérant Pierre Hamel, souriant, me tendant la main. "Salut, le poète !" Cette équipe, je l'aimais toujours, malgré le divorce. À la seconde rencontre, j'ai vite noté que chez plusieurs joueurs, le coeur n'y était plus. Sans que cela ne me surprenne, les Verts se sont fait hara-kiri après seulement deux semaines. Certains joueurs sont partis jouer dans d'autres villes, mais plusieurs ont accroché leurs gants. Cette année, la ligue senior accueille une nouvelle équipe à Shawinigan, dans ma région, et quelques joueurs de la bande de jadis font partie de la formation. Il faudrait que je trouve un moyen de me rendre là-bas...

 

Sur la photo, le gérant Pierre Hamel tente de calmer son fougueux Mathieu Bergeron (Numéro 20) qui semble dire sa façon de penser à un arbitre ou à un adversaire.

 

Commentaires

MarioB le 30-06-2015 à 19:21:29
Le stade de Trois-Rivières est joli, érigé au cours des années 30, mais le terrain que je fréquente, avec l'équipe ado, est quelque peu rudimentaire... Mais plus

convivial.
Florentin le 30-06-2015 à 14:29:54
Salut, l'ami ! Je crois t'avoir déjà dit que l'un de mes petits-fils joue au base-ball. Mais, chez nous, c'est un sport qui reste confidentiel. Donc pas de grands stades m'as-tu vu. Le stade dans lequel il office se situe sur une des hauteurs de la ville et en bordure d'un bois. Il est pour le moins rudimentaire et on s'y sent chez nous, nous les supporters. Différence avec toi,quand j'y vais, j'ai le nez sur le grillage et je regarde. Je n'y vais jamais avec une feuille et un bout de crayon ! De coeur tout de même avec ton émotion. Florentin
MarioBergeron le 30-06-2015 à 11:27:22
On était avant tout verts !
elena13 le 30-06-2015 à 10:17:35
C'est vrai qu'on est fiers mais très très fiers !!!