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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 30-07-2015 à 21:35:42

Lecture : Jean de Brébeuf

 

Un livre de ma bibliothèque que je viens de relire avec joie. Jean de Brébeuf était un père jésuite, missionnaire au pays des Hurons, au 17e siècle, ayant comme but de convertir ce peuple au catholicisme. Pendant quarante années, les Jésuites étaient tenus de rendre compte de leurs actions à leur supérieurs de France, par des récits nommés "Relations". Sans eux, nous saurions peu de choses sur les Amérindiens.

 

Le livre présente ces Relations, ainsi que divers textes signés par le religieux. Bien sûr, nous sommes parfois agacés par les jugements de valeur que l'homme porte aux Hurons, mais il faut se remettre dans le contexte de l'époque : il avait raison et les Indiens avaient tort. Non seulement sont-ils des Sauvages, mais aussi des Infidèles et des Barbares.

 

Pourtant, l'approche de Brébeuf était amicale. C'était la seule façon de pouvoir parler de Dieu aux Hurons. De plus, l'homme a appris la langue et avait même écrit un dictionnaire Français-Huron.

 

En fermant les yeux sur ses jugements, il faut reconnaître que Jean de Brébeuf était un ethnologue avant la lettre. Il décrit avec de grands détails les croyances, coutumes, habitudes de ce peuple. Le Jésuite avait beaucoup d'admiration pour les chefs hurons, leur façon de parlementer, de tenir conseil. Les passages sur leurs croyances, leurs danses, leurs fêtes, sont aussi fascinantes et nous avons même droit à une séance de mise à mort par la torture d'un ennemi iroquois, et dont les historiens se serviront beaucoup.

 

Si vous désirez connaître les coutumes ancestrales de ce peuple amérindien, ce livre est excellent.

 

L'extait est léger. Je le reproduis car, dans le film Robe Noire, on voit exactement la même scène. Il est évident que les scénaristes de cette production avaient lu Jean de Brébeuf. Les Hurons, à l'arrivée du religieux, sont très intrigués par une horloge.

 

Ils croient tous que c'est quelque chose vivante car ils ne se peuvent imaginer comment elle sonne d'elle-même et quand elle vient à sonner, ils regardent si nous sommes tous là et s'il n'y a pas quelqu'un de caché pour lui donner le branle. Ils ont pensé qu'elle entendait, principalement quand, pour rire, quelqu'un de nos Français s'écriait au dernier coup de marteau : "C'est assez sonné" et que tout aussitôt elle se taisait. Ils l'appellent le capitaine du jour. Quand elle sonne, ils disent qu'elle parle et demandent, quand ils viennent nous voir, combien de fois le capitaine a déjà parlé. Ils nous interrogent de son manger. Ils demeurent des heures entières (...) afin de la pouvoir l'entendre parler. Ils demandaient au commencement ce qu'elle disait. On leur répondait deux choses qu'ils ont fort bien retenues ; l'une, que quand elle sonnait quatre heures du soir pendant l'hiver, elle disait : "Sortez, allez-vous en, afin que nous fermions la porte." (...) L'autre, qu'à midi, elle disait : "Dressons la chaudière".

 

Jean de Brébeuf trouvera la mort aux mains des Iroquois, dans une séance de tortune à glacer le sang et qui est décrite dans ce livre.

 

Jean de Brébeuf, Écrits en Huronie, Éditions Fides, collection Bibliothèque québécoise, 1996.