Je n'ai jamais regardé des téléromans. J'ai déjà tenté, mais... incapable ! L'exception est Les belles histoires des pays d'en haut, pour deux raisons. 1)- La série fait partie de la culture de mon enfance 2)- Un copain m'avait signalé les multiples erreurs qu'on y croisait et nous avions un plaisir fou à en parler.
RAPPEL ! Le tout a débuté dans la première moitié des années 1930 avec un roman populaire, Un homme et son péché, signé Claude-Henri Grignon. L'histoire d'un paysan avaricieux à l'extrême, du nom de Séraphin Poudrier. À la fin de la décennie, la radio d'État demande à Grignon d'ajouter des personnages autour de Séraphin pour un radioroman. Celui-ci a duré jusqu'en 1960. Parallèlement, il y eut deux films à la fin des années 1940, puis, à compter de 1956, un téléroman qui sera on ondes jusqu'en 1970. La saga de la série était divisée en deux parties : 1956 à 1966, avec des émissions d'une demi-heure, se suivant d'épisode en épisode. À partir de 1967 : nous passions à la couleur et à une heure, avec une histoire complète à chaque occasion. La majorité des enregistrements 56-66 sont disparus, mais ceux de 1967-70 ont été conservés. Ce sont ceux-là que la télé d'État rediffuse sans cesse à toutes les cinq années, sans oublier le format VHS puis le DVD. C'est vers 1987 que je les enregistrés et rencontré ce gars qui m'empruntait les cassettes pour déceler les erreurs.
Erreurs, il y avait ! Tant et tant qu'il serait impensable que des producteurs les toléreraient de nos jours. J'ai lu un article à l'effet que Grignon écrivait les épisodes à mesure, que les comédiens, d'une semaine à l'autre, ne savaient pas s'ils seraient appelés. Dans ce cas, ils avaient peu de temps pour mémoriser leur texte, répéter. Il fallait tourner à toute vitesse, car dès le lundi suivant, c'était présenté au public.
Alors, des perches de micro qu'on aperçoit dans le haut de l'écran, il y en a, tout comme des écarts de son, des décors qui bougent quand une porte est claquée. Il y a aussi les comédiens oubliant leur texte (le notaire, particulièrement), des redondances, des erreurs de texte, par exemple : le colon Basile Fourchu a 13 enfants, mais parfois, le nombre passe à 12, cela dans le même épisode ! Le calendrier du bureau de poste indique juillet, alors que la scène se déroule en décembre. Ne pas recommencer des scènes ratées, alors que logiquement, le réalisateur aurait crié : "Coupez !" Par exemple : le quêteux Jambe-de-Bois est avec un ermite qui veut lui faire goûter son tabac à pipe. Or, le quêteux a un mal fou à mettre le feu à son allumette. Le comédien fait semblant que c'est allumé, dit à l'autre : "Pas mauvais", alors qu'on voit très bien que cette pipe est éteinte. L'historien que je suis a noté beaucoup d'anachronismes : l'histoire se déroule au début de la décennie 1890 et on peut voir des objets qui n'existaient pas : un disque 78 tours, des cigarettes avec filtres, des journaux avec des photos, des billets de banque tout à fait 1968, etc.
Médiocre, peut-être ? Non ! Ce sont ces maladresses qui rendent le tout sympathique. De plus, malgré les redondances, Grignon a eu le chic de créer des personnages à une seule dimension et cela devient facile de s'identifier à l'un ou à l'autre. La plupart ont des surnoms, des patois : Viande à chien, Bouleau noir, Cré Tac, Arc-en-ciel, etc. C'est chaleureux. Comme romancier, j'ai tiré une leçon de ces deux éléments et plusieurs de mes personnages ont des surnoms et utilisent des patois.
Grignon a aussi sorti du grenier des vieilles expressions québécoises oubliées et juteuses : "J'm'en vas dré là" (Je m'en vais immédiatement) ; "En par cas" (En tous les cas, quoi qu'il en soit) ; "Il a la parole en bouche" (Il s'exprime très bien) ; "Je suis de ton dire" (Je suis d'accord avec toi) et, la plus célèbre : "Beau dommage!" (Certainement!) que des jeunes musiciens adopteront pour le nom de leur groupe. Ne pas oublier que toutes les femmes sont des "Créatures".
Parmi tous ces québécismes, Grignon, malgré lui, en a créé un qui est toujours de mise de nos jours. Au Québec, un avaricieux, une personne aimant l'argent, trop économe, n'est rien d'autre qu'un Séraphin.
Une fois toutes les deux années, je traverse ma crise des Belles histoires et regarde les DVD, même si je connais tout ça par coeur.
La photo : Guy Provost (Alexis) et Andrée Champagne (Donalda).
Commentaires
J'an ai déjà entendu parler. Je sais que ce fut populaire, mais je ne connais pas ce truc. Je sais aussi que ce sont des humoristes et ceux du Québec ont une particularité qui m'agace : ils parlent comme des idiots.
Téléroman... je viens d'en découvrir un sur YouTube, La Petite Vie, et je ne comprends pas beaucoup ce que j'entends... le parler est rapide et on entend le public, qui assiste aux enregistrements, rire (ce qui n'aide pas pour me concentrer)...
Il n'y a que les gags visuels qui me font sourire, les seules chose que je comprenne......