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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 01-09-2015 à 06:56:12

Lecture : Arlette Farge

 

J'ai acheté ce livre en 1996 et j'ai dû le lire cinq ou six fois. C'est un des meilleurs livres d'Histoire que je connaisse. Il faut avouer que les ouvrages de France ont une grande qualité, qu'on retrouve peu chez les livres québécois : c'est bien écrit. Pour Arlette Farge, l'Histoire est aussi de la littérature, alors que les historiens du Québec écrivent comme des fonctionnaires.

 

 

Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle. La période de son étude est celle des années précédant la Révolution. Un livre en grande partie constitué de témoignages de voyageurs, d'observateurs de l'époque, mais la source la plus utilisée et captivante est celle des rapports de police. Arlette Farge fait précéder chacune de ces interventions par une brève et riche présentation et explication.

 

 

Bien sûr, c'est ici la vie des roturiers, du petit peuple, des pauvres et malchanceux qui est en cause. Les sujets ne portent pas à sourire : violences, enfants abandonnés, prostitution, ivrognerie, etc. Pourtant, tout ceci est très vivant, comme un film documentaire qui aurait été tourné à ce moment-là.

 

 

Arlette Farge a aussi eu la bonne idée de parler de la police dans la dernière partie de son livre, alors que logiquement, cela aurait dû précéder les témoignages. L'avantage est que rapidement, nous plongeons dans la vif du sujet.

 

 

Je me suis servi de ce livre pour mes romans, pour cerner les métiers de misère, aussi les insultes, le langage.

 

 

Le livre fut publié une première fois en 1979, mais je possède la réédition enrichie, de 1992, publiée chez Gallimard. L'ouvrage compte 244 pages et se lit rapidement, avec une belle joie.

 

 

Comme extraits, voici trois rapports de police et bien qu'ils soient répétitifs, ils nous tirent un sourire en faveur d'une vendeuse de fruits et légumes têtue et qui avait causé des soucis aux autorités.

 

 

 

10 juillet 1877

Marie-Thérèse Roisin, revendeuse de fruits et de légumes, s'est établie sans permission rue des Bons Enfants, à l'entrée de cette rue du côté de la rue St Honoré, précisément dans l'endroit ou elle nuit le plus. J'ai mandé cette fille deux fois, deux fois je lui ai défendu de s'y mettre en lui permettant cependant de se placer contre la porte du cloître. Mais elle n'a eu aucun égard aux défenses que je lui ai faites. (...) J'estime qu'il est nécessaire que vous donniez des ordres à l'officier de police d'arrêter cette femme (...) pour la mettre à portée de la punir de sa désobéissance.

 

 

 

16 juillet 1877

Monsieur, j'ai l'honneur de vous rendre compte que je me suis transporté à la place de la nommée Roisin, revendeuse, établie sans permission rue des Bons Enfants, à qui j'ai signifié de se retirer et de faire sa soumission chez monsieur le commissaire Fontaine, qui n'en a rien fait, après l'avoir avertie trois jours de suite, même deux fois chaque jour, comme cette fille est de la dernière obéissance, j'estime que vous me fassiez passer des ordres pour l'arrêter, n'ayant eu aucun égard aux représentations que je lui ai faites de votre part.

 

 

 

18 juillet 1877

Je charge monsieur le seigneur de Longpré de conduire devant nous la nommée Roisin qui continue d'étaler des fruits et des légumes à l'entrée de la rue des Bons Enfants malgré les défenses qui en ont été faites, quoi que je ne puisse que m'en rapporter à vous sur ce que vous croirez devoir odonner sur le compte de cette femme, je pense cependant qu'attendu sa désobéissance réitérée, c'est le cas de l'envoyer en prison.

 

Commentaires

MarioBergeron le 03-09-2015 à 17:26:35
Je crois que ce livre est encore disponible, car il avait tout de même attiré l'attention à deux reprises.

Tu sais, en histoire, on lit tout, quand il est question de se lancer dans une thèse de doctorat et un mémoire de maîtrise. Alors, la France, le Québec, les États-Unis. D'ailleurs, chacun de ces pays a ses façons particulières de présenter l'histoire.

Merci.
Florentin le 03-09-2015 à 14:27:14
Salut Mario ! Nul n'est prophète en son pays, dit-on ici. Il faut qu'un Canadien me fasse part d'un livre paru en France, valant la peine d'être lu, mais tout de même pas très connu. Mais, bon, ne sommes-nous pas cousins ? Hein ? A plus. Je vais essayer de me tuyauter. Florentin.