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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 24-10-2015 à 07:11:07

La haine

 

Confiant face à la réussite de mon premier stage en enseignement, une année plus tard, j'entreprends le second, cette fois en français, dans une autre école et pour une clientèle adolescente plus jeune (13 ans). Je ne savais pas que j'allais vivre les trois semaines les plus infernales de ma vie.

 

Avant que tout ne débute, je me présente à l'école afin de rencontrer l'enseignante qui allait me superviser. Comme je n'avais pas pris de rendez-vous, je rebrousse chemin sans faire de vague. Le soir même, elle me téléphonait pour m'engueuler sans pouvoir s'arrêter, me soulignant que le stage débutait le lundi et que je n'avais pas le droit de la "reluquer" avant le temps et à l'école. Je souligne le mot Reluquer, car je m'en souviens si bien... En raccrochant le récepteur, j'étais demeuré abasourdi, me demandant quelle cinglée j'allais croiser.

Cinglée, oui ! Le lundi, je me suis présenté, mais elle ne m'a pas salué. Cette femme n'allait pas du tout suivre les consignes de stage et je ne serai pas seul devant une classe avant dix journées. Ceci ne l'a pas empêchée de me refiler tous les travaux à corriger, même s'ils ne venaient pas d'une de mes initiatives. Aucun sourire, point de salutation. Quand je posais des questions, elle n'y répondait pas.

En classe, cette femme était effroyablement froide et je sentais les élèves terrorisés par sa présence. Évidemment, quand je me suis retrouvé seul face à eux, ils ont interprété ça comme une vacance. Tout ce qui avait si bien fonctionné lors du premier stage est devenu lettre morte. J'ai aussi réalisé qu'il y a un océan de différence entre un ado de 13 ans et un autre de 16. La femme avait l'habitude de marcher devant les fenêtres des classes dix minutes avant la fin des cours, ce qui calmait les élèves. J'ai vite compris qu'elle le faisait pendant presque toutes les périodes, car à chaque fin de journée, j'avais droit à des reproches. Pas de conseils pour redresser la situation : des engueulades, cela dans le local des profs et j'en voyais certains lancer des regards torves dans son dos.

Pendant ce temps, j'avais toujours mes cours de stage à l'université où les confrères et consoeurs pouvaient discuter de leurs expériences. Mon prof s'est vite rendu compte que quelque chose clochait dans mon cas. J'ai tout raconté. "Ce n'est pas une façon d'agir, mais je n'ai pas le droit d'intervenir. Je vais tout de même te donner quelques conseils."

La seule classe où je n'ai pas rencontré de problème était celle avec les élèves avec des... problèmes d'apprentissage. Ils étaient un peu plus âgés, mais du niveau scolaire des 13 ans. Aucune indiscipline de leur part ! Une attitude gentille.

À la fin du stage, j'étais exténué. Il m'était arrivé de rentrer chez moi en pleurant. La femme m'a de nouveau refilé des copies de travaux à corriger pour ma fin de semaine... Une partie de sa tâche consistait en la rédaction d'un bilan de stage qui, lorsqu'il est arrivé entre les mains du prof universitaire responsable, a provoqué une colère en règle. Mon cher monstre disait que j'étais un nul, avec exemples à l'appui, débordant même du contenu pédagogique, en spécifiant que j'étais d'apparence négligée et que je fumais. Le prof s'est rendu là-bas, a rencontré cette hystérique et même la direction de l'école. Elle a refusé de modifier le bilan, si bien que celui-ci a été accompagné d'une note explicative, pour souligner que cette évalution n'était pas conforme à la réalité. Je me souviens aussi que le prof avait gonflé la note de mon propre rapport de stage pour équilibrer le résultat final. En fait, il m'avait donné 100 % ! Je ne devais pas le laisser voir au cours de ces semaines, mais j'ai profondément détesté cette femme, l'ayant trouvée odieuse, impolie. irresponsable et méchante.

Une dizaine d'années plus tard, une des élèves du groupe de problèmes d'apprentissage travaillait dans un café que je fréquentais et elle m'a raconté que les jeunes se sont rendu compte que la prof me faisait la vie dure, d'où leur décision de bien se comporter pour me donner un coup de pouce.

La session suivante, un autre universitaire a subi le même sort auprès de cette folle et son stage a été coupé à court, suite aux plaintes du prof de l'université. On ne lui confira plus jamais de stagiaire.

Le seul bon souvenir que je garde de cette expérience pénible fut cette classe de cas difficiles. Il y avait là deux filles très copines, marchant toujours ensemble, s'échangeant des blagues complices et leur puissante amitié m'a inspiré les personnages de Marie-Lou et Isabelle dans mon roman Des trésors pour Marie-Lou, où je cite aussi la cinglée sous un pseudo qui lui va bien : bouledogue. À bien y penser, ce n'est guère aimable pour cette race de chiens.

 

Commentaires

MarioB le 24-10-2015 à 19:49:34
Profondément pas tranquille...
Florentin le 24-10-2015 à 18:02:18
La vie n'est évidemment pas un long fleuve tranquille ...