J'imagine qu'à l'image d'autres garçons de ma première année, entrer dans une classe sans la Grenier était synonyme de débuter véritablement l'école. Je ne me souviens pas du nom de cette blonde enseignante, mais je jure sur mon honneur qu'elle était un ange. C'est normal, car j'avais passé l'année précédente avec le diable.
Sur la photo, on peut me voir sur la première rangée, à l'extrême droite. Le frère directeur est le premier à partir de la gauche. Je ne sais pas qui était l'autre religieux. Peut-être une autorité de la congrégation. Nous semblons tous porter un uniforme, avec un écusson aux couleurs de l'école. C'était pour les besoins de la photo. Il n'y avait pas d'uniforme, mais la direction demandait que nous soyons vêtus convenablement.
L'école portait (et porte toujours) le nom de Saint-Eugêne. Elle était située à environ deux kilomètres de chez moi. Pas de transport scolaire : nos petites jambes suffisaient. L'école était sur un coteau, si bien que pour l'aller, il fallait souvent grimper! Par contre, pour le retour, c'était formidable! Surtout en hiver, alors que nous glissions en nous servant de nos sacs comme tobogans. De plus, plusieurs rues pouvaient mener à l'école et nous pouvions ainsi varier le sauce. J'aimais passer par la rue Saint-Valère, à cause d'un petit commerce qui vendait des bonbons, du chocolat et des cartes de hockey.
Ajoutons quelques autres données. Le cours primaire durait sept années. Il y avait deux classes pour chacun des niveaux. Donc : quatorze locaux. L'école avait deux étages, le premier consacré aux plus petits. Il n'y avait que trois religieux : le frère directeur et deux enseignants du dernier échelon. On croisait donc douze institutrices, la plupart jeunes. Pas trop surprenant : pour les jeunes femmes de l'époque, ce métier était une parenthèse avant le mariage et la maternité. Elles étaient alors remplacées par des finissantes de l'école de formation.
Hors la première année, je garde de bons souvenirs de mon enfance dans cette école. Je l'ai souvent évoquée dans mes romans, particulièrement dans Contes d'asphalte.
Commentaires
Florentin : C'est maintenant la même chose au Québec.
Cependant, comme je l'ai déjà mentionné, je n'ai aucun mauvais souvenir de ces frères.
Suite et fin dans quelques heures.
Merci,
Tous sages comme des images. Des images religieuses évidemment. Lors de mes études secondaires, en Institut catho, nous disposions d'une majorité de profs prêtres. Depuis, je sais que les choses se sont inversées. La déchristianisation est passé par là. Il n'y a plus chez nous aujourd'hui qu'un prêtre pour 10 ou 15 paroisses ...
Bonsoir Mario, j'observe que les deux ecclésiastes n'ont pas osé mettre la "pin-up" entre eux et que tu te tiens toujours sur l’extrême droite prêt à quitter la photo...