VEF Blog

Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 21-03-2016 à 00:06:13

Salon du livre de Trois-Rivières, 2016

 

Sous d'autres cieux, en 2014, j'avais juré que je ne participerais plus jamais à un salon du livre du Québec. Je n'ai pas changé d'idée et mes sentiments et observations demeurent les mêmes : ces événements sont au service d'auteurs médiatisés, ne sont pas entièrement concentrés sur les livres, le tout pour un public qui achète de moins en moins de bouquins. De plus, c'est souvent vain, bruyant et éreintant. Alors, pourquoi ai-je brisé ma promesse ? Question de me montrer aimable envers mon éditeur Marcel Broquet, qui a été bon et généreux à mon endroit. J'avais refusé de participer au salon de Montréal, en novembre 2015, même s'il me payait le transport et les frais de séjour. La moindre des choses était d'être présent dans celui de ma ville, même si le goût n'y est plus.

 

 

 

Il y a neuf salons du livre, au Québec, dans les villes suivantes : Rimouski, Sherbrooke, Jonquière, Montréal, Hull, Québec, Trois-Rivières, l'Abitibi-Témiscamingue et Sept-îles. J'ai participé à tous ces salons, sauf le dernier nommé. Mon premier éditeur insistait beaucoup sur nos présences lors de ces événements, prétendant que cela servait à nous faire connaître. C'est entièrement faux ! Mes meilleurs ventes ont été pour les romans de 2009 et 2013, alors que je ne participais presque plus aux salons. De plus, il y avait de sa part une idée de "Performance" : il fallait vendre ! S'il y avait une diminution d'une année à l'autre, il nous le disait. Bref, je me rendais dans ces salons sous pression. J'ai aimé ces événements entre 1998 et 2001, à cause des nouveaux amis, des surprises, d'un certain public fidèle. Mais dès 2002, le ras-le-bol s'est manifesté et j'ai enlevé quelques salons de ma feuille de route. Lors de mon retour dans la mêlée, en 2009, ma désillusion était encore là, si bien que je n'ai pas beaucoup été présent lors de ces événements. Le salon de Trois-Rivières 2016 était mon 43e, la majorité entre 1998 et 2001. J'y ai vendu 1078 romans au public. Celui de Trois-Rivières était mon douzième. Je m'y suis rendu à reculons, frustré de ne pas avoir eu une tribune publique, alors que j'étais assurément le seul auteur de la ville à avoir vu deux de ses romans publiés en moins d'une année. Je faisais partie du décor, des statistiques, et rien d'autre. Voici ce qui s'est passé.

 

 

 

AVANT LE SALON :

Prévoir des choses que je ne pourrais faire pendant l'événement : une visite à l'épicerie et ne pas oublier la bouffe du chat, puis la lessive le mercredi, au lieu du dimanche. Prévoir de la monnaie pour mon transport en autobus, de l'argent pour mes petites dépenses là-bas. Enfin : sortir les vêtements de printemps, même s'il y a encore de la neige. Se présenter à un salon avec des bottes d'hiver et un lourd manteau n'est pas idéal.

 

 

 

JEUDI LE 17 MARS

En soirée seulement : de 18 à 20 heures. Le premier geste consiste à réclamer ma cocarde (que vous voyez ci-haut). Je les collectionne! Le stand était minuscule et partagé avec... mon premier éditeur, celui qui m'a fichu à la porte en 2006. Tout juste en face : le comptoir de Bryan Perro, auteur de ma région qui a débuté en même temps que moi et avec qui j'ai toujours entretenu de bonnes relations amicales. Tout près : une scène, pour des interviews, des chansons. Je craignais du bruit, mais cela ne s'est pas produit. Je suis arrivé à 17 heures, au cas où ma table serait libre. Après une heure sous le signe de l'optimisme, je me suis senti lourd et je me demandais ce que je faisais là. Je n'ai rien vendu. En sortant, j'ai raté mon autobus. Il tombait de la neige et le sol était plein de gadoue.  De retour à la maison, le chat s'est montré turbulent et... affamé!

 

 

 

VENDREDI 18 MARS.

Même scénario que la veille. Arrivée d'une voisine que je ne connaissais pas et qui fut très sympathique jusqu'au dimanche. Vendu 1 roman. Me suis frotté à des "On n'en a pas entendu parler" et à des "J'pense que je vous ai déjà lu." Dans mon sac à dos : mes signets, mon petit thermos à café, un imprimé pour diriger les gens vers les deux blogues VEF ralatifs à mes romans, puis ma balle de baseball, mon porte-bonheur depuis 2009 et qui attire la curiosité des gens passant devant moi, car c'est le dernier objet que l'on pense croiser dans un salon du livre. Pas raté le transport en commun, cette fois, et monsieur Salomé encore excité et affamé. Au fait, je dois manger avant mon moment régulier, si bien qu'à mon retour, à 21.30, je dois aussi bouffer!

 

 

 

Au cours de la soirée, j'ai appris une nouvelle qui m'a beaucoup peiné : le romancier Joel Champetier est décédé. Il fut un bon ami lors de mes premières années et un des rares à m'avoir serré la main lors de mon retour, en 2009. Un homme formidable, distrayant, chaleureux. Ce serait une bonne idée de vous en reparler.

 

 

 

SAMEDI 19 MARS

Soixante minutes en après-midi et autant pendant l'heure du repas. En principe, un horaire moche, mais j'ai pu le prolonger, grâce aux auteurs qui ne se présentent pas. En après-midi : une foule compacte, pas très agréable pour les gens qui veulent regarder doucement les livres. De plus : davantage de bruit. À 15 heures, avant de sortir, je suis devenu le public, me précipitant vers un stand isolé d'une maison indépendante. J'avais vu, dans l'horaire, un titre qui m'avait intéressé. J'ai marché rapidement vers l'auteure, qui a semblé surprise de me voir mettre la main sur son bouquin, demander le prix et m'entendre dire "Je le prends." Je vous en reparlerai quand je l'aurai lu, mais de retour chez moi, j'ai regardé, feuilleté, pour me rendre compte que c'est un ouvrage de qualité. Je n'ai pas manqué d'y retourner le lendemain pour le dire à la femme. Je sais comme c'est difficile pour le moral de passer quelques jours dans un salon, dans un coin où le public se rend peu, parce que loin des auteurs vedettes et des "grosses maisons d'éditions."

 

 

 

DIMANCHE LE 20 MARS

Un bon horaire : 13.30 à 16 heures. Un nouveau voisin, sympathique aussi. Je le souligne, car j'ai souvent croisé des hommes et des femmes très rasoirs. Malgré mon ennui d'être en ce lieu, j'ai davantage parlé de mes romans aux gens qui arrêtaient face à moi. J'ai rencontré une petite dame âgée très drôle, qui avait une belle voix et savait nous intéresser, mon voisin et moi. Terminé à 16 heures. Pour la première fois depuis jeudi, il y avait du soleil et un froid plus printannier qu'hivernal.

 

 

 

En approximativement dix heures de présences, je n'ai vendu que trois romans. Pour comparer : lors des premières années, à Trois-Rivières, 40 à 50 livres écoulés étaient ma norme. La différence est monstrueuse, sans doute due à mon désintérêt, au fait que mes livres coûtent douze dollars de plus et que les gens lisent de moins en moins. À propos de ces trois ventes, je dois dire quelque chose de flatteur : je n'ai fait aucun effort auprès de ces gens : ils sont arrivés, ont pris le livre et voulaient une dédicace. Ils avaient déjà lu des romans antérieurs et je n'avais pas besoin de les convaincre. Une de ces personnes m'a posé des questions sur mes premiers livres, désireux de savoir s'il y en aurait d'autres bientôt. Oui! Monsieur Broquet m'a confirmé, le lundi précédent, qu'il y aurait une autre publication en 2016.

 

 

Pour savoir comment je me sens, lisez l'article suivant.

 

Commentaires

MarioB le 22-03-2016 à 17:08:48
Hmmm... Florentin, c'est un peu plus complexe...
Florentin le 22-03-2016 à 15:48:34
On ne se doute pas, nous les visiteurs de salons du livre, des affres dans lesquelles sont plongés les malheureux auteurs. Le problème, c'est qu'on ose pas aller discuter avec un auteur si on ne lui achète pas son livre, ce qu'on n'a pas forcément toujours envie de faire. Parce que si on va voir tout le monde, bonjour la monnaie !!! ...Florentin
MarioMusique le 21-03-2016 à 19:40:52
J'écris ceci lundi après-midi et je me sens comme un pneu dégonflé...
jakin le 21-03-2016 à 17:55:35
Bonsoir Mario, tout s'explique maintenant ? La fatigue est bien consommée !