Je vous ai déjà parlé du comptoir de madame Fiset, comme je pourrais vous le faire avec le Mille-Feuilles ou vous parler de mon étonnement de rencontrer, en 1998 à La Sarre, un survivant de ces lieux populaires, du nom chic de Chez Lucie. Je m'en voudrais cependant de ne pas vous parler du lieu le plus particulier de cet univers de ces "restaurants" dignes d'une autre époque : Chez Marcel.
Ce qui est bien avec Marcel est que je peux le situer dans le temps : 1973-74. J'en étais alors à ma dernière année de mon cours secondaire et Chez Marcel était situé à dix minutes de marche de l'école. J'avais pris l'habitude d'y manger une ou deux fois par semaine, me mêlant aux ouvriers du garage municipal et peut-être de l'usine située tout près.
Il y avait peu d'espace, chez Marcel : un couloir avec le comptoir et ses bancs tourniquets. Pas de tables. Derrière le comptoir, Marcel et son épouse blonde (qui collectionnait les mentons) évoluaient nerveusement, répondant aux demandes des clients, tout en préparant la bouffe : essentiellement des frites et autres classiques style hot-dogs, hamburgers, steak haché (plein de sauce) et club sandwiches.
Il y avait tant de gens que les consommateurs se sentaient un peu pressés de manger rapidement pour céder leur banc à la personne attendant derrière. Un juke-box gueulait les succès du moment, alors que nous nous délections de ce qui faisait le charme du lieu : Marcel.
Sans doute le début de la cinquantaine, perdant ses cheveux grisonnants, un mégot collé aux lèvres, Marcel était sans cesse en mouvement, parlait comme un niagara de remarques amusantes, sans oublier les blagues. Marcel était aussi un extraordinaire siffleur ! Je me souviens surtout qu'il détestait préparer les club sandwiches et l'ai même entendu dire, à un client ayant commandé ce délice (Voir photo) : "Tu pourrais pas manger autre chose ? Les clubs, c'est compliqué à faire."
L'escapade rigolote chez Marcel n'aura duré le temps d'une seule année scolaire. Je devine cependant que le comptoir était ancien, qu'il avait dû bercer une génération des années 1940 et 1950. Le lieu n'a pas survécu aux années 1970 et, peu de temps après, il n'y avait plus de local. Plus de Marcel, si je me souviens. Mais c'est fou comme je me rappelle de sa voix, des ses sifflements, de sa bonne humeur et de l'odeur de frites graisseuses qu'on pouvait sentir à l'approche du local.
Commentaires
C'est le club sandwiche du jour.
Et voila que Marcel et son club Sandwich est à la première page....Compliments, c'est appétissant et anecdotique....
J'aimais beaucoup ce genre d'endroit populo.
Heureusement, chaque époque a ses lieux particuliers. Ce sont généralement des endroits fréquentés par le bon peuple,
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