Ce texte est déjà apparu sur deux blogues de deux autres plateformes. Je crois qu’il est intéressant de le répéter ici, même si c'est un peu long. Il s’agit de l’histoire de la publication d’un manuscrit. Je l’ai écrit à mesure que les événements se déroulaient. Il s’agit donc d’un carnet de bord de ces étapes, d’un journal intime. Il présente les secrets que la majorité des lecteurs ignorent. Je crois que c'est un document unique !
Acceptation du manuscrit
Mardi le 21 octobre 2008, vers 16 heures 30 : coup de fil de VLB Éditeur, me confirmant que mon manuscrit Le siècle du modernisme a été accepté pour une publication prévue au cours de l’automne 2009. Bien sûr, j’ai sauté de joie ! Mon dernier roman publié date de 2003. Il y aura donc eu un écart de six années entre ces deux livres, cela même si j’avais eu droit à six publications au Québec, ayant vendu 20 000 copies, participé à 37 salons du livre, m’étant prêté au jeu des rencontres avec le public lors de différents événements. Rien n’est facile dans ce milieu, même pour les auteurs ayant vu leurs livres sur les tablettes des librairies.
En toute honnêteté, je dois avouer qu’au cours de cette période, il y a eu deux années où je ne voulais plus rien entendre de tout cela, ne faisant aucune démarche. Un ras-le-bol profond !
Je crois que ce sera une bonne idée de faire partager aux visiteurs de ce blogue les étapes menant à la publication de ce nouveau roman. Vous verrez surtout que c’est lent et qu’il y a beaucoup de travail.
Qui est l’éditeur ?
La maison d’éditions VLB a été fondée en 1976 par l’écrivain Victor-Lévy Beaulieu. L’homme vend son entreprise dans la première moitié de la décennie 1980, mais la maison garde tout de même ses initiales. VLB Éditeur s’associe à deux autres compagnies, L’Hexagone et Typo, pour former le Groupe Ville-Marie Littérature. Ce groupe passe entre les mains du géant de la communication Québécor Média, en 2005.
VLB est certes l’un des éditeurs les plus importants du Québec. On compte à leur catalogue beaucoup de livres à succès, sans doute aidés par les ententes prises avec des magasins à grande surface. Son association avec Québécor permet aux livres d’avoir une place de choix dans les librairies… appartenant à Québécor, tout comme ces ouvrages peuvent compter sur l’appui médiatique des journaux, stations de radio et de télé appartenant à… Québécor ! Bref, je ne mets pas les pieds dans une bagnole de 1972 ! Enfin, la majorité des publications VLB sont distribuées en Europe.
Le manuscrit
Le manuscrit accepté porte comme titre Le siècle du modernisme, mais il y a de fortes chances pour que ce titre soit changé. Il s’agit du sixième roman de ma saga sur la famille Tremblay. Eh oui ! Le tome 6 sera publié avant les cinq autres ! Ce roman a été créé entre le 6 septembre 2002 et le 19 mai 2003. Un texte de 449 pages.
Depuis, le texte a été relu, corrigé, amélioré à plusieurs reprises. Une évaluation réaliste : près de dix fois. Et si vous croyez que c’est termimé… Loin de là! Je vais faire mon rabat-joie moralisateur en m’adressant aux nombreux écrivains en herbe passant par ce blogue et qui veulent être publiés tout de suite après avoir jeté sur la dernière feuille le point final : il faut sans cesse remettre en question, corriger, modifier. Les romanciers prétendant le contraire ne sont que de funestes menteurs vantards.
Le siècle du modernisme pourrait porter l’étiquette de “roman historique”, mais je préfère dire qu’il s’agit d’une comédie se déroulant dans le passé. Il s’agit d’une chronique du quotidien de la vie de Joseph Tremblay, enfant au début du roman, en 1874, et jeune père de famille à la fin du récit, en 1899. Garçon plein de verve, Joseph vit des relations chaleureuses avec son frère Moustache, avec son futur beau-frère Monsieur Trou, parfois tumultueuses mais jamais agressives avec son père Isidore, sans oublier ses dix frères et soeurs et la jeune fille qui deviendra son épouse. Le moteur de la vie de Joseph : le modernisme! En effet, il est fasciné par tout objet neuf, tout progrès rendant la vie agréable. Fier et ambitieux, Joseph arrive tout de même à se mettre les pieds dans les plats à plusieurs reprises.
Le siècle du modernisme est composé d’une suite de courtes histoires d’une vingtaine de pages, une pour chaque année de 1874 à 1899.
Histoire d’une relation
Dès que mon premier éditeur m’eut signifié (par courriel) qu’il ne désirait plus jamais rien lire de ma plume, je m’étais mis en tête d’être publié par un éditeur important, question de lui prouver son grand tort. Avec une autre maison, VLB a fait partie de mon objectif dès 2003.
Ma première relation avec VLB a plutôt eu lieu lors de quelques salons du livre des années précédentes, alors que je partageais la scène pour des entrevues publiques en compagnie de la romancière Pauline Gill, sous contrat chez VLB. Madame Gill vantait cet éditeur, m’avait proposé d’envoyer un manuscrit chez ces gens. Je me souviens que leur directeur avait assisté à une de ces entrevues, me disant que j’avais une belle personnalité publique.
Le premier essai a eu lieu le 20 mai 2003, avec le roman Le Pain de Guillaume. Le grand patron m’avait téléphoné le 13 octobre et nous avions tenu une conversation amicale et amusante. Le refus, avec peu d’explications, était arrivé une année plus tard.
En 2005, alors que je venais de signer un article dans l’importante revue littéraire Nuit Blanche, j’avais de nouveau tenté ma chance chez VLB. Cette fois, le patron m’avait répondu par courriel, expliquant qu’il regrettait un peu son refus de 2003 et qu’il y avait toujours de la place pour des bons auteurs chez lui. J’avais donc envoyé un autre roman: La splendeur des affreux. Aucune réponse !
Têtu, Mario B ! Je fais parvenir à VLB le roman Le siècle du modernisme le 30 mai 2008. Le 21 août, un appel téléphonique confirmait une pré-acceptation de publication, mais il fallait que le texte soit approuvé par un comité de lecture. Le 21 septembre, le roman était accepté, pour une publication promise pour l’automne 2009.
J’ai donc mis cinq années, envoyé trois manuscrits, avant d’atteindre mon objectif.
Maintenant, il y a du travail…
Première étape
Lors de notre conversation téléphonique du 21 septembre 2008, il a tout de suite été question de modifications, afin de répondre aux critiques du comité de lecture. Quatre points ont été évoqués.
Changer les titres des chapitres, qui, dit-on, manquent d’unité. J’ai suggéré de les remplacer par des citations extraites des chapitres. Accepté.
Revoir le personnage du quêteux Gros Nez. En premier lieu, on m’a suggéré de changer son surnom, jugé trop bouffon. La chose serait difficile car le même personnage apparait sous ce nom dans le roman publié Petit Train du Bonheur. Quelques milliers de lecteurs et de lectrices ont donc connu mon quêteux sous ce nom. Mais j’ai promis d’atténuer l’utilisation du sobriquet.
On m’a signalé que lors de certains dialogues, il est difficile de discerner avec qui Joseph parle. Je devrai me pencher sur cet aspect.
On m’a demandé d’éviter les redondances lorsqu’il est question des différents emplois tenus par Joseph.
Bref, je dois relire et corriger entièrement le roman une autre fois afin de répondre aux demandes de l’éditeur. La onzième ? Douzième ? J’ai donc entrepris ce travail le jour même de l’appel téléphonique. Une tâche qui durera autour de six semaines. J’ai promis la nouvelle version pour décembre. Cette fois, je pourrai faire parvenir le texte par courriel.
Notez qu’il n’a pas encore été question des maladresses syntaxiques qui ont pu survivre à mes nombreuses corrections…
On m’a aussi demandé d’envoyer des données techniques me concernant (Lieu et date de naissance, numéro d’assurance sociale, etc) dans le but de me faire parvenir un contrat.
14 décembre 2008 : Fin de la première étape
J’avais promis pour décembre une copie corrigée du manuscrit, suivant les recommandations du comité de lecture. Il s’agissait surtout de montrer ma bonne volonté, fort sincère, il va de soi ! Donc, cette relecture m’a pris près de deux mois, cela avec une parenthèse d’une semaine où mon ordinateur a fait face à de très graves problèmes. La relecture s’est faite avec beaucoup de concentration. Une des recommendations m’a causé certains soucis, mais j’ai pu faire en sorte d’y arriver. J’ai terminé le dimanche 14 décembre 2008 et envoyé une note à l’éditeur, disant que je ferai parvenir le document dès qu’ils me feront signe. Comme ces gens ont beaucoup de travail avec les livres qui seront publiés au début de 2009, on m’a demandé d’envoyer le manuscrit en janvier. Donc, une petite pause dans le processus ! D’autant plus que je sais que ce manuscrit sera revu là-bas et qu’il faudra nécessairement que j’y retourne au moins deux fois, sinon trois.
C’est avec une grande fierté que j’ai dit à plusieurs personnes qu’un de mes romans serait publié chez VLB. Les “vieux fans” de l’époque des autres romans étaient fort contents ! Souvent, on m’a dit que j’étais chanceux. Non : aucune chance ! Beaucoup, beaucoup de travail… Aucun coup de baguette magique : hop! voilà un roman! Du travail…
Début de la deuxième étape ?
Mardi le 10 mars 2009 : courriel de l’éditeur, demandant la “copie finale” du manuscrit, que j’ai pourtant envoyé au début de janvier. Fichier perdu ? Qu’importe! Je suis à vos ordres, madame Barathon ! Elle me signale que cette copie sera lue par une personne ayant comme mission de trouver des anachronismes dans ce récit du passé. Ce travail terminé, elle se penchera de nouveau sur le manuscrit. Ces deux étapes franchies, il y aura sûrement un message me demandant des modifications. Quoi qu’il en soit, ceci marque le début d’une deuxième étape. Je n’ai cependant toujours pas reçu mon contrat.
Oups…
Jeudi le 9 avril 2009. Courriel de Marie-Pierre Barathon. Une personne chez VLB a trouvé un anachronisme dans mon manuscrit. Une faute qui devient importante, puisqu’elle implique le titre du roman. Le mot Modernisme, tel qu’utilisé de nos jours, n’avait pas le même sens à l’époque où se déroule mon récit, ou du moins, il n’était pas d’usage courant. Or, le mot apparaît 82 fois dans le manuscrit ! Voilà une erreur que je dois corriger. Synonymes et synonymes ou, plus simplement, diminuer la fréquence d’utilisation. Pour votre information, on disait alors Modernité. Je ne sais trop si un roman s’intitulant Le siècle de la modernité soit une bonne idée…
Jeudi 30 avril 2009 : Un titre
Des nouvelles fraîches du travail accompli par l’équipe VLB au cours des dernières semaines. Marie-Pierre Barathon m’a informé qu’il y a relativement peu de fautes dans mon manuscrit et que le moment venu, les gens de la maison s’occuperaient de cette question, après m’avoir consulté. L’appel servait principalement à décider d’un titre pour le roman. À ma grande surprise, et malgré les remarques apportées à propos du mot Modernisme, le titre va demeurer celui que j’ai choisi : Le sìècle du modernisme. De plus, elle m’a informé que le texte serait confié au graphiste afin de décider d’une page couverture. Quand elle m’a parlé de ce sujet, je me suis senti transporté ! J’ai apporté poliment une suggestion : j’aimerais voir un jeune couple sur la page couverture. Enfin, mon contrat devrait m’arriver sous peu, par courriel.
Jeudi 7 mai 2009 : d’autres nouvelles
Deux courriels de Marie-Pierre Barathon, l’un me demandant des photographies de moi-même et l’autre me proposant un texte du résumé du roman, pour mettre à l’endos. Ce petit texte, résumant le livre, citant ses qualités, tout en parlant de l’auteur, est très, très important! C’est la première chose que les acheteurs potentiels regardent. Je l’ai souvent constaté, lors des salons du livre : les gens mettaient la main sur mes romans et lisaient tout de suite ces propos, et leur jugement était établi à la fin de cette minute! Ce que m’a proposé madame Barathon est très bien! J’ai suggéré quelques légères modifications, comme indiquer la présence d’un personnage féminin. J’ai profité de cette journée pour envoyer chez VLB le manuscrit du roman En attendant Joseph.
Semaine du 11 mai 2009 :
Au cours de cette semaine, j’ai eu beaucoup de relations avec Marie-Pierre Barathon. En premier lieu, après une réunion de l’éditeur avec le distributeur, les représentants commerciaux et les responsables de la promotion, ces bonnes gens ont décidé que le titre Le siècle du modernisme n’allait pas pour intéresser la clientèle. Cependant, trois jours plus tard, madame Barathon m’a appris que mon titre pourrait demeurer. À la fin de la semaine, cette question n’avait pas été réglée. En second lieu, la correctrice de VLB a remis son travail. Elle a trouvé quelques faits qu’un auteur ne voit parfois pas. Par exemple, une soeur du personnage Marguerite, citée dans le roman, n’apparaît pas lorsque Marguerite nomme pour la première fois les membres de sa famille à Joseph. Il faut faire une lecture très attentive et sans doute prendre beaucoup de notes pour se rendre compte d’une telle erreur! Cette personne, dont je ne sais pas le nom, a accompli un travail très professionnel! Certaines erreurs, d’ordre syntaxique et grammatical, ne m’ont pas été signalées par Marie-Pierre Barathon, qui s’occupera de ces transformations mineures. Par contre, pour certaines questions, je dois apporter de légers changements, que madame Barathon m’a communiqués lors de longues conversations téléphoniques du jeudi et du vendredi. Enfin, il semble que le roman sera sur le marché à la dernière semaine d’août et j’ai enfin reçu mon contrat.
Contrat d’édition
J’ai reçu mon contrat vendredi le 15 mai 2009. Je l’attendais depuis lontemps! J’avais préalablement reçu, par courriel, une copie de ce contrat pour le consulter. Un contrat d’édition est un document technique d’une dizaine de pages, expliquant l’implication de l’auteur et de l’éditeur dans le processus de mise en marché et de promotion d’un livre. Je ne vous ferai pas une anaylse d’un tel texte, assez aride à lire. Le contrat offert par VLB est du même type que ceux que je signais avec l’autre éditeur, sauf dans le cas de deux clauses, l’une concernant le droit de regard de cette compagnie sur mes futures créations et l’autre sur l’augmentation du droit d’auteur selon certains chiffres de vente. Je vais brièvement vous entretenir de deux sujets qui pourraient vous étonner.
D’abord, le fameux droit d’auteur! Si je demande à des gens de quoi il s’agit, on me répond toutes sortes de trucs, mais pas du tout la réalité. Il semble que dans l’imagination populaire, le droit d’auteur soit quelque chose d’imprécis et de pourtant merveilleux. Un droit d’auteur est un pourcentage en argent accordé à un auteur sur la vente d’un volume. Dans mon cas, et dans celui de la majorité des auteurs du Québec, ce chiffre est de 10 %. Quoi ? D’autres personnes se partagent 90 % de la vente d’un livre et l’auteur est celui qui touche le moins ? Exact! Ces gens sont : le libraire (ou le lieu où le livre est vendu), le distributeur et l’éditeur. Bref, si mon livre se vend 25 dollars, je touche 2.50 dollars à chaque exemplaire. Il faut en vendre beaucoup avant de “vivre de sa plume”, réalité qui ne touche que très peu d’auteurs, au Québec.
Second point : quand je signe le contrat, le texte du livre ne m’appartient plus. Je le cède à l’éditeur, qui, en retour, mettra tout en oeuvre pour le vendre, le faire connaitre. L’éditeur a le droit de vendre le texte à des tiers (par exemple, un organisme comme Québec Loisirs), de le publier sous la forme qu’il le désire (feuilleton dans un journal, livre de poche, etc.) sans que je n’aie mon mot à dire. Soyons franc : si quelque chose de semblable arrive, je suis averti et je peux discuter, comme cela m’était arrivé en 1998 et 1999 dans le cas de deux de mes romans publiés en feuilletons dans un journal de Trois-Rivières. Je reprends le droit sur mon texte dans le cas de mévente, mettant fin au contrat. Si vous avez des questions, laissez un commentaire et il me fera plaisir de m’entretenir avec vous.
18 au 26 mai 2009
Par téléphone, Marie-Pierre Barathon et moi avons poursuivi la correction du manuscrit. Parmi les nouvelles apparues au cours de cette période : le titre du roman devient Ce sera formidable ! J’ai d’ailleurs attendu la confirmation de ce titre avant d’envoyer le contrat signé (le 26 mai) car il fallait l’écrire sur le document. Il a aussi question de la page couverture, sur laquelle pourrait apparaître un traversier de Trois-Rivières, déniché sur une photo ou une carte-postale ancienne et qui serait modifiée informatiquement.
Semaine du 1 juin 2009
Mardi le 2 juin, j’ai reçu le roman sous forme d’épreuve temporaire. Ceci me permet de savoir que le livre aura 484 pages. Sur mon document informatique, il en avait 449. J’ai jusqu’à lundi prochain pour relire entièrement le roman et apporter mes dernières modifications. Chez VLB, une autre personne fait la même chose, et il y aura une dernière lecture de leur part, suite à mes recommandations et à celles de cette personne. Je croyais que ce travail serait quelque chose de facile et d’agréable. Erreur! J’ai trouvé des coquilles et quelques passages méritant l’ajout de mots plus précis. Ma déception et mon interrogration : je ne comprends pas pourquoi le mot Monsieur est disparu du livre, remplacé par M. Je n’aime pas du tout cette idée. Il faudra discuter de ce problème la semaine prochaine…
Mardi le 9 juin 2009
La lecture avec la prise de note pour des modifications s’est déroulée intensément… Quelle besogne! Il y avait beaucoup de coquilles, sans doute dues à la mise en page temporaire. De ma part : autour de 25 modifications, très souvent pour remplacer quelques mots. Lors d’une conversation téléphonique de ce mardi 9 juin, Marie-Pierre Barathon m’a dit qu’il n’y aurait pas de problèmes pour remettre les Monsieur à la place des abbréviations. Elle s’est aussi réservée la joie d’entendre ma réaction en voyant la page couverture du roman pour la première fois. Il est arrivé dans ma boîte informatique pendant que nous conversions. Je crois qu’elle a été servie! C’est superbe! C’est toujours un grand moment émouvant, car pour la première fois, le manuscrit quitte la forme papier pour, en quelque sorte, se donner un visage.
Mardi le 16 juin 2009
Un appel téléphonique de Marie-Pierre Barathon afin de me consulter pour deux corrections mineures. Les dernières! Elle m’a aussi appris que le signet avait été préparé. Un peu avant, j’avais reçu l’endos du roman, avec le texte de présentation et la photographie. Le manuscrit partira chez l’imprimeur la semaine prochaine. En guise d’au revoir, elle m’a dit : “À bientôt, en août!” Il ne reste qu’à attendre.
Mardi le 30 juin 2009
Une personne m’a signalé la présence du roman sur le site Internet d’Amazon. Considérant qu’il est chez l’imprimeur, c’est plutôt étonnant ! Curieux, je me rends voir : roman disponible en pré-vente ! Ça ne m’était jamais arrivé avant !
Lundi le 13 juillet 2009
Coup de fil d’une femme d’une agence de promotion, engagée par VLB Éditeur pour faire connaître le roman. Elle désirait me poser quelques questions. J’apprends que le roman sera distribué aux médias à la mi-août et qu’une offensive sera menée auprès de ces gens au début de septembre. Deux jours plus tard, une entrevue était déjà à mon horaire, pour le dernier vendredi d’août. Quelle efficacité!
Mardi le 4 août 2009
Je reçois le communiqué de presse et y apprend que le roman sera disponible sur le marché le 18 août. Fébrilité!
Jeudi le 13 août 2009
À 9.45 AM, je reçois mes copies personnelles du roman. Toujours un moment fantastique, surtout quand il ne s’est pas produit depuis six années! Je dépose tout de suite le premier roman que je touche dans un sac étanche et scellé solidement, puis le place dans mes archives. Je regarde le second, le feuillette, étonné de penser que tous ces mots sont les miens. De plus : je respire le livre! Ne rigolez pas : un bouquin sortant d’une imprimerie a une odeur merveilleuse!
Et dire que tout ceci est arrivé sans que jamais je ne rencontre les gens de VLB… L’aventure va se poursuivre!
Et c’est reparti !
Comme prévu, le roman a été commercialisé mardi le 18 août 2009. À partir de cet instant, le livre devient un peu à tout le monde et je dois l’assumer face au public.
Le 20 août, il y a eu une première promotion, une entrevue téléphonique pour la radio de Radio-Canada, à Trois-Rivières.
Le 22 août, une photo du livre et le communiqué de presse apparaissent dans le Journal de Montréal/Journal de Québec.
Le 1 septembre : passage à l’émission de télé La vie en Mauricie, de CHEM, et reproduction du communiqué de presse dans l’Hebdo-Journal de Trois-Rivières.
4 septembre : entrevue pour une station de radio de Sorel.
5 septembre : je fais la “une” du supplément Art & Spectacles du journal Le Nouvelliste de Trois-Rivières, avec l’article vedette (une page complète) en plus de la reproduction du communiqué de presse trois pages plus loin.
5 septembre : Pour une seconde fois, la page couverture est montrée et le roman très brièvement commenté dans le Journal de Montréal & Journal de Québec.
2o septembre : Rencontre publique à la librairie Clément Morin de Trois-Rivières, animée par Patricia Powers.
11 octobre : roman présenté dans le journal Le Soleil, de Québec.
14 octobre : Roman cité dans la publication La Revue, de l’Outaouais.
Début novembre : critique favorable dans l’importante revue Le Libraire.
21 novembre : on m’affirme que l’animateur vedette de la radio de Radio-Canada Joël Lebigot aurait recommandé le roman dans son émission.
20 et 22 novembre : participation au salon du livre de Montréal.
25 au 28 mars 2010 : participation au salon du livre de Trois-Rivières. Entre ce salon et le précédent, à Montréal, il ne s’est rien passé concernant le livre, ce qui me semble plutôt décevant…
En mai 2010, je participe avec joie au salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue, à Val d’Or.
Au cours de l’été, on m’indique que le roman sera bientôt disponible en format informatique.
Cul-de-sac…
En septembre 2010, les chiffres de vente me parviennent (ainsi que ma paie.) Le roman a vendu un peu plus que mes autres publications. Donc : mon meilleur succès en librairie. Cependant, ce chiffre n’atteint pas la moitié des copies imprimées par l’éditeur. Conséquemment, en novembre 2010, VLB m’annonce que le roman serait soldé à rabais. J’ai suggéré une autre avenue, mais on ne m’a jamais répondu. De plus, l’éditeur n’a pas tenu sa promesse de se pencher sur mes manuscrits afin de commercialiser un second roman pour le printemps 2011. VLB avait entre les mains pas moins de cinq de mes manuscrits. Quand un auteur se sent tant indésiré, il n’y a qu’une alternative : chercher une autre niche. Des démarches sont entreprises en janvier 2011. C’est profondément frustrant d’avoir eu sept romans sur le marché et de sans cesse recommencer à zéro.
Fin mars 2011 : je participe au salon du livre de Trois-Rivières, sans que l’éditeur me l’ait suggéré.
Septembre 2012 : Je me rends compte que le roman est en solde à très bas prix. Depuis quand ? On ne m'a jamais averti.
Septembre 2012 : Je reçois le chèque de droit d'auteur. À peine 42 livres se sont vendus en une année.
7 novembre 2012 : Je reçois une lettre cofirmant le pillonage prochain des invendus, ce qui met fin à mon contrat avec cet éditeur. 2,500 copies seront détruites en décembre.
Fin
Commentaires
Tu prends un chemin difficile, en cherchant ce qui n'existe plus, alors que trois de mes livres sont sur le marché, supérieurs à ce que je faisais lors de ma première phase. Merci tout de même.
J'ai envie de reproduire ici ce que j'avais écrit sur un autre de tes sites anciens. " Je ne sais pas si tu vas recevoir et lire ce message mais je voulais tout simplement te dire que le métier d'écrivain était un sport cruel... J'en avais presque les larmes aux yeux en lisant l'histoire d'une publication. Merci du partage et bon courage dans le futur. Bonne fin de journée et bonne semaine ".
musicalementd
P.S. Si Postes Canada fait bien son travail je devrais être l'heureux propriétaire de tes trois premiers romans sous peu. (À l'exclusion de " Tremblay et Fils " qui était beaucoup trop dispendieux pour mes moyens).
Écrire un livre, c'est bien. Ce qu'il devient entre les mains d'un éditeur est plus que souvent blessant.
Ouf, c'est pas demain la veille que je vais écrire un livre....
Ce qu'on touche est en grand partie repris par le gouvernement du Québec. Le droit d'auteur, c'est un synonyme du mot Bénévolat.
Bonjour Mario
j'ai lu ton texte avec attention, franchement il y a de quoi perdre courage, en plus pour toucher des clopibettes
bonne journée
René
Il y a des choses qui ne sont pas évoquées, dans cet article.
Je n'ai rencontré l'éditeur et son assistante que brièvement, au salon du livre de Montréal, et les deux m'avaient affirmé que j'étais avec eux pour longtemps.
Il y a aussi eu le fait que le premier a pris sa retraite et la seconde a été congédiée. J'imagine que la nouvelle personne en place doit faire sa marque et donner un coup de plumeau pour se faire remarquer.
Ceci a été très blessant... Ce roman est, de mes onze, celui qui a été le moins longtemps sur le marché.
Salut Mario. J'ai lu ton texte. Avec intérêt et curiosité. Quel parcours du combattant ! Je ne suis pas sûr que ça se passe ainsi en France, mais ça doit y ressembler. J'ai eu un temps, il y a longtemps, au moment où je faisais un peu de journalisme, envie d'écrire et donc de publier. Je mesure aujourd'hui combien j'ai bien fait de ne ps le faire. Le problème, c'est que je ne saurais jamais si l'étais le génial que tout le monde attendait !!!!