La photo a été prise le dimanche, dernière journée du salon. J'ai l'air défait... Je venais de passer quatre jours sur un banc, face à ce petit espace. Le bilan des ventes m'a déçu : 17 romans. C'est le résultat le plus moche de mes huits participations au salon de l'Abitibi-Témiscamingue.
Quelques jours plus tard, j'ai pu expliquer le phénomène. Quand j'ai débuté cette aventure, en 1998, je l'ai fait avec un grand enthousiasme, croyant au leurre qu'un jour je deviendrais un romancier populaire. Dès 2001, j'avais éliminé de mon parcous les salons aux ventes trop faibles. J'avoue qu'à partir de 2002 : ras-le-bol des salons. Ça ne m'amusait plus.
Cependant, me rendre en Abitibi me plaisait encore, à cause du dépaysment, des gens si chaleureux. Avec mon premier éditeur, il y avait Michèle, la représentante commerciale, très dynamique, qui m'encourageait sans cesse. Cependant, à Val d'Or 2010, je n'avais pas de Michèle pour me masser les épaules. J'ai ressenti de la lassitude, quittais souvent mon coin. Je me suis tout simplement montré moins disponible face au public, d'où ces seules 17 ventes, alors qu'avec Michèle, c'était toujours 40 et plus. Je crois aussi que le ras-le-bol face à ces événements ne m'avait pas quitté.
Cependant, je ne regrette pas d'avoir fait ce voyage. En 2004, alors que je n'avais plus d'éditeur et que je m'étais présenté grâce au concours d'une amie, me prêtant un bout de son stand, j'avais eu un immense chagrin à la fermeture, croyant que je ne vivrais plus jamais un salon de l'Abitibi. Quand j'ai décroché ce contrat avec VLB en 2008, ma première pensée avait été : je vais retourner là-bas.
Je m'en voudrais de ne pas raconter l'anecdote par excellence de ce salon. Le vendredi, il y avait un homme âgé qui se baladait sans cesse dans mon secteur, parlant à tout le monde, pour raconter des blagues idiotes. Nul doute que monsieur accompagnait madame et qu'il avait hâte de ficher le camp. Vers la fin de l'après-midi, il me dit qu'il s'en allait écouter le reportage avec Raôul Duguay. Il revient un peu plus tard pour me dire que c'était intéressant, mais qu'il y avait une femme, devant lui, qui puait le parfum. "J'ai l'odorat très sensible" qu'il m'avoue. "C'est comme ces maudits fumeurs. Je les sens de loin." Moi : "Ah oui, terrible, les fumeurs." Lui : "Terribles ? Ce sont des empoisonneurs qui puent. Je les sens des kilomètres à la ronde." Alors, j'ai sorti mon paquet de cigarettes, en ai porté une à mes lèvres et n'ai rien dit, en le regardant rougir des orteils jusqu'aux oreilles. Il s'est éloigné sans rien ajouter.
Commentaires
Je dirais que c'est du cynisme bien placé.
La chose m'était arrivée une autre fois, peu avant, sous une autre forme.
Mario, tu es un tantinet provocateur..!