Avec mon premier éditeur, il y avait une règle d'or : vendre des livres lors d'un salon était primordial pour se faire connaître. J'y ai cru. Avec le temps, je me suis rendu compte que c'était faux. Cette insistance de sa part m'est cependant demeurée dans l'esprit et j'ai du mal à m'en défaire, même aujourd'hui.
Certains auteurs faisaient de la sollicitation tapageuse et j'aurais voulu me voir très loin. Par contre, un petit truc conseillé par l'éditeur et qui fonctionnait : avancer un livre sur le rebord de la table, comme s'il était sur le point de tomber. Sept fois sur dix, les gens passant tout près vont le replacer, ce qui donne une chance à l'auteur de leur parler.
Voici un homme et une femme qui lisent le résumé de Ce sera formidable. Ne surtout pas les interrompre, mais regarder dans leur direction. Quand ils déposent le roman, vous dites : "Si cela vous intéresse, je peux vous en parler. Je suis l'auteur." Par contre, j'ai dû interrompre ce duo pour prendre la photo !
Comme vous le verrez sur d'autres photos, le libraire avait déposé deux rangées de mon roman sur un présentoir tout près de ma table. Le nombre faisait en sorte que plusieurs personnes arrêtaient. Cependant, j'ai vécu avec ceci une frustration : des gens jetaient un coup d'oeil, puis se penchaient vers les livres de la rangée du bas, où il y avait des jacquettes cul-cul-romantique.
Ne souriez pas ! En une quarantaine de salons du livre, je vous assure que ce type de dessins attire une grande partie du public féminin. J'avais d'ailleurs demandé une illustration semblable, mais l'éditeur avait jugé que cela ne représentait pas mon roman. Parlons-en, tiens, de la représentation du roman. Beaucoup de personnes croient que l'illustration ou la photo représente le contenu du roman. S'ils voient un chien, ils pensent que c'est une histoire de cabots. Sur mon roman, il y avait un bateau. Alors, je leur disais : "Non, monsieur, ce n'est pas une histoire de bateaux." Eux, du moins 8 fois sur 10 : "Non ? Qu'est-ce que c'est, alors ?"
Vendre des livres, ce n'est pas facile ! D'abord, c'est coûteux et les gens n'ont d'argent que pour un à trois livres. Pourquoi choisir le mien alors qu'il y en a des milliers dans le salon ? Il faut des bons arguments, attirer la sympathie. Très difficile !
Commentaires
J'aurais cent anecdotes à raconter sur ce sujet...
Souvent, les gens me disaient : "C'est vous, tel personnage, n'est-ce pas ?" sans jamais nommer celui qui me ressemblait le plus. Comme si c'était une obligation de transposer son propre soi-même dans des personnages !
Mario, écrire un livre est un acte compliqué, on y laisse parfois une partie de sois-même, alors positive....dans le monde d'aujourd'hui, il faut vendre un livre comme on vend un voyage dans le mystère.... parfois sans retour !