La télé couleur est apparue en 1966, au Québec. Dès l'année suivante, mon père se procurait un appareil, même s'ils étaient coûteux et que la plupart des émissions étaient toujours diffusées en noir et blanc.
Les plus jeunes seront étonnés de l'apprendre : une télé couleur de 1967, ce n'était pas tout à fait comme aujourd'hui. Il fallait ajuster les coloris. Si, si : il y avait un petit panneau avec des boutons à tourner selon les couleurs de base. Par exemple, une femme à l'écran pouvait porter une robe verte très vive et avoir un visage particulièrement pâle. C'était laid et il fallait alors ajuster. Parlant d'ajustement, il n'y avait pas de normes d'une chaîne à l'autre. Si vous aviez satisfaction lors d'une émission et que vous changiez de chaîne, c'était à recommencer. Les pires cas étaient les vieux films couleur. Affreux !
Mon père n'avait aucune patience et tournait tous les boutons sans réfléchir, si bien que nous pouvions voir un magnifique voilier blanc voguant sur un océan très turquoise fluo. L'automne venu, j'avais hâte de voir le hockey en belles couleurs. Bien sûr, nous savions que l'uniforme du Toronto était bleu, celui du Détroit rouge et que les joueurs de Montréal étaient vêtus de ces deux coloris. Sauf qu'en 1967-68, la Ligue Nationale de hockey accueillait six nouvelles formations et je ne savais pas trop quelles étaient leurs couleurs. Ainsi, pendant plusieurs mois, j'ai cru que Philadelphie portait le rouge, alors que plus tard, dans une revue, j'ai vu qu'ils étaient orangés.
Mon père a dû boxer ce téléviseur pendant deux années et quand, enfin, des appareils sans ce bidule furent disponibles, il en a acheté un et a descendu le modèle 1967 dans notre salle de loisirs. Il a été là pendant quelques années, car je me souviens qu'avec mes copains, on fumait quelques bons pétards dodus, on lançait un disque de Black Sabbath, puis on regardait un vieux film sans le son en changeant volontairement les couleurs. Voir un cow-boy avec un visage mauve et un cheval rouge était trippatif, très psychédélique. Une fois, mon père, revenant au milieu de la nuit de je ne sais où, nous avait surpris. Il avait gardé silence, avant de nous dire : "Ne brisez pas ma télé, les p'tit gars."
L'illustration : ce papillon coloré était le symbole de la télé d'État dès l'apparition d'une programmation en couleurs.
Commentaires
C'est maintenant le contenant qui se vide, tout en belles couleurs !
Salut l'ami ! Jai aussi connu la télé au temps où il fallait régler les couleurs. Mais, je ne me souvens pas, effectivment, que l'affaire ait duré longtemps. Les couleurs ont été assez rapidement pré-réglées, mais elles étaient vies et contrastées. Un peu comme le technicolor des orignes. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus nuancé et plus conforme aux réalités. Le progrès a été drôlement rapide ...