Les draveurs n'étaient pas des bûcherons, mais il arrivait que certains de ces derniers travaillaient aussi à la drave. C'était davantage payé, mais beaucoup plus dangereux. Il arrivait souvent que des draveurs perdent la vie, surtout par noyade.
D'abord, l'origine du mot. De nouveau, une déformation d'un terme anglais : Driver, celui qui mène. Les billes de bois préparées par les bûcherons pendant un hiver étaient déposées sur le bord d'une rivière ou d'un lac, ou jetées sur le cours d'eau gelé. Quand le dégel se faisait sentir en avril arrivaient les draveurs, qui travailleront jusqu'en juillet.
Vous croyez que ces billes de bois allaient tout gentiment voguer vers le Saint-Maurice et se rendre jusqu'aux scieries ou près des usines de pâtes et papier de Grand-Mère, Shawinigan et Trois-Rivières ? Nenni ! Une rivière, c'est capricieux. Parfois, c'est profond et un peu plus loin pas du tout. Il y a des remous, des chutes et nos bonnes pitounes avaient tendance à s'échouer sur les berges. Le travail des draveurs consistait à ce que tout arrive à bon port.
Rappelons que si la rivière Saint-Maurice était l'autoroute de nos pitounes, il n'y avait pas de camp de bûcherons le long de ses rives. Ils étaient établis sur ses affluents. Les draveurs, à l'aide de perches, devaient les mener vers la rivière Saint-Maurice. Quand le courant était faible, ces hommes marchaient sur les billes de bois afin de les pousser. Parfois, il y avait des embâcles, comme sur la photo. De quelle façon tout remettre en ordre ? À la dynamite ! Un homme tenait les bâtons, allumait la mèche, puis fichait le camp à toute vitesse, courant sur les billes. Vous verrez une scène semblable dans le film de l'ONF que je vous propose, dans le dernier article de cette série.
Une fois sur le Saint-Maurice, les pitounes avaient leurs humeurs capricieuses et les draveurs devaient les remettre à l'ordre, pour qu'elles voguent entre les estacades. Ils avaient aussi comme mission de les placer dans les glissoires afin qu'elles ne se perdent pas loin de la rivière, lors du grand saut. Les draveurs accompagnaient les billes de bois et vivaient sous la tente.
Quand ces tâches dangereuses étaient terminées, les draveurs remontaient la rivière pour trouver des égarées, nettoyer les rebords des estacades et les glissoires. Ce métier est disparu quand le flottage du bois a été interdit par le gouvernement, au cours des années 1970.
LE FICHIER AUDIO : La drave, par Félix Leclerc (1957) Félix décrit très bien le travail difficile des draveurs. Cette chanson sera utilisée dans le film recommandé.
Commentaires
Oui, en effet. Si tu montes vers les régions du nord, comme l'Abitibi, les Laurentides, le Lac St-Jean, les billes sont transportées par d'énormes camions et tu en croises souvent, sur la route.
Salut Mario, lors d'un séjour au Québec, dans la ville du même nom, j'ai vu passer de longs convois de troncs d'arbres sur le Saint Laurent, tiré par des bateaux.....