Avant de vous entretenir du campement, il sera question de la façon dont les hommes devaient s'y rendre. Au début (1850), cela causait un grand problème, car il n'y avait pas de route entre Trois-Rivières et les camps. La première façon a été la navigation, sur des chalands, avec les hommes, les animaux et le matériel. Pas qu'une mince affaire, car il fallait que le chaland avance à contre-courant. Ajoutons des chutes et des remous et vous aviez une aventure éprouvante.
Peu à peu, des chemins près des berges de la rivière ont été tracés, mais ensevelis par la neige au cours de l'hiver, boueux au printemps. Le train est arrivé au village des Piles au cours de la décennie 1880 : moins de la moitié du parcours. Une route davantage dans la norme est apparue dans la première moitié du 20e siècle, pour rejoindre La Tuque, la ville la plus au nord et la plus près pour desservir les bûcherons.
Le campement était une cabane en bois-ronds (Première photo). Au 19e siècle, ce lieu portait le nom de Cambuse. Il y avait un foyer central, où le cuisinier préparait les repas. Le long des murs : des couchettes, qui étaient avant tout des paillasses, avec des branches de sapin en guise de matelas. Ces "lits" étaient superposés, inconfortables, posés près du froid extérieur. Je vous signale que les chevaux habitaient aussi la cambuse ! Peu à peu, le cuisinier aura sa propre cabane, où les hommes prenaient leurs repas, alors qu'une autre était destinée aux travailleurs.
Un mot sur l'hygiène. Aucune préoccupation des compagnies pour cet aspect ! Les accidents étaient traités à la sauvette et il est arrivé que des bûcherons meurent des suites d'une blessure. Une part du folklore : nos courageux étaient plein de poux, car ils n'avaient à peu près rien pour se laver.
Tout ceci s'est amélioré avec les années, mais ces cabanes n'ont jamais été des lieux de confort. La seconde photo date des années 1940 et vous pouvez constater que c'était primitif. On voit les couchettes superposées, ainsi que quelques bûcherons.
LE FICHIER AUDIO : Noël au camp, par Tex Lecor. (I968) Un monologue classique où Tex se met dans la peau d'un "gars de bois" de 18 ans, obligé de passer Noël dans le camp de bûcheron (où il y a la radio, tout de même!) Il a la nostalgie des fêtes passées dans sa famille. Une entorse au règlement : notre homme a bû un peu d'alcool, alors que c'était interdit.
Commentaires
Merci pour cet encouragement.
Bonsoir Mario, passionnant toutes ses histoires sur les bucherons...des hommes au caractère bien trempé, mais avaient-ils le choix ?