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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 13-07-2016 à 05:32:05

Iroquoisie, Tome 1

 

 

Iroquoisie est une recherche qui a duré une vingtaine d'années, de la part de Léo-Paul Desrosiers, romancier. Comme beaucoup de passionnés d'Histoire, l'homme n'avait pas de formation d'historien, d'où l'aspect un peu épars qu'on croise dans les quatre tomes. Seul ce premier tome a été publié, en 1947. Le second volume était prêt au cours de la décennie 1950, mais seuls quelques fragments ont été croisés dans des revues. Aucun éditeur ne voulait de ce livre. Pourquoi ?

Les livres d'Histoire de ce temps étaient avant tout des ouvrages propagandistes. Or, l'approche de Desrosiers ne tombait pas dans ce panneau, d'où l'aspect avant-gardiste de sa recherche. L'homme présentait des peuples amérindiens une image quelque peu inédite, souvent remplie de respect pour les cultures en cause. Par contre, quand il y avait des conneries, il le disait. Je me souviens de ce passage d'un tome subséquent où il dit, à mots voilés, qu'un certain gouverneur de la Nouvelle-France était un idiot.

Malgré les épreuves injustes, Desrosiers a complété cette fresque immense, mais il est décédé en 1967, sans avoir vu les trois derniers livres publiés. Ils ne le seront qu'en 1999, par la maison Septentrion, ayant trouvé les 2000 pages inédites, écrites à la main. Des retouches seront apportées, des précisions aussi. La recherche de Desrosiers était phénoménale : il s'est servi de tout ce qu'il a pu trouver, dont des documents provenant de Hollande (N'oublions pas que ce pays a eu une colonie en Amérique, au 17e siècle.)

Ce que l'on nomme Iroquois était en réalité cinq peuples ayant en commun une langue, une culture, et qui habitaient la partie sud et américaine du fleuve Saint-Laurent, entre l'actuel État de New York et Niagara. Le peuple en cause avec la Nouvelle-France a surtout été les Agniers. Le premier tome nous situe des découvertes de Jacques Cartier (1534) jusqu'à 1652. Quand Cartier arrive, les peuples iroquois habitent le Québec. La donnée change avec Champlain, au début du siècle suivant, alors que les Iroquois ont été refoulés vers le territoire que je viens de nommer par les Hurons et les Algonquins. Comme Champlain crée des alliances avec ces deux derniers peuples, les Iroquois ont tout de suite réalisé que ces européens étaient des ennemis.

Il y a cependant des nuances : les produits apportés par les Européens intéressaient les Iroquois, qui troquent en premier lieu avec les Hollandais, jusqu'à ce que ceux-ci baissent les prix. Il y a des tentatives de paix avec les Français, mais leur haine pour les Hurons et Algonquins semblait plus puissante que la raison. Je souligne qu'aucun Français n'a été tué par les Agniers avant 1652. Ce qui les intéressait, c'était exterminer leurs deux ennemis, pour avoir un territoire plus riche en pelleteries et, en quelque sorte, devenir maîtres de tous les peuples amérindiens.

 

 

 

Tout ceci est un peu complexe à résumer, mais fascinant à lire. Je termine par deux erreurs des Français : le désintérêt de la Couronne face à ce qui se passait dans leur colonie "sauvage" d'Amérique, puis l'arrivée des religieux, désireux de convertir les Hurons et Algonquins. Ces hommes de robe ont surtout apporté des épidémies qui ont détruit la puissante Huronie.

 

 

 

Comme extrait, voici le témoignage d'une femme huronne, prisonnière des Agniers, et dont les paroles ont été recueillies par des Hollandais.

 

Ils (Les Jésuites) se sont logés dans un tel village où tout le monde se portait bien ; sitôt qu'ils s'y sont établis, tout y est mort à la réserve de trois ou quatre personnes. Ils ont changé de lieu et il en est arrivé de même. Ils sont allés visiter les cabanes des autres bourgs, et il n'y a que celles où ils ne sont point entrés qui aient été exemptes de la mortalité et de la maladie.