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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 25-08-2016 à 07:47:27

Lecture : Normand Lafleur

 

 

Ce livre de 1976 est hors commerce depuis longtemps et je suis content de le posséder. Je l'ai lu plusieurs fois, car ce sujet me passionne. Je vais d'abord parler du titre : "Les premiers colons". Faux! Il est surtout question de la seconde vague de colonisation, celle de la grande dépression des années 1930. "Abitibi-Témiscamingue". En partie faux : il est peu question du Témiscamingue.

L'avantage de ce livre est qu'il a été écrit au bon moment. En effet, l'auteur Lafleur a recueilli des témoignages de ces colons de jadis, à peu près tous dans la soixantaine au moment de travailler à cet ouvrage.

Le texte principal est composé de généralités qu'on croise ailleurs sur ce sujet, mais les témoignages enrichissent ces faits. C'est facile et rapide à lire.

Une curiosité du livre : l'annexe est à dix pages aussi longue que le récit phare! On y trouve, au complet, le texte de la loi Vautrin du gouvernement du Québec, définissant l'action politique à prendre pour dépeupler les villes de ses chômeurs et de les envoyer dans la forêt abitibienne, avec l'utopie d'en faire des cultivateurs. Le second texte long est signé par un prêtre colonisateur, qui visite la région en 1936 et parle de tout : autant des gens que des animaux, que des terres et des villes. Sauf que ce religieux le fait d'une façon plutôt franche, d'une manière qu'on n'imagine pas de la part d'un curé. C'est vers cet homme, Stanislas Dubois, que je me tourne pour l'extrait :

Le mal ici c'est que les colons vont bûcher l'hiver, dépensant beaucoup d'argent, ruinant leurs chevaux, ne pouvant vendre leur bois. (...) Pendant ce temps, il néglige ses fermes à demi défrichées. (...) On veut de l'argent, on veut du bois. et puis quarante blasphèmes par bille. (...) Quand ils reviennent des chantiers avec trois cents ou quatre cent dollars, ils veulent à tout prix du pain, du vin et des femmes.

Quelques notes pour l'aimable visiteur européen : les chômeurs des villes, recrutés pour devenir paysans dans cette région nordique et peu peuplée du Québec, devaient défricher un terrain entièrement boisé, vivre dans des cabanes sans eau courante ni électricité. Cette colonisation, en deux étapes, a duré tout au long des années 1930. Une réussite ? Un échec ? Un peu les deux à la fois. Plusieurs candidats, en voyant les conditions de vie pénibles, quittaient rapidement. D'autres sont demeurés. Ces derniers sont devenus plus ou moins agriculteurs, préférant le salaire hebdomadaire donné dans les mines et dans les camps de coupe de bois.

 

L'Abitibi porte encore beaucoup la trace de cette saga. Des romans ont été créés, un film a été tourné sur le sujet et si vous croisez un livre sur l'Abitibi, il en est obligatoirement question. Un des villages né de cette situation, Montbeillard, a été créé par des colons de ma ville et de ma région. J'en parle dans mon roman Perles et chapelet. La responsable de la bibliothèque du lieu m'a un jour dit qu'à peu près tout le village avait lu mon roman! 

 

Commentaires

MarioMusique le 25-08-2016 à 18:22:04
Hmmm... Quelque chose m'échappe, dans ta pensée...
jakin le 25-08-2016 à 17:29:58
Salut Mario, Un normand portant le nom de lafleur, ça ne s'invente pas pour parler de l'Abitibi royaume des chômeurs colons...