Je sais tout de ma ville. Je l'habite depuis 1635. Relativement à mon enfance et à ma jeunesse, les lieux disparus existent encore. Je ne les imagine pas en souvenirs ; je les vois. Je vois aussi ce que je n'ai connu que par des photos.
Quand je me rendais au stade de baseball, je passais par le petit chemin de gravier situé entre le boulevard du Carmel et la piscine municipale. Je savais que je marchais dans le champ extérieur du premier terrain de baseball de la ville. D'ailleurs, la piscine a été creusée dans le même champ extérieur et là où étaient jadis les estrades, il n'y a plus que du ciment, de l'asphalte. Pourtant, je savais que je traversais ce terrain.
Sur la rue des Forges, il y a une boucherie installée dans un petit local maintenant plus que centenaire. Je suis peut-être le seul Trifluvien sachant qu'il y avait là le premier cinéma de la ville, le Bijou, en opération de 1909 à 1913. L'édifice n'a pas changé, si l'on ne tient pas compte des rénovations. L'espace à l'intérieur de la boucherie est le même que le Bijou. Il m'arrive d'y regarder, d'imaginer, à la place de l'étal de boeuf, des gens de jadis, les messieurs en haut-de-forme et les femmes portant de longues robes. Ils attendent les vues animées, les comédiens de vaudeville. Ils sont là, je les vois.
Par contre, il y a des mystères, des trucs que je ne peux apercevoir, car je ne sais pas où ils étaient situés. Dans un entrefilet d'un journal local de 1910, j'avais vu une courte phrase à propos du théâtre de vues animées de la rue Laviolette. Aucun nom, aucune adresse. J'ai fouillé les journaux tout autour, n'ai rien trouvé dans les annuaires des adresses commerciales de la ville de 1910, pas plus que les archives de la municipalité ne me révèlent quoi que ce soit. Tout ce que je peux en déduire est que cette salle a eu une vie éphémère. Sauf que lorsque je passe par le segment de la rue Laviolette qui existait en 1910, cette salle fantôme semble me faire des signes : "Je suis là ! Non, par là ! Là-bas !"
Il ne reste rien des pallisades entourant Trois-Rivìères à l'époque de la Nouvelle-France. L'érosion a tout bouffé. Un dessin du bourg, le seul qui existe, nous indique que tout cela était sans doute situé près du parc portuaire actuel. Dans mon roman Le pain de Guillaume, l'ancêtre aime monter aux pallisades et regarder le paysage du fleuve Saint-Laurent. Je lui fais regarder ce que je peux voir aujourd'hui, tout simplement parce que chaque fois que je suis au parc portuaire, je ne vois pas le pont Laviolette, mais des Amérindiens en canots, approchant pour le traite des fourrures. Je vous assure que je les vois car ils m'habitent et que tout ce passé et cette histoire font partie de mon âme.
Ci-haut : la seule photo qui existe du Bijou, extraite d'un journal d'époque.
Commentaires
Eh oui ! S'ailleurs, je commence à perdre mes cheveux...
Salut Mario, je ne savais pas que tu avais 381 ans ?
Oui, oui... Je me doutais un peu de ceci, mais... une page à la fois ? Un article à la fois ? Un défi ! Merci aussi d'avoir enlevéce message d'insultes, de la part d'une personne méchante qui me poursuit, depuis quelques semaines.
Bonjour. A propos de la sauvegarde de nos production sur la toile. J'ai acheté un dique dur extérieur d'appoint, que je relie périodiquement à mon ordi par un cable USB (fourni par le vendeur) et sur lequel je copie tout ce qui mérite de l'être. Pour la plupart des documents, c'est facile. Tu cliques droit sur ton dosier (textex, photos, etc), ce qui t'ouvre dans le déroulé la ligne "envoyer vers". Tu envoies vers ton disue d'appoint et le tour est joué. Tu peux aussi stocker tes docs sur une clé USB. A toi de voir.Toujours par "envoyer vers" Pour ce qui concerne la copie totale du blog, c'est spécial : mon petit-fils me l'avait fait, mais je ne me rappelle plus le processus. Je vais l'interroger et je te dirai. Florentin
C'est la seule photo qui existe de ce cinéma et elle n'est dans aucune source d'archives ; que dans un journal de l'époque.
photo souvenir à conserver
palissade .....