Je crois bien que tous les gens ont vécu une situation semblable : Une chanson entendue demeure ancrée dans un moment particulier : un voyage, une rencontre, une joie, etc. Des années plus tard, vous entendez la même chanson qui vous rappelle obligatoirement l'événement. Voici quatre de mes cas, associés à l'automobile.
STEVE FORBERT : Romeo's Tune. Je vais être précis : au début de la nuit du 11 mars 1982. Mon copain Gilles et moi revenions d'un spectacle de Orchestral Manoeuvres In The Dark, à Montréal, et roulions sur l'autoroute. Ce qui est bien avec l'autoroute entre Trois-Rivières et Montréal est qu'une grande partie n'est pas éclairée. Que les phares des voitures. Il y avait la radio en sourdine et nous ne l'écoutions guère, jusqu'à ce que cette chanson de Steve Forbert se fasse entendre. Je la connaissais depuis longtemps, puisqu'elle datait de 1979. Elle m'a fait un bel effet, entendue ainsi dans la noirceur. Le hic est que l'animateur de la station de radio a annoncé, tout de suite après, qu'un immense incendie avait emporté le cinéma Impérial de Trois-Rivières. Gilles et moi avons eu la même réaction : "Le Rio ! Le Rio incendié !" C'était la boîte de nuit par excellence de notre jeunesse, située dans le sous-sol du cinéma... Alors : Steve Forbert = Incendie du Rio. À jamais.
VAYA CON DIOS : What's A Woman ? Automne 1990. Même situation : nuit et copain Gilles. L'orgue, ça me tue. Gilles aussi. Quand cette chanson s'est fait entendre à la radio, il a fermé son clapet pour écouter. Cet orgue dans la nuit était envoûtant. À la fin, il m'a demandé qui était cette chanteuse. Je ne savais pas. Lui, étonné, m'a rappellé que j'étais un expert en musique soul des années 1960. Rien à faire : connaissais pas. Quelques jours plus tard, j'ai appris que ce n'était pas une pièce des 1960, que la chanteuse n'était pas noire, mais tout à fait belge et francophone. Ça alors !
FASTBALL : The Way. Dernière semaine de mai 1998. Je suis en voyage pour participer à mon premier salon du livre de l'Abitibi, à La Sarre. Mon compagnon de route est Alexandre, fils de l'éditeur. Alex avait son sac de cassettes, moi le mien. Entre deux de nos choix, il y avait la radio. Chaque fois qu'elle se faisait entendre, c'était cette chanson inconnue qui bondissait dans mon esprit. Je trouvais ça très accrocheur, mélodique. À La Sarre même, chaque fois que j'entrais dans un lieu public où il y avait la radio, c'était cette pièce que j'entendais. Le dimanche, Alexandre a découvert le secret : The Way, par le groupe Fastball. Dès mon retour à Trois-Rivières, j'achetais le disque. À jamais, cette pièce sera associée à mon premier salon du livre de l'Abitibi.
DIRE STRAITS : Sultans Of Swing. Autour de décembre 1979, janvier 1980. Cette fois, je n'étais pas dans une voiture, mais j'attendais l'autobus dans le froid face à un bar. 'Savez, ces gens en auto qui écoutent la radio ou une cassette très fort... La bagnole approchait et c'est cette chanson qui jouait. Il y avait un feu de circulation au coin de la rue. Le rouge m'a permis d'en entendre un peu plus, ainsi que lorsque le véhicule s'est éloigné. J'étais certain que c'était Eric Clapton ! Eh non ! Quand j'entends Sultans Of Swing, je me revois dans le froid, en face du bar, regardant fixement cette voiture.
Commentaires
J'imagine que le chose est arrivée à tout le monde. En écoutant les chansons, quand The Way est arrivé, j'ai souri en pensant aux routes de l'Abitibi, en entendant Alex s'exclamer : C'est bon, ça! Comme si c'étaiit hier.
Salut Mario, intéressante association entre la Torpédo et la musique....un voyage de notes musicotomobile ?