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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 06-12-2016 à 00:03:35

Le roman en cours

 

 

En 2016, j'aurai navigué dans la création de trois romans : celui qui avait été débuté en 2015, un roman complet, puis celui que j'ai commencé le 1 septembre dernier et que je terminerai sans doute en mars ou avril 2017. Je suis content de ces trois textes. Ne rigolez pas : il m'est arrivé de me pencher sur des fictions qui ne m'enthousiasmaient que tièdement. Depuis deux années environ, j'ai ajouté un élément nouveau : les dialogues qui se limitent à quatre interventions. Une bonne idée : ces courts dialogues deviennent ainsi beaucoup plus significatifs que ceux ayant davantage de répliques. Je ne sais pas pourquoi je n'y avais pas pensé avant.

 

Le roman en cours s'intitule Les Baveux. J'approche de la moitié. L'histoire de six grands amis de la seconde moitié des années 1970 qui ne vivent que pour le rock, la bière et la drogue légère. Ils sont solidaires, partagent tout, mais ce sont des bigres de provocateurs. Le personnage central et narrateur est Intel, diminutif de Intellectuel, surnom donné par les autres car mon héros avait réussi à obtenir un B - dans un cours de français. Les autres sont : Joyeux, le plus extrême de la bande, le Bloke, complexé, Pepère, aimable et nerveux, Sauvage, un taciturne, puis le seul personnage féminin : Baril. En premier lieu, je croyais qu'une seule fille serait une lacune, si bien qu'il y en a deux qui apparaissent pour disparaître le temps d'un demi chapitre. Baril prend toute la place !

 

La narration du roman est en français standard, mais les dialogues sont en joual profond, avec les prononciations phonétiques, ses vulgarités et un fleuve de blasphèmes. Le roman rend aussi hommage au Rio, la boìte rock de Trois-Rivières la plus tordue de l'époque et ancien fief de votre humble serviteur.

 

Malgré la solidarité de ces amis, la vie adulte naissante les rattrape et la bande s'éparpille, si bien qu'Intel, en 1982, se retrouve seul devant les ruines du Rio rasé par un incendie.

 

 

Des années plus tard, au début de la soixantaine, Intel revoit par hasard Pepère, inchangé. Les deux se mettent en tête de retracer les autres, pour célébrer l'amitié de jadis. Défi difficile, mais ils y arrivent et les gars (et la fille) sont demeurés fidèles à leurs idéaux de jeunesse, mais il manque Joyeux, le plus dingue de la bande. Quand enfin ils le retrouvent, ils auront une très désagréable surprise... Notez que ce roman se termine en 2022, année où les jeunes d'autrefois auront atteint l'âge légal de la retraite. J'ai réussi à dessiner une histoire d'amour inavouée entre Baril et Intel. Nos ex-jeunes, si provocateurs jadis, passeront ces récentes années à se faire provoquer par la rectitude politique. Baveux est un mot québécois pour désigner les provocateurs.

 

 

La photo : Mario ado, avec la bouteille de bière et la musique. Le fichier audio : la musique du Rio : Deep Purple et Highway Star.

 

 

Un extrait : l'arrivée de Baril, alors que les garçons tentent de former un groupe de rock, même si un seul sait jouer d'un instrument.

 

 

 

 

         Comme je ne sais même pas tenir une basse, j’ai pensé devenir chanteur, parce que je peux prononcer les mots anglais sans trop d’accent et que je connais par cœur les paroles de nos chansons favorites. Les gars ont éclaté de rire. Au fait, avec quel argent je vais acheter un instrument et qui va me montrer le fonctionnement?        


« Comme chanteur, j'verra' une fille.        

- Les plottes, c’est un hostie de paqua' de troubes.         

- J’pense à Baril, la p’tite grosse qu’éta’ dans l’show de théâtre, en mars dernier. Tu t’souviens, Joyeux? Est dans deux de mes cours pis à me semble trippante.        

- Ça c’est vra', Intel! À blow aussi capotée que Janis! Penses-tu qu’à suce? »        


Les gens de ma génération collaborent tout le temps, même si le plupart ne mènent pas à bout les projets auxquels ils adhèrent avec enthousiasme. Par contre, les gens de théâtre ne laissent jamais prise. Cette pièce avait des parties ballet-jazz, des chansons et même des gars des sports, qui construisaient le décor pendant que les comédiens jouaient. Tout le monde avait adoré cette Marie Boulanger, non pas à cause de sa beauté ou de son physique, mais parce qu’elle avait interprété deux pièces qui avaient mis tout le monde au tapis, même le directeur de l’école.         

En classe, elle mâche de la gomme, porte des jeans (même si c’est interdit), parle tout le temps et est sur le point de donner une dépression nerveuse au prof de biologie. Quand je lui parle du projet, elle arrête de mâcher puis fait : « OK. C’est quand, vos pratiques, pis où? Allez vous faire des tounes heavy? » Pas d’autres questions, d’enquête. Confiance aveugle. Quand je lui dis que je ne sais pas jouer de la basse, elle avale sa gomme, puis en sort une autre de sa poche et fait : "C'pas dur : poum poum poum. » Tout ça ne durera pas longtemps, mais on pourra avoir du plaisir, boire de la bière, fumer des bons joints et ce n’est sûrement pas mal d’avoir une fille dans notre bande. Je sais qu’elle est aussi baveuse que nous. Le prof de bio pourrait en témoigner devant un juge.        


« Tu suces-tu?        

- Pas des queues de trous d’cul de ton genre. J’t’icitte pour chanter, stie. T’es qui, toè?        

- Le drummeur. J’m’appelle Joyeux Noël.        

- Pis moé, chus Bonne et Heureuse Année. »        


Du regard, elle cherche les instruments, ne voyant qu’un orgue qu’un fond de grenier refuserait. « T’inquiètes pas, on va finir par en acheter. Sauvage est pas arrivé. Y’a une belle guétâre électrique. » Le séminariste se présente et commence à jouer J’entends frapper. Baril chante tout de suite et chacun sourit. Par contre, pour notre essai en anglais, elle ne connaît que le refrain. « C’pas grave. Attends dans un an, ça va être ben mieux. » Baril ne demande pas de justification, réclame plutôt une bière, puis écoute ce qu’ils racontent : des mélopées admiratives sur les grands guitaristes du rock. Le Bloke lui demande la liste des pièces qu’elle aimerait interpréter. À minuit, nous nous rendons au Rio pour vider des bouteilles et remplir les cendriers.

 

 

 

Commentaires

MarioB le 07-12-2016 à 23:48:03
Vivre de sa plume au Québec ? Impossible : la démographie est trop petite. Ceux et celles prétendant le contraire sont des menteurs.


Je ne fais pas que ça, Florentin. Pas plus d'une demi-heure par jour. Par contre, c'est tous les jours. En soirée, je fais des relectures de romans terminés, afin de les modifier, de les améliorer.
Florentin le 07-12-2016 à 22:28:00
Trois romans dans l'année ! Tu ne fais que ça ! Est-ce que c'est facile au Canada de vivre de sa plume ?
MarioB le 06-12-2016 à 22:09:13
Tu sais, Armand, je n'écris pas des romans pour qu'ils soient publiés. Celui-là est trop à rebrousse-poil pour intéresser ces gens. Il peut aussi se passer deux années avant que le texte, relu et corrigé, soit à ma convenance.


Merci !
anaflore le 06-12-2016 à 19:29:28
mon gendre me fille et les 5 enfants sont "la famille rio""et c'est leur nom lol
jakin le 06-12-2016 à 18:34:04
Bon, la musique est excellente...Pour le livre il va falloir attendre la fin et la publication...Mais le petit extrait est prometteur....
MarioB le 06-12-2016 à 07:56:40
Non, ce n'est pas autobiographique. Cependant, il y a toujours des choses personnelles qui s'infiltrent dans les romans, comme le Rio, dans le cas présent. Le surnom de Baril, pour une fillle, était celui d'une demoiselle connue à ce moment-là.
anaflore le 06-12-2016 à 07:20:07
c'est autobiographique?bon courage pour continuer bonne st nicolas