J'ai subi une hyper nuit d'insomnie, ne dormant qu'autour de deux heures trente minutes, ce qui n'était pas idéal pour être présent à ma séance de 10 heures à midi. J'ai cependant pu m'y rendre pour celle de 14 à 16 heures, sachant que ma bonne amie Internet se déplacerait pour me rencontrer.
Grande foule et beaucoup de bruit, ce qui n'est pas idéal pour un gars marchant dans le brouillard et pouvant s'écrouler de sommeil à tout instant. J'ai vendu deux romans, portant le total à cinq, ce qui est très moche, mais qui semble ma nouvelle norme des dernières années. Pour établir une comparaison, lors de ma toute première participation, en 1997, j'avais séduit trente volontaires. De plus, ces deux livres dominicaux ont trouvé preneur auprès de deux personnes que je connaissais. La femme responsable du stand m'a dit qu'elle a vendu un Pain de Guillaume samedi, à un homme qui s'était déplacé pour me serrer la pince.
J'ai acheté un livre d'une femme en train de moisir dans le coin le moins populeux du salon, sachant comme c'est effroyable pour le moral d'arriver plein de bonnes intentions et de se buter à des quidams avant tout désireux de croiser Daniel Lavoie ou tout autre bipède télévisuel. C'est un livre sur la traversée de colons de France et qui allaient devenir les premiers Acadiens du Nouveau-Monde.
Deux rencontres étonnantes. D'abord, mon voisin de cet après-midi était un auteur de... 14 ans. Pas de littérature jeunesse, mais le récit d'un jeune qui désire devenir politicien. Pas courant, n'est-ce pas ? Ce gars avait un langage extrêmement concis et racontait au public des choses qu'on a l'habitude d'entendre de la bouche d'un homme politique de 50 ans. Cet adolescent, pas de doute, avait un QI très supérieur à ses copains. Mais j'ai sursauté quand j'ai vu arriver sa maman : l'ancienne secrétaire (et correctrice) de mon premier éditeur. Le monde est p'tit, n'est-ce pas?
Ensuite, un homme qui avait lu Gros-Nez le quêteux et qui s'est empressé de me parler de son personnage favori : Grand-Regard, femme qui n'apparaît que dans un seul chapitre. Je dois dire qu'il me reste environ six semaines avant de terminer le roman en cours de création et que le moment est venu de penser au roman qui va suivre. Dans ma banque d'idée, il y en a une qui m'attire et m'effraie à la fois, mais ce lecteur m'a convaincu de confier le rôle principal à Grand-Regard. J'en reparlerai en temps en lieux. Quoi qu'il en soit, c'est très flatteur de rencontrer des gens qui ont aimé mes histoires et mes personnages. C'est la véritable paie d'un romancier.
Photo ci-haut : Au salon du livre de Trois-Rivières, en 2003, le dernier pour mon premier éditeur. J'avais alors six romans sur le marché, complétant ainsi une série. Nous avions organisé un concours : gagnez les six livres de Mario B. On peut voir la petite affiche, sur la colonne rouge. La femme penchée est Michèle, avec qui j'avais participé à 90 % de ces salons et pour qui j'avais beaucoup d'amitié. À un certain moment se présente une femme âgée, sans doute octogénaire, qui me raconte comme elle aimait mes personnages, trouvant dommage de ne pas avoir d'argent pour acheter les quatre livres manquants. Michèle, témoin, écoutait. Pour participer au concours, il fallait acheter un livre. Michèle a donné un coupon à la femme. Quand elle s'est éloignée, Michèle, me regardant, a brandi le papier en me disant : "La voilà, la gagnante." C'est bien, de tricher, pour ravir une personne âgée.
Il y aura un autre article sur cette question lundi ou mardi.
Commentaires
Merci.
Bonsoir Mario, Je compatis.....
C'est précisément mon impression et un portrait de la réalité.
Il y a deux années, les jeunes auteurs de ma région s'étaient réunis dans un centre commercial, derrière de longues tables, afin de présenter leurs oeuvres aux passants, ce que le salon officiel ne leur permet à peu près pas.
La femme qui a écrit le livre acheté à propos des premiers Acadiens est de ma région et elle était dans un coin très isolé. Quand je me suis approché, elle s'est redressée, surprise. Je lui ai parlé trois minutes, avant de dire que je lui achetais une copie. Le hic est que son comptoir n'avait pas Interac et que mon porte-monnaie était vide de billets. Je lui ai dit : je vais trouver un guichet et je reviens. Il y en avait un dans l'hôtel adjacent, sauf que j'ai pris un peu de temps avant de remonter. Quand je l'ai fait, elle m'a dit : Je croyais que vous ne reviendriez pas.
Ton récit à épisodes me fait mal au coeur. Pour ma part, je ne vais plus (en tant qu'acheteuse) dans ce type de salons qui semble une foire d'empoigne aux "bêtes" médiatiques laissant dans un coin les vrais écrivains. C'est à pleurer mais c'est ainsi, malheureusement, dans toutes les catégories du monde : la célébrité, souvent à deux balles, écrase les "vrais gens"... pfff...