Autrefois, les cartes de hockey et de baseball s'adressaient aux enfants et se vendaient à très bas prix : cinq sous le paquet contenant quatre cartes et une délicieuse gomme à mâcher, cette dernière étant une excuse pour inciter les parents à donner l'argent à leurs petits. En Amérique, ces cartes étaient très populaires et on les trouvait partout. Les jeunes pouvaient jouer avec les cartes, découper les images, ou simplement rechercher leurs joueurs favoris ou ceux d'une équipe spécifique.
Ma passion pour les cartes de hockey a été un héritage de mon grand frère Daniel, qui en achetait au cours de sa propre enfance. Le temps de l'adolescence venu, il m'avait donné sa collection. Cependant, déjà, j'achetais des cartes, la plupart du temps sur le chemin des écoliers, dans un dépanneur de la rue Saint-Valère, qui voyait chaque jour des dizaines de garçons demander "Un paquet d'cartes, siouplait, madame." Ouvrir le paquet était fascinant, car nous ne savions pas ce qu'il y avait dedans. Enfin à l'école, en attendant la cloche ou pendant les récréations, les gars se réunissaient pour regarder les cartes ou pour se les échanger. "Je te donne deux Toronto et un Chicago contre ton Jean Béliveau."
En 1964-65, il s'est passé quelque chose de différent. Pour la première fois, les six équipes de la Ligue Nationale de hockey étaient dans la même série, alors qu'auparavant, deux compagnies se partageaient chacune trois clubs. Il fallait attendre la fin d'une série. De plus, les cartes 64-65 étaient plus longues. La seule fois où ces cartes sportives allaient dépasser le format standard, qui prenait place si bien dans une poche de chemise ou de pantalon. D'ailleurs, ces longues cartes sont aujourd'hui recherchées par les collectionneurs, parce que c'est difficile d'en trouver en bon état, car, à l'époque, ce qui était en trop pliait dans nos poches et brisait l'ensemble.
Il est bien connu que les compagnies responsables de ces produits imprimaient moins de cartes des joueurs vedettes, ce qui incitait les enfants à acheter davantage de paquets, afin de trouver la carte rare de la grande idole. Sauf qu'en 1964-65, la carte impossible à trouver était celle de Marcel Paillé, un gardien de buts réserviste des Rangers de New York, qui, d'ailleurs, avait passé une plus grande partie de la saison dans les mineures et non avec les Rangers.
Je m'en souviendrai toute ma vie : ouvrir le paquet neuf et dix gars se lançant vers moi pour poser la question cruciale : "As-tu le goaleur des Rangers ?" Non ! Personne ne l'avait. Sauf que votre humble serviteur y est arrivé, ayant dépensé des cinq sous plus qu'il ne le pouvait. "Mario! T'as l'goaleur des Rangers ? Je te donne dix vedettes contre lui !" Rien è faire, car je possédais le trésor tant convoité. Au fait, Marcel Paillé a très peu joué avec les Rangers et son nom figure encore de nos jours dans le livre des records de la ligue américaine, circuit inférieur, comme étant le gardien ayant participé au plus grand nombre de joutes dans ce circuit. La recherche de la carte de Marcel Paillé demeure un des grands souvenirs de mon enfance.
De nos jours, les cartes de hockey et de baseball sont des objets de plus grande qualité, qui se vendent cher, qui ne s'adressent plus aux enfants et qu'on ne trouve plus partout. Les adultes les insèrent dans des cahiers plastifiés alors que gamins, ils les transportaient dans leurs poches. Les collectionneurs pensent davantage à l'argent qu'au plaisir de trouver leur joueur favori dans un paquet, qui ne contient même plus de gomme à mâcher.
La preuve ? En 1993, votre humble serviteur a acheté son premier ordinateur, avec la tour, le clavier, l'imprimante, l'écran, en vendant des cartes de baseball. Combien de cartes ? Douze seulement, pour une somme autour de deux mille dollars, pour des cartes payées quinze sous en 1969. L'inflation, hein...
Commentaires
Anaflore : L'homme à qui j'avais vendu en 1993 était un marchand, qui revendait plus cher à des Américains, davantage passionnés que les Canadiens avec cette idée de collection.
Jakin : Oui, il y en avait de plusieurs sports, et il y a même eu des cartes Beatles ! Sauf qu'au Québec, les cartes de hockey était plus populaires.
Salut Mario, tu me rappelles que j'ai moi aussi fait la collection de ces cartes, mais c'était des footballeurs....
il faut trouver le bon acheteur......