J'ai trouvé ce livre dans une boutique d'usagés, il y a quelques années. Un produit belge, de 1963, écrit par Pierre Dufoyer, nom qui sent le pseudonyme des kilomètres à la ronde. En réalité, c'était sans doute un collectif de penseurs catholiques, désireux de voir les jeunes filles contracter de sains mariages. Un guide, un livre de conseils. Il va de soi que le contenu est particulièrement conservateur de droite. Je crois même qu'il l'était en 1963 et qu'une demoiselle suivant à la lettre tout ce qui est raconté était certaine de demeurer célibataire. Par exemple : pour rencontrer des futurs maris, évitez les salles de danse et les cinémas. Ne jamais songer une seule seconde à épouser un non-croyant, et, bien sûr, les vêtements à la mode et le maquillage n'étaient pas conseillés.
Le sous-titre, Livre de la jeune fille de 17 à 20 ans, représentait le temps idéal pour songer au mariage, c'est à dire la fin des études et le moment butoir de la vingtaine. La seule destinée : le mariage. Notez bien qu'on ne prenait pas les filles pour des idiotes, car une bonne instruction devenait impérative pour l'harmonie du foyer et pour le bien-être des enfants, nombreux, si possible.
Évidemment, lire ceci en 2017 fait hurler. Ou cela devient effroyable ou... comique! Dans l'encadré publicitaire, il existe un équivalent pour les jeunes hommes du même âge. Je serais curieux de le lire... Voici un extrait significatif, à propos des écueils des fréquentations.
Le premier (Écueil) est l'incompréhension de la psychologie masculine. Cette incompréhension les (jeunes filles) expose, souvent involontairement, à devenir pour leurs partenaires une occasion de tentations sensuelles et à en subir elles-mêmes le choc en retour. Elles ne comprennent absolument pas la mentalité du jeune homme et s'imaginent qu'il se fait, comme elles, une conception purement sentimentale de l'amour. Elles ignorent que chez lui les notes sensuelles sont aisément vibrantes et faciles à exciter.
Cette ignorance et cette naiveté se traduisent dans leur habillement, leur tenue et leurs propos. Elles cherchent à se faire remarquer des jeunes gens. Aucun artifice de toilette ni de coquetterie ne leur semble de trop. Elles suivent docilement les modes, même si elles manquent de discrétion. (...)
Les réactions du jeune homme devant ces attitudes ne correspondent pas à ce qu'elles en escomptaient. (...) Elles croyaient éveiller l'amour ; elles n'excitent la plupart du temps que le désir physique. La sensualité du jeune homme est particulièrement inflammable. (...) La demeure masculine est semblable à un chalet couvert de chaume ; une étincelle suffit à y mettre le feu ; tandis que la demeure féminine est, à ce point de vue, bâtie à briques et à moellons, moins aisément combustibles. Toutefois, si l'on ne veut pas être dévorée soi-même par l'incendie, il est prudent de ne pas mettre le feu au chalet du voisin.
Commentaires
Florentin : ces messages sont, en réalité, une langue parlée et c'est pourquoi les coquilles et les fautes ne m'ont jamais fait sourciller.
Je viens de relire les commentaires. dont le mien. J'y parle d'un catholicisme intransigeant. Mais, à propos d'intransigeance, j'en ai sérieusement manqué dans l'écriture de mon message ! Aussi bien en orthographe, qu'en ponctuation et qu'en qualité de frappe. Je ferais bien de me relire !!! Florentin
Nikole : Une chance que tu n'as pas lu le livre au complet ! J'ai choisi cet extrait parce que l'idée des demeures m'a fait sourire, mais il y a des passages plus abrupts qui font dresser les cheveux sur la tête.
Florentin : Il y a beaucoup de points communs entre le catholicisme intransigeant et la rectitude politique, dont l'idée du bien et du mal, avec condamnations, jugements de valeur, etc.
Je fais partie des jeunes qui, à cette époque; d'un catholicisme encore triomphant et aussi conservateur que possible, devait subir le dogmatisme religieux ambiant. Quand j'était enfant, par exemple, on devait assister chaque dimanche à la messe solennelle, aux vêpres l'après-midi (particulièrement soporifique) et aux complies le soir Heureusement, mes choses ont alors évolué assez rapidement.
Aujourd'hui, la déchristianisation a définitivement balayé tout ça ! Florentin
Ces lignes me laissent sans voix...
(Et je mesure comme le monde change vite. De plus en plus vite, d'ailleurs... ouais, bon, très intelligent comme remarque pfff ! :-)...)
Merci et fais bien attention à ton chalet.
Très amusant ton texte sur le comportement des jeunes filles....Ce Pierre Dufoyer est une pierre jetée dans le foyer de jeunes filles !