Le chapitre suivant l'enfance de Lillian Gish est consacré au réalisateur David Wark Griffith. Lillian allait devenir son actrice fétiche pendant une dizaine d'années et la femme gardera beaucoup de respect pour l'homme, qu'elle a toujours nommé comme "Monsieur Griffith" et non pas "David", malgré leur amitié.
Pour ce chapitre, Lillian Gish s'oublie pour laisser la place à l'homme. En lisant ces pages, j'ai pensé me rendre à la fin du bouquin pour constater ce que j'avais deviné : oui, il y a eu recherche historique auprès de cinémathèques, consultation de livres, de découpures de presse, sans oublier les archives du cinéaste, puis des enquêtes auprès de gens qui ont connu l'homme (N'oublions pas que ce texte a été écrit en 1967-68 et que beaucoup de gens un jour en relation avec Griffith étaient toujours de ce monde.)
Griffith est considéré comme le père du cinéma américain. Il a inventé beaucoup de choses, amélioré ce qui s'était fait discrètement au cours des premières années du 20e siècle. L'homme était un comédien raté, qui, en dernier recours, parce qu'il était fauché, s'était présenté à la compagnie cinématographique Biograph, à New York, pour proposer ses scénarios. Il est devenu cinéaste malgré lui, pour remplacer un homme qui avait décidé de cesser cette activité.
Les films Biograph, comme tous ceux de cette époque, duraient de dix à quinze minutes et étaient filmés sans imagination, d'une façon théâtrale. Ces films étaient loués à des petites salles de cinéma, pour un public qui se contentait de tout ce qui avait jusqu'alors existé. Sauf que Griffith, progressivement, a tenté des expériences inhabituelles, ce qui plaisait au public, mais pas tellement à ses patrons. Exemple : le gros plan. Zoom sur un visage! Réaction des gens de Biograph : "Vous ne pouvez faire une telle chose! Le public ne verra pas le comédien au complet!" Il expérimentait aussi avec l'éclairage, des plans éloignés, toutes ces petits choses communes aujourd'hui, mais qui, en 1908-09, n'existaient pas. Un jour, Griffith a voulu tourner un "long" film, c'est à dire d'une durée d'une demi-heure. "Vous ne pouvez faire une telle chose! Le public va se lasser!"
Lillian Gish cerne très bien le personnage et ses renseignements sur l'enfance du cinéma sont délicieux à lire. La comédienne et sa soeur Dorothy prendront plus de place dans le chapitre suivant, concernant leur implication à la Biograph et près de Griffith.
Commentaires
C'est loin d'ëtre terminé !
Très intéressant ta série d'articles sur cette lillian Gish....