Un livre d'histoire, se concentrant sur l'école rurale de villages de ma région, entre 1850 et 1900. Beaucoup d'éléments font maintenant partie du folklore, à cause de romans, d'émissions de gagavision : les enfants qui marchent pieds nus vers l'école ; les commissaires d'école analphabètes ; la maîtresse sous-payée ; les paysans radins quand vient le tempe de faire instruire leurs enfants ; la maîtresse qui demeure dans une vétuse maison d'école, etc. Tout ceci était vrai, mais il faut aller plus loin que ces impressions. C'est ce que fait l'historienne Jocelyne Murray.
Ceci est sa thèse de doctorat. Ayant passé par le même chemin, je dois dire que Jocelyne a eu une grande chance : beaucoup de documents d'époque, d'archives importantes. Tout ce qu'il faut pour présenter un texte riche et intéressant.
Nous passons de l'organisation sociale pour l'éducation, à la construction des écoles, au personnel enseignant, aux enfants, à la fréquentation scolaire, à ce qu'on leur enseignait, et jusqu'à l'ameublement de l'école.
Au Québec, l'école n'était pas obligatoire et ne le deviendra qu'en 1941. Alors, la fréquentation en zone rurale était en dents de scie, les grands enfants devant aider leur père aux champs. Il n'y avait pas de Ministère de l'Éducation, même si le gouvernement du Québec intervenait sur ces questions. Des enseignantes sans qualifications, il en existait, coûtant moins cher qu'une jeune femme formée à une école Normale. Tant de choses intéressantes racontées!
J'ai bien connu Jocelyne Murray, car elle fréquentait l'université en même temps que moi. Alors, on échangeait souvent. Elle terminait son doctorat au moment où je posais pied dans cette zone. Je me souviens surtout que sa mère l'accompagnait souvent à l'université et que ces deux femmes étaient de grandes amies. J'ai assisté au lancement de ce livre. Jocelyne en était très fière. Le défaut du bouquin est le langage un peu trop universitaire, trop souvent employé par les historiens du Québec. C'est une écriture de fonctionnaire et pas très littéraire. Tout de même une lecture (une seconde fois) appréciée.
Un court extrait et une mise en contexte. Les jeunes femmes enseignantes gagnaient entre 50 et 75 dollars par année. Une ouvrière dans une usine de tissage touchait davantage.
Les conditions de vie du personnel enseignant s'avèrent variables et surtout modestes, tributaires de la bonne volonté des commisaires d'école. On peut tout de même se demander comment parvenaient à vivre les maîtresses d'école avec un salaire de moins de cent dollars? La réponse nous est fournie par un commentaire de l'inspecteur David Lefebvre qui se disait "convaincu que les institutrices qui résolvent ce problème ne peuvent le faire que par le jeûne et le dénuement et non par la connaissance des mathématiques."
Jocelyne Murray, Apprendre à lire et à compter ; École et société en Mauricie 1850-1900, Éditions du Septentrion, 2003
Commentaires
Ne doutons pas qu'il y avait des points communs à cette époque entre les enseignantes rurales des deux pays.
L'auteure raconte que les commissaires d'école y allaient à rabais en engageant des filles de leurs villages et qui n'avaient aucune formation en pédagogie. Elle dit aussi que les maîtresses de la ville (Trois-Rivières) rencontraient moins de difficultés que les rurales.
Les premières maîtresses, chez nous, étaient sans doute mieux traitées, mais à peine. Leur vie était dure et spartiate, surtout dans les campagnes. Les enseignants vivent plus confortablement maintenant, mais il a fallu attendre les années 70 pour les sortir du marasme matériel. Aujourd'hui encore, il faut avoir la vocation pour choisir ce métier. Je le sais, je le fus un moment. Bonne fêtes de fin d'années. Florentin
Au Québec, la population est moindre qu'en France. Conséquemment, on y compte moins d'écoles et donc moins d'emplois. Mon premier diplôme en est un en enseignement, mais je n'ai jamais enseigné de ma vie, sans dans mes deux stages.
La température est dans la norme de décembre. Il en faut plus pour me faire claquer des dents ! Ah! Ah!
Il paraît qu'on grelotte chez vous ? J'espére que les méninges ne sont pas geléesi
Je connais une famille d'enseignants canadiens qui ont posé les valises en France faute de trouver un travail au canada!!
Surprenant car les diplômes français qui vont au canada ne trouve pas de travail équivalent à leur diplôme
Bonne journée
Exactement ! J'ai rencontré beaucoup de mal avec cette idée, pour la maîtrise et le doctorat.
Ceci, c'est une chose. Quand le texte est présenté au public sous forme de livre, il doit devenir autre chose.
Intéressant toutes ces thèses, mais souvent écrites académiquement ! Faculté oblige ?