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Titre du blog : Mario Bergeron multicolore
Auteur : Mario3
Date de création : 21-12-2014
 
posté le 25-01-2018 à 05:47:39

École Normale des Ursulines, 1928-29

 

 

Je viens de trouver dans ma paperasse de documents historiques une photocopie que j'avais oubliée : l'annuaire pour l'année scolaire 1928-29 de l'École Normale des Ursulines, à Trois-Rivières.

 

Cette institution a été fondée en 1907, en annexe à l'école du couvent, pour recevoir les adolescentes désireuses de suivre ce cours afin de devenir enseignantes. L'ensemble était divisé en deux parties : l'Élémentaire, de deux années, permettait un diplôme d'enseignante de base ; le cours Supérieur, de trois ans, suivait et complétait la formation de base, pour celles désireuses de devenir maîtresses à un plus haut niveau.

 

 

Au moment du document, autour de 200 jeunes filles pouvaient fréquenter l'école. Pas d'externes : que des pensionaires, avec des règlements sévères. Elles pouvaient recevoir leurs parents via un parloir, surveillées par des religieuses. Aucun appel téléphonique ne pouvait leur parvenir, sauf dans le cas d'un décès dans la famille. Aucune autorisation pour sortir du couvent.

 

 

La photo ci-haut nous révèle la rigidité de l'uniforme. Chaque élève devait avoir deux robes noires. Les demoiselles étaient priées de porter un collet et des manchettes en caoutchouc. Pour leur tenue de nuit : les manches courtes et le décolleté étaient interdits. Le reste des vêtements : un tablier (noir), 2 voiles (dont un... blanc), 1 paire de pantoufles, gants noirs, mitaines, 4 paires de bas de laine, autant de bas de coton. Une seule paire de chaussures de couleur n... Les serviettes et quoi que ce soit de relatif à l'hygiène étaient fournis par le lieu, ainsi que les draps pour le lit, etc.

 

 

Le personnel enseignant était composé, cela va de soi, d'Ursulines, mais il y avait aussi un homme, spécialiste en pédagogie (On le voit à gauche, sur la photo). Les matières : français, anglais, bienséance, couture, mathématiques, hygiène, horticulture, callisthénie (gymnastique légère), religion, histoire du Canada, dessin, géographie, histoire ecclésiastique, art culinaire, diction, musique (solfège et chant) et plusieurs sphères de la science pédagogique.

 

 

Le prix d'admission pour une année scolaire était assez rondelet et il me semble évident qu'une fille d'ouvrier ne devait pas penser à cet avenir. Cependant, il arrivait qu'une parenté entière paie ces frais. Dans le cas de villageoises, le curé de la paroisse et les notables du lieu voyaient à ce petit détail.

 

 

Le document nous entretient des règlements, de la discipline. Comme vous devinez de quoi il pouvait s'agir, je n'en parle pas (messes tous les matins, avant de penser à manger, coucher très tôt, etc.). Enfin, le tout était complété par un long texte écrit par des jeunes filles de l'année scolaire précédente, pour raconter la vie interne d'une étudiante et convaincre des parents et des candidates qu'il était formidable d'étudier pour devenir maîtresse d'école.

 

 

La photo nous présente les finissantes 1927-28 du cours supérieur. Le prêtre, à droite, était le directeur de l'école Normale. Il était aidé par une Ursuline. En regardant de près, on a du mal à croire, selon nos valeurs actuelles, que ces filles étaient des adolescentes, tant tout ce qui les entoure était rigide, y compris leurs sourires, s'il y avait lieu.

 

 

J'ai toujours adoré ce type de document, témoignage d'un style de vie et de valeurs. Je me souviens que lors de mes visites aux archives des ursulines, j'étais toujours reçu avec amabilité. Ceci avait été photocopié comme référence à des passages de mon roman Perles et Chapelet, où un des personnages fréquente cette école. 

 

 

Bien sûr, depuis les années 1960, ce sont les universités qui forment le personnel enseignant. Le local de l'École normale des ursulines existe toujours et j'ai cru deviner qu'il accueille les fillettes du cours élémentaire.

 

 

 

Commentaires

MarioB le 29-01-2018 à 16:33:51
Les échecs n'existaient pas. Le cas échéant, la fille était tout simplement mise à la porte de l'institution.
sandys06 le 29-01-2018 à 15:09:29
C est effectivement rigide,rigide. Cela dit,le taux de réussite devait être important!9
MarioB le 28-01-2018 à 02:11:27
Le catholicisme était beaucoup plus intransigeant au Québec qu'en France. Nous n'avons pas vécu la phase de la séparation entre l'Église et l'État, comme cela s'est produit en France au début du 20e siècle.

Ces jeunes femmes allaient devenir tout autant surveillées et jugées dans leur métier, lequel ne durait jamais trop longtemps et se poursuivait rarement après un mariage.
Florentin le 27-01-2018 à 23:09:29
Chez nous aussi, la formation des enseignantes catholiques était rigide, mais pas à ce point. Très rapidement ,les écoles privées se sont pourvues de maîtresses déjà formées. Mais, elles étaient, jusqu'aux années 50 soumises dans leurs établissements à une discipline stricte. On était moins regardant sur leur vie extérieure. Florentin
MarioMusique le 25-01-2018 à 19:48:21
Oh, laissons l'expert s'exprimer !
jakin le 25-01-2018 à 18:41:11
Bonsoir Mario, cette photo ressemble à une Loge féminine de francs-maçonnes au rite écossais.....
MarioB le 25-01-2018 à 07:35:50
Ça a changé et pas! L'école des ursulines de Trois-Rivières est reconnue comme celle de la discipline, avec toujours un uniforme, des règles sévères, etc.
anaflore le 25-01-2018 à 07:28:00
Heureusement que ça a changé !!