En 1968, jeune adolescent, j'ai entrepris des études dites classiques au Séminaire Saint-Joseph, de Trois-Rivières. Profondément détesté chacune des minutes de mes trois années en ce lieu. Le seul bon souvenir que je garde est la présence d'un jeune prof de français, du nom d'Ernest Lovinsky, originaire d'Haiti. Monsieur Lovinsky avait eu entre les mains ma première création littéraire, un texte d'une douzaine de pages, alors qu'il avait réclamé une compo d'une page. J'avais donc récolté d'une mauvaise note, mais sans verser de larmes, car l'homme m'avait félicité pour mon imagination.
Je croise souvent monsieur Ernest, car il habite le même quartier que moi. On se salue, mais rien de plus. Le voyant sur un banc du boulevard, en ce dimanche après-midi, j'ai décidé de faire un pas davantage substantiel. Je lui ai tendu la main et l'ai remercié. Il s'est demandé pourquoi. "Pour l'enseignement du français." Alors, il a bondi, très souriant, visiblement flatté par cette surprise. "Un garçon de 14 ans ne remercie pas un prof. Un homme de plus de 60 ans peut se le permettre. Il n'est jamais trop tard." Je crois que je l'ai comblé, avec ce geste et ces paroles. Quel sourire généreux!
La photo ci-haut date d'une dizaine d'années, alors que monsieur Lovinsky, pour combler ses moments de retraite, avait décidé de devenir camelot pour le journal local.
Commentaires
Croiser. J'ai voulu écrire Croiser. Pfff...
Je suis curieux de le coriser la prochaine fois...
Ça fait du bien de rendre quelqu'un heureux. Ce que dit Jakin, est tout à fait vrai.
Les profs marquent beaucoup de gens. Alors, je lui ai rendu hommage avec cette poignée de mains.
Heureuse initiative. Je crois que, compte tenu de mon âge, il n'y a plus beaucoup de mes anciens profs encore vivants. Mais, j'ai gardé en tête le souvenir de quelques-uns d'entre eux. Certains pour continuer de les détester, d'autres qui m'ont amusé, mais beaucoup pour ce qu'ils mont apporte et pour la marque qu'ils ont laissée en moi. A plus. Florentin
Vrai. Un bon prof et un homme sympathique, qio sourit tout le temps.
On ne perd rien quant on fait une bonne action. Généralement on fait du bien à son interlocuteur, mais l'on se fait du bien à soi même en le disant....