Je viens de me rendre compte que je suis un usager régulier du transport en commun depuis cinquante années. En effet, en septembre 1968, je débutais ma triste carrière de trois ans au séminaire de Trois-Rivières et j'utilisais l'autobus, me déposant plus près de chez moi que celle des écoliers. Oh, bien sûr, j'avais pris l'autobus bien avant, au cours de mon enfance pour, par exemple, me rendre à ma taverne favorite pour me saouler.
Comme j'étais mineur, le prix d'un passage, en 1968, était de dix sous. Aujourd'hui, avec une telle somme, je ne pourrais même pas acheter un bonbon. Il y avait une carte avec photo et on n'avait qu'à acheter une enveloppe 1 dollar, pour 10 occasions. Aujourd'hui, un passage coûte 3 dollars et 30 sous. Ne laissez personne prétendre que l'autobus est le transport des pauvres. Faux!
À ce moment là, les chauffeurs portaient un uniforme et une casquette. Plus maintenant. Il n'y avait pas de femmes au volant. Maintenant, plusieurs tiennent cet emploi, dont une jolie svelte aux longs cheveux blonds.
Il y avait alors moins de trajets. Je crois bien que leur nombre a triplé. Je ne les connais pas tous, car il y a des parties de la ville où je ne me rends jamais.
J'ai des souvenirs relatifs à l'autobus, bons ou mauvais. Mon péché mignon consistait à tendre l'oreille à ce que les usagers devant moi se racontaient. Impossible, maintenant. Ils ne parlent plus, car ils ont la tête penchée vers une tablette. Ceux qui parlent le font dans un téléphone. Pas à leur voisin.
Un bon souvenir : quand, à l'adolescence, j'avais vu dans un véhicule un copain plein de mescaline. Si je ne l'avais pas aidé à descendre près de chez lui, je crois qu'il serait encore là aujourd'hui.
J'ai aussi aimé cette femme qui transportait sans cesse des sacs de linge. Un chauffeur m'avait raconté que c'était tout ce qu'elle faisait de sa vie : promener des sacs. Quelque chose de voisin : pendant une quinzaine d'années, on voyait un petit trapu barbu qui parlait beaucoup. Il était tout le temps là. Un chauffeur m'avait aussi révélé son secret : son rôle, dans la vie, consistait à prendre l'autobus, du premier service (6.30 AM) jusqu'à minuit.
Souvenir affreux : quand, circa 1990, ils ont décidé de mettre la radio dans les véhicules. Z'avez déjà monté dans un autobus avec un mal de tête et entendre Céline Dion ou du rap à tue-tête? Ouille... Ceci a cessé il y a autour de cinq années, parce qu'ils ont mis un robot féminin qui passe son temps à annoncer les prochains arrêts. M'ouais...
Quand j'étais jeune, je laissais ma place aux personnes âgées. J'attends qu'on le fasse pour moi-même!
Mauvais souvenir : à plusieurs moments de la journée, en arrêtant au terminus du centre-ville, les chauffeurs se pressaient de fuir vers un restaurant tout près pour leur pause-café, laissant des usagers dans le froid de l'hiver pendant vingt minutes. D'ailleurs, dans mon roman Des trésors pour Marie-Lou, je décris cette habitude qui fait gueuler Marie-Lou. Aujourd'hui, le terminus a changé de place et les conducteurs sont passés au thermos.
Je me souviens, toujours à l'adolescence, d'un petit prêtre portant encore la soutaine, qui s'installait toujours sur le même banc et qui lisait son bréviaire. Je le trouvais anachronique, mais touchant.
Moins touchant le chauffeur qui n'avait pas arrêté pour me faire monter, alors qu'il pleuvait, que j'avais les mains pleines de sacs de disques, en sortant de la station de radio où je travaillais. C'était le dernier véhicule de la journée et je n'avais pas d'argent pour un taxi pour retournant chez moi. Grrrr...
Nikole : est-ce que les gens dorment, dans les autobus? Pas réellement. Dans les autocars pour de longues distances, oui, je l'ai déjà vu, mais pas dans le transport en commun de Trois-Rivières.
Le souvenir le plus étonnant : en 1999, de biais à moi, j'ai vu une femme en train de lire mon roman Perles et chapelet. Wow! Je me suis senti flatté!
Les autobus ont des univers bien à eux, avec des scènes étonnantes, de la drôlerie, même de la tristesse Alors, je crois bien que je vais continuer, car je n'ai pas d'autre choix.
Commentaires
Les trajets sont sans doute plus longs dans une grande ville comme Paris. Chez moi : 30 minutes pour tous les trajets,
J'ai utilisé les transports en commun pendant des années pour me rendre au travail à Paris. Oui, ces lieux sont de véritables scènes de théâtre, et il me reste encore le souvenir de certains visages, de certaines situations, qui m'arrivent comme des flashs !
Je n'ai jamais conduit de voiture de ma vie. à cause de mon handicap visuel. Alors, je suis un autobus !
Je ne suis pas un amateur des transports en commun Je suis accro à la bagnole. Ce en qui j'ai tort bien évidemment. Mais, ma douce s'en sert régulièrement. Elle a un abonnement qui lui permet d'aller où elle veut quand elle veut. Mais, je crois volontiers que ce soit un le lieu de spectacle permanent. Elle me raconte parfois ce qu'elle y vit et qui n'est pas toujours piqué des hannetons ! Bon week-end. Florentin
Elle est étonnante, car habituellement, les femmes tenant ce type d'emploi sont robustes, alors que cette blonde a un corps de mannequin,
Souvenirs roulants ! J'ai pris les transports en commun toute mon adolescence pour allez au collège et au lycée....On retrouve les mêmes clichés de partout, je crois.....Mais tu aurais du mettre la photo du la jeune femme svelte au cheveux blond....