J'ai acheté ce petit livre en 1994, en usagé, puisqu'il était alors hors commerce depuis longtemps, ayant été publié à l'origine en 1962. Je dois avouer que les récits politiques ne me captivent guère, mais qu'à ce moment, j'étais jeune étudiant universitaire et qu'en Histoire, il fallait s'intéresser à tout.
La crise de la conscription s'est déroulée en 1942 et demeure un jalon des 'deux solitudes' du Canada, c'est-à-dire qu'il y avait les anglophones, puis les francophones, deux îlots de cultures différentes qui ne s'entendaient guère, et dont les manifestations historiques sont nombreuses depuis l'époque coloniale, suite à la conquête du territoire par les Britanniques au 18e siècle.
Je ne vous ferai pas un résumé, car même sous cette courte forme, c'est une histoire complexe, sans doute encore plus pour des Européens. André Laurendeau était alors dans la vingtaine et a vécu activement ce conflit.
L'avantage de son approche est que les chapitres, thématiques, sont courts. Il va à l'essentiel. Ce moment de notre histoire était alors tout près ; à peine vingt années. L'auteur présente une mise en contexte, avec références, la plupart journalistiques, puis il ajoute un grain de sel personnel.
C'est une approche dynamique et le fait que les chapitres soient courts rend la lecture très vivante. Ajoutons que l'homme avait une écriture de grande qualité. Je me souviens m'être servi de ce livre pour prendre des notes relatives à la création de mon roman L'Héritage de Jeanne, se déroulant au même moment.
Les passages qui m'ont interpellé sont ceux où Laurendeau nous parle des anglophones de Montréal s'en prenant aux francophones de la même ville, en scandant, entre autres, le funeste 'Speak White'. Lors du vote autorisant ou non le premier ministre canadien King à se délivrer, ou non, de sa promesse de 1939 de ne pas imposer la conscription militaire, le Canada anglais avait voté massivement OUi et le Québec NON. Le Oui québécois venait en majorité de Montréal, des anglophones. Dans les autres villes, c'étaient des Non à plus de 90 %. C'est exactement le même résultat que lors du référendum des années 1990 à propos de l'indépendance du Québec, signe que l'idée des 'deux solitudes' existe encore (et j'ai vécu une preuve de ceci lors d'une occasion... sportive.)
Un court livre (158 pages) très intéressant. André Laurendeau était un humaniste, un intellectuel journaliste. Aujourd'hui, des rues et des écoles portent son nom.
Faits que j'ai trouvé intéressants. Le livre coûtait alors 1 dollar. Pour le même nombre de pages, comptez 25 dollars aujourd'hui. Aussi : de nos jours, il y a deux distributeurs pour les livres. En 1962, ceci n'existait pas sous cette forme : il y avait des distributeurs par régions seulement.
Commentaires
Il y a quelques années, j'avais emprunté un beau livre récent à la bibliothèque et je m'étais rendu compte que c'était une réédition seulement après 100 pages. C'était un ouvrage de 1958.
Je constate qu'un livre est toujours un élément d'échange...il a une vie parfois très longue avec ses rééditions....Mais attention que les mots ne deviennent pas des maux !
Même habitué à moins trente, on se balade pas en t-shirt et short… on lutte contre le froid en s'habillant chaudement…
Mais on n'a pas à lutter contre le froid. Nous sommes nés avec cette saison. Elle est normale.
J'ai connu une femme née à Schefferville, dans le moyen grand-nord et où des températures sont de - 30 à - 40 en hiver. Pour elle, c'est normal, et quand elle s'est établie près de chez moi, elle pensait qu'il faisait chaud, dans notre hiver.
Etre habitué au froid ne veut pas dire qu'il ne faut pas lutter contre lui…
JohnMarcel : A ce moment, les gens d'ici étaient habitués au froid et il ne faut pas faire un drame avec cette question. Après la conquête, les anglais ont fait tout ce que la France ignorait : les mines, l'exploitation forestière. Je pense alors qu'il y avait davantage de 'grosses légumes' que dans les Caraibes.
Florentin : Un livre lu une seconde fois, troisième, etc, prend un autre sens et on y découvre des choses qui ne nous avaient pas fait sursauter lors de la lecture initiale.
J'ai, moi, la sale habitude de me débarrasser de mes livres. Compte tenu de mon âge, devenu canonique, je sais que ce que j'ai lu, je ne le relirai pas.Alors, je donne dès que j'ai lu ou je porte au Secours Populaire, une association caritative qui les vend pour avoir un peu d'argent. Je ne garde que les livres de références, dicos, histoire, géographie, arts, etc. faut partager, s'pas ?
The Louisania Purchase, Napoléon a vendu les colonies qui restaient aux américains afin de financer ses conquêtes en Europe…
Choisir les Caraïbes peut-être parce qu'il y fait meilleur, que c'est plus acceuillant, qu'on a pas à y lutter contre le froid ?
J'ai toujours pensé que la France se fichait de cette colonie, qui était davantage que le Québec actuel. Ne pas oublier que toute la vallée du Mississippi appartenait à la France, ainsi que la vallée de l'Ohio, d'où des noms de lieux français comme Détroit, Saint-Louis et Nouvelle-Orlèans,
Un petit effort et l'Amérique serait aujourd'hui presque entièrement francophone.
Revenons sur le traité d'il y a 255 ans : On donne les Caraïbes aux anglais et on garde le Québec… ainsi on oublie toute complexité et toi et toute la province sont Français !
Ne reste plus qu'à se mettre d'accord sur l'Ile Verte !
Parce que votre système politique n'est pas du tout le même et que vous n'avez pas la perspective historique politique du Canada et du Québec.
Comment ça complexe pour nous ?