J'ai été étudiant à la maîtrise de 1998 à 2001. Très grand changement! J'étais, en quelque sorte, travailleur libre, mon prope patron dans le projet exigé pour un diplôme : un travail de recherche sur un sujet inédit, ou tout simplement rare. Il y avait quatre cours de formation, puis j'étais flanqué d'un directeur pour le mémoire, avec qui je m'entendais à merveille. Par contre, comme je n'avais plus de relations de sociabilité, ce sont les premiers pas menant vers un divorce avec l'UQTR.
Le sujet choisi était relatif à mes centaines et centaines d'heures passées à la microthèque : l'histoire des salles de cinéma à Trois-Rivières. avec comme centre le Cinéma de Paris (CDP), de 1932 jusqu'à 1963, instant où la salle perd sa vocation première de présenter des films de France.
La salle faisait partie d'un réseau dirigé par le distributeur France-Film, entreprise très dynamique au cours des années 1930 et qui perdra des plumes avec la guerre et l'après-guerre.
Bien que le CDP soit le sujet principal de la recherche, j'ai aussi présenté les autres salles, et même les séances de cinéma alors que la ville n'avait pas de salle. Retour à la microthèque pour prendre T-O-U-T en note, même ce qui m'aparaissait anecdotique. Pour ma salle vedette, c'était aussi profondément tout : des films en programmation jusqu'aux comédiens en tête d'affiche, le tout entreposé sur fichier informatique D-Base. Ajoutons les publicités, porteuses d'un langage parfois déroutant et étonnant. (Observez l'exemple ci-bas.)
Ces séances de micro-film ont duré six mois. Ajoutons de très nombreuses lectures annotées, puis la recherche de l'inédit. J'ai ainsi pu entrer en contact avec un ancien étudiant qui avait travaillé à la salle fin des années 40 début des 50 et qui, entre autres, m'a fourni des photos personnelles, dont celle que vous voyez ci-haut.
Pas terminé! J'ai fouillé les archives de la ville, du séminaire Saint-Joseph, le centre d'archives du gouvernement. Puis il y a eu des voyages à Montréal, à la cinémathèque québécoise, à la recherche de quoi que ce soit pouvant concerner France-Film. Peu d'archives de la part de cette compagnie, mais toutes les revues publiées par ces gens au cours des années 30-40, où j'ai pu croiser un trésor : le courrier des lecteurs. C'est ainsi que j'ai pu 'faire connaissance' avec les goûts de quelques personnes du passé de ma ville et de leurs attraits pour des films et comédiens de jadis. J'ai ai aussi croisé des témoignages dans les archives d'une bourgeoise de ma ville, friande de ciné.
Avec tout le matériel en main, j'étais prêt à la rédaction. Je vous signale que tout ceci s'est passé au cours des années de publication de mes premiers romans et que je voyageais vers les salons du livre, avec des bouquins dans ma valise, pour continuer à travailler pour ma recherche alors que je retournais à l'hôtel chaque soir.
Bilan ? Un mémoire de maîtrise qui avait, dixit le grand directeur, des éléments d'une thèse de doctorat. Aussi : un roman toujours publiquement inédit : Le rossignol des vues animées. Est-ce que j'ai tenté de faire publier ce travail ? Oui, mais aucun éditeur n'en a voulu. Les seuls gens qui ont réclamé le texte : la cinémathèque québécoise. D'ailleurs, je reçois toujours des courriels de ces gens pour me signaler leurs activités, même si cela ne m'intéresse plus. D'ailleurs, chemin faisant, il y a eu un divorce entre le cinéma et ma personne.
Mais l'autre étape m'attendait : le doctorat.
Commentaires
Sujet intéressant !
Cela me rappelle mon propre parcours mais plus exotique sur la petite côte du Sénégal au milieu des pécheurs Lébous sujet de mon DEA : la pêche piroguière sur la petite côte du Sénégal....Mon directeur de mémoire est tombé le cul par terre car mon écriture était plutôt journalistique...Mais j'ai eu mon diplôme avec les félicitations du jury car à l'époque les étudiants étaient plutôt limite....
D'accord, mais il n'y avait pas de date de tombée. Je le faisais à mon rythme qui, je l'admets, a été relativement rapide, mais j'étais réellement 'transporté' par tout ça..
Salut Mario. Ce qui indique bien que les mémoires universitaires demandent uns somme de travail qu'on ne soupçonne pas toujours. Chez nous, c'est la même chose. On nous demande toujours d'être exhaustif et on a toujours peur de ne pas avoir exploré toutes les pistes possibles. Travail de dingues. Florentin