Mon temps au doctorat : 2001 à 2006, alors qu'en réalité, j'avais terminé en 2004. Le but consistait à présenter une recherche historique inédite, supervisé par un directeur de thèse, le même type qu'à la maîtrise, flanqué de trois autres profs de l'UQTR et d'un autre de l'extérieur.
Mon sujet : l'histoire et les discours relatifs à l'Exposition agricole de Trois-Rivières, de 1895 à l'an 2000. Vous connaissez maintenant le refrain : de retour aux microfilms, pour prendre tout en note, mais pas seulement dans les journaux de la ville, mais aussi ceux de la région, de Québec, de Montréal, des Bois-Francs. Bien sûr : des centaines de lectures. Comme l'Expo avait trois volets (Agriculture, commerce et industrie, amusements), je devais connaître ce qui se passait simultanément dans ces domaines.
À ce propos, il y avait à la bibliothèque un département où on pouvait emprunter tout livre en Amérique du Nord, à condition d'être du doctorat. Il s'agissait d'avoir vu un bouquin dans une bibliographie et on pouvait le faire venir. J'en ai profité, avec des livres de Vancouver, de Chicago, du Minnesota, mais surtout un précieux ouvrage sur l'histoire des compagnies foraines qu'on a trouvé à l'U de Miami, en Floride.
Une autre source : l'actuelle direction de l'Expo. La femme m'avait dit : "On n'a pas d'archives" et je lui avais répondu : "Je vais vous en trouver." Il y avait plein de vieux documents dans leur sous-sol, dont une centaine de photos de 1949-50 enroulées et qui cassaient en tentant de les déplier. Aussi : des rapports administratifs d'un temps lointain. J'ai entretenu de belles relations avec cette femme et sa secrétaire, participé en leur compagnie à des promos médiatiques. La patronne me disait que j'étais le grand-père de l'Expo, pouvant raconter sans hésiter ce qui s'était passé en 1928. Elle avait raison et les médias, particulièrement la radio, me téléphonaient une fois par année pour connaître le passé de l'événement.
Je devais montrer à mon directeur les chapitres à mesure qu'lls étaient terminés et il m'avait dit quelque chose qui m'avait jeté par terre. "Pas besoin de mettre toutes ces notes en bas de page. On sait qu'à ce niveau, tu lis beaucoup. La référence, maintenant, c'est toi." Voilà la différence entre la maîtrise et le doctorat. Plus 'pointu', en somme.
Par contre, les deux dernières années ont été pénibles, surtout parce qu'un prof me disait une chose et que je devais modifier et, deux semaines plus tard, un autre prof m'affirmait le contraire. J'en avais soupé de relire sans cesse ce texte, tout comme j'en avais ras-le-bol de l'UQTR.
En vue de la soutenance, les cinq profs devaient m'accorder des points, mais celui de Montréal ne l'a pas fait, ce qui retardait la grande finale et, conséquemment, je devais payer une autre session. Alors, pour une rare fois, je me suis fâché et on m'a donné raison : on se passerait de l'opinion du Montréalais.
Comme dans le cas du mémoire de maîtrise, j'ai tenté de faire publier le texte. En vain. Cependant, deux résumés de mes travaux apparaitront dans le livre Nouvelles pages trifluviennes. Quarante pages, alors que j'en avais écrit près de 500. Beaucoup de connaissances ainsi perdues, mais qui reposent sur les tablettes de l'université et nulle part ailleurs. Très décevant.
Quand tu fais quelque chose d'intelligent, travaux de recherche ou romans, cela ne vaut pas la peine de rendre public, car la société favorise le futile et le tapageur.
La photo ci-haut : une carte postale de 1923, trouvée aux archives municipales. Elle était faite sur du velours. Ci-bas : des enfants de la décennie 1950 ravis par l'Expo.
Ce n'est pas terminé! Deux autres articles vont suivre.
Commentaires
Il faut trouver les centaines de pièces et assembler le puzzle. J'avoue qu'il faut être passionné et... têtu !
Mener une thèse de doctorat, c'est un travail de titan. Je me suis dégonflé. Je suis un grand paresseux. Par bonheur, il y a des gens comme vous pour nous servir de référents quand on en a besoin. Merci pour tout ! Florentin
Sujet original.
Il y avait en même temps que moi un gars qui s'est penché sur la gymastique et les sports dans deux collèges classiques de Trois-Rivières, tenus par des religieuses et des prêtres.
Notre avantage aura été de nous pencher sur des aspects inédits de la ville, ce que le département d'Histoire de l'UQTR appréciait beaucoup.
Très intéressant cette expérience...Je vois que de partout c'est la même chose...En ce qui me concerne mon mémoire de Maîtrise portait sur le jeux de pétanque en compétition. Mais pour passer le Diplôme du DEA (diplôme d'étude approfondie) mon directeur de mémoire m'a fait savoir que ce n'était pas sérieux pour présenter une Thèse de Doctorat et j'ai alors recommencé mon travail en choisissant la Pêche piroguière au Sénégal...Heureusement pour la pétanque mon travail a été déposé au Musée de la Pétanque et je suis devenu comme toi le référent pour ce jeux de boules....