Depuis une dizaine de jours, il m'arrive des trucs rares. Il ne s'est pas passé une journée sans recevoir des courriels de mon éditeur, plus que souvent pour m'annoncer des choses différents de la veille et qui concernent le distributeur.
J'avoue ne pas avoir eu de relations avec ces gens. Sauf que je crois que ce qui m'arrive prend sa source avec un fait vécu au salon du livre de Trois-Rivières, de 2016.
J'avais alors rencontré une femme travaillant pour le distributeur et j'avais enfilé des gants blancs pour lui avouer que quelqu'un dans sa boîte n'avait pas fait son travail, me fiant à des statistiques fraîches à l'effet que beaucoup de bibliothèques publiques, fidèles à mes romans, n'avaient pas acheté Gros-Nez le quêteux et Le pain de Guillaume. Ce que je disais semblait la rendre mal à l'aise.
La même année, l'éditeur me larguait et m'annonçait que ce qui restait de romans serait soldé. J'ai pu sauver ces romans in extremis. En 2018, il change son fusil d'épaule et m'annonce qu'il pourrait publier un nouveau roman et, dans le même message, me dit qu'il solderait les deux autres. Je lui avais répondu qu'un auteur ayant trois livres sur le marché avait plus de chances de réussite que le même qui n'en a qu'un seul. Je venais de sauver à nouveau les deux livres.
Au début de la présente année, il revient avec son désir de publication, mais encore avec l'idée de solder les invendus. Je lui avais répondu : "Soldez ces livres et vous n'aurez aucun texte de ma part." Encore changé son fusil d'épaule.
Un des messages de la semaine dernière provenait du distributeur, via l'éditeur, annonçant que les deux romans pourraient revenir à leur catalogue à plus petit prix, à condition qu'un troisième leur arrive entre les pattes. L'éditeur m'a avoué que ceci est très rare. Je n'en doute pas : un distributeur est intéressé aux nouveautés, et non à des bouquins qui datent de trois années. Quant au chiffre de vente plus bas, je n'ai rien contre, ayant toujours pensé que ces romans étaient vendus à un prix trop élevé.
J'avais fait parvenir à l'éditeur deux textes pouvant aiguiller le public vers les deux autres : Grand-Regard et la Lumière (car le dit personnage Grand-Regard apparaît dans Gros-Nez le quêteux) puis Les enfants, Jackie et Rachel Robinson, roman basé sur des célèbres personnages réels et sur leur séjour à Montréal, en 1946.
L'éditeur a choisi Grand-Regard, davantage à risque. Or, il semble que le distributeur était au courant de ma démarche et qu'en apprenant que j'avais écrit sur les Robinson, ils ont cru que ce serait plus facile à refiler aux marchands. Plus 'commercial', en quelque sorte.
Bref, le choix de l'éditeur irait sur celui qu'il avait d'abord rejeté, ceci le temps de quatre jours.
Le distributeur, toujours via l'éditeur, a réclamé que je participe au salon du livre de Trois-Rivières, fin mars, pour proposer les deux romans à rabais, à condition de parler du livre Robinson. Habituellement, ce sont les éditeurs qui s'occupent de la présence des auteurs dans ces salons. Pas un distributeur.
Autre message de ces gens : s'il me serait possible de préparer quoi que ce soit concernant Robinson à donner au public. Il a aussi été question d'une page couverture, qui serait prête avant le livre. Nous en sommes là. Je leur ai fait parvenir des photos pour qu'un concepteur s'en inspire, aussi donné mon avis sur cette présentation. De nouveau, c'est un éditeur qui décide ceci. Pas un auteur!
Bref, je n'ai jamais été autant sollicité par un distributeur, alors qu'habituellement, c'est l'éditeur qui me pousse dans le dos. Tout ceci est anormal, mais flatteur. Je me sens gonflé à bloc, même si je sais que beaucoup de choses peuvent... ne pas se produire, dans cet univers bordélique du livre publié.
J'en suis là en me demandant quelles surprises vont surgir la semaine prochaine.
Ah, autre étonnement : l'éditeur, en février dernier, m'avait demandé lequel des mes livres j'aimerais voir sur le marché. C'est bien la première fois qu'un auteur décide une telle chose! Au fait, j'ai une certitude : l'éditeur n'a lu aucun des deux textes. La confiance règne, hein....
Photo ci-haut : Rachel et Jackie Robinson.
Pour lire un extrait de ce très futur roman, cliquez sur ce lien :
http://marioromans.vefblog.net/
Commentaires
Nouvelle du lundi : le distributeur me donne de smiettes, comme horaire au salon du livre...
Salut Mario, je constate que tu ne t’ennuies pas avec ton distributeur...
Balle molle? Pffff... Je sais une chose dès le départ : Je devine que les gens vont penser que c'est un roman sur le baseball, alors que ce n'est pas le cas. Le personnage principal est Rachel, sans cesse présente, alors que Jackie est souvent parti. C'est un roman sur la tolérance inter raciale. Rachel Robinson était une femme extraordinaire ! Elle a de nos jours 96 ans.
Choco : je l'ai déjà fait, sous forme de comédie et d'un échange entre l'âme et la raison, mais je ne l'ai jamais copié en fichier informatique Bref, c'est un texte que je ne considère pas trop...
Jacky Robinson c’est tu un joueur de balle mole. Lache pas c’est motivant pour toi
De quoi en faire un roman !
Ce qui m'a étonné est que ceci parvenait du distributeur,
C'est un monde de cinglés. ¨Même les éditeurs les plus conservateurs le sont aussi. J'imagine que je le suis aussi, mais je n'ai jamais écrit une ligne en pensant à des conneries comme la célébrité, la reconnaissance et tous ces leurres médiatiques.
Si la vie d'un auteur, c'est celle que tu vis,,avec tous ces tracas, je suis heureux de n'avoir pas cédé à la tentation d'écrire. Je crois qu'ici en France les choses ne sont pas faciles non plus. A moins, bien sur, d'être un auteur célèbre, auquel cas, on te déroule le tapis. L'ennui, c'est que pour être celui-là, il faut parfois avoir plus que tu talent. De la chance ... Florentin