Je n'ai jamais appris l'anglais, parce qu'à l'école, j'étais un étudiant médiocre. L'apprentissage est venu par moi-même, sans que je ne le décide. Au Québec, il y a une culture nord-américaine anglophone, parce que nous sommes entourés d'Anglais, par les provinces voisines et les USA au sud. Il y a donc des journaux et revues anglaises sur les étagères du Québec, des stations de radio et de télé.
Il y a pourtant eu un déclic séducteur, en 1972. Mon prof d'anglais, voulant être à la page, était arrivé avec les paroles de la chanson American Pie, de Don McLean. Nous devions former des petites équipes, traduire un couplet et l'expliquer aux autres. J'aimais d'avance cette chanson et en travaillant à la traduction, je me suis rendu compte que McLean chantait autre chose que des 'I Love You'. Je le constaterai plus tard : American Pie est une chanson au texte dense et pleine de métaphores. De plus, le choix de mon prof était motivé par un fait éducatif : ce chanteur avait une diction exemplaire (et il l'a encore de nos jours. Je possède une vingtaine de ses disques). J'ai donc acheté le microsillon (à trois reprises) et cet exercice scolaire a donné naissance à une habitude : quand il y avait les paroles des chansons dans la pochette d'un 33 tours, j'écoutais en suivant les textes des chansons. Il y avait aussi des revues pour ados qui ne m'intéressaient guère, sauf qu'à la fin, on croisait une section avec les paroles de succès à la mode. C'est fou comme je connais par coeur plusieurs de ces pièces! Aujourd'hui, avec un nouveau disque, je comprends les paroles dès la première écoute, sauf dans le cas de propos davantage intellectuels. Les disques m'ont graduelement familiarisé avec le vocabulaire, la prononciation.
Ensuite, il y a eu le cinéma. Je regardais les vieux films américains dans leur langue, via le réseau anglais de la télé d'état et, un peu plus tard, par le PBS yankee. Pourquoi ? Parce que je trouvais les VF stupides, avec des paroles qui ne suivaient pas les mouvements des lèvres et qu'on perdait le sens premier désiré par le scénariste. Je me souviens d'un ami pensant la même chose et, conséquemment, quelques fois par année, nous nous rendions dans les salles anglo de Montréal pour voir les versions d'origine. Entre autres les films de Woody Allen, car leurs VF étaient médiocres et ne rendaient pas du tout compte du verbe de Woody. De plus, on avait donné au comédien une voix de crétin, très éloignée de la véritable voix de Woody. J'ai poursuivi ceci jusqu'à ce jour et à mes yeux, l'arrivée du format DVD fut une libération pour moi, car on pouvait cliquer sur la fonction VO. D'ailleurs, lors de mes piratages, je jetais à la corbeille la VF pour gagner de l'espace lors de la copie. Le cinéma m'a permis d'associer des mots anglais à des gestes, des attitudes, des situations. Visualiser la parole, en somme.
Lire des textes anglais? C'est venu avec les revues de rock, entre autres Rolling Stone. À l'université, pour mon mémoire de maîtrise et la thèse de doctorat, je lisais en anglais sans problème et j'ai acheté plusieurs de ces bouquins.
Écrire en anglais ? Une autre paire de manches, car je n'ai aucune notion grammaticale de cette langue. Un premier effort tardif, quand je me suis branché Internet et que j'échangeais en anglais avec une jeune femme du Connecticutt, qui me répondait en français. Une façon d'apprendre. D'ailleurs, cette fille avait un nom de famille français, descendante des Québécois s'étant exilés dans les états de Nouvelle-Angleterre et l'assurance d'emplois. Son père ne parlait pas français, mais son grand-père : oui. Elle désirait retrouver ses racines.
Sur Multiply, j'écrivais mes articles dans les deux langues et j'échangeais avec un jeune de l'Ouest canadien désireux de connaître des chansons du Québec, ainsi qu'avec un Américain de St-Louis, amateur de musique soul et de baseball. C'est lui qui m'a confirmé qu'il n'y avait pas de fautes dans mes textes, ayant noté que lorsque je ne savais pas comment écrire ma pensée, je prenais des détours explicatifs.
Est-ce que je me considère bilingue ? Je ne sais pas. Je n'ai jamais pensé volontairement à une telle chose. Voici une anecdote savoureuse à propos de tout ceci. Voilà une douzaine d'années, il y avait un tournoi pan-canadien de jeunes joueurs de baseball. Me rendant au stade, je parlais avec des anglais sans problème. Un jour, il y avait près de moi un monsieur âgé qui agitait une cloche pour encourager son équipe de la Nouvelle-Écosse. Alors, je lui ai parlé en anglais, lui demandant d'où il venait, s'il avait fait bon voyage, s'il appréciait Trois-Rivières et le stade quand soudain, il se retourne vers le terrain car son petit-fils se présentait à la plaque. Alors, il a lancé : "Allez Alexandre! Concentre-toi et tu frapperas en lieu sûr!" Bref, je parlais en anglais à un acadien francophone!
L'ORGUE POUR CET ARTICLE EST ICI :
http://mariomusique.vefblog.net/36.html#Et_une_autre_organiste
Heureux de vous présenter Guillaume :
http://marioromans.vefblog.net/1.html#Guillaume
Commentaires
Ce n'étais vraiment pas mon cas ! Comme indiqué dans l'article, je suis passé par les disques et les vieux films.
Les films Warner des années 30 étaient pleins d'argot, syle Kisser, pour les lèvres d'une fille !
J'ai également appris l'anglais au collège, et ça m'a plu très vite, j'étais bon élève, sans avoir jamais appris une leçon…
Bien sûr l'anglais en Angleterre c'était autre chose…
Amusant : il parle l'anglais comme une vache espagnole ! Ah! Ah!
Oui, la France est entourée de pays de différentes langues : Italie, Espagne, Allemagne etc et c'est plus facile d'avoir des contacts avec diverses langues.
J'ai un copain qui est camionneur depuis une vingtaine d'années et ses missions le mènent toujours aux USA. Pour obtenir le poste, il fallait être bilingue. C'était son cas., Cependant, il a été étonné quand je lui ai dit qu'il parlait anglais avec plus d'aisance qu'autrefois. Il baignait dans la langue, en effet.
Salut Mario. Comme tous les Français, j'ai appris l'Anglais à l'école. Mais je le parle comme une vache espagnole. Personne ne comprend ce que je dis, car mon accent est sûrement à couper au couteau et mon débit trop lent. Paradoxalement, je parle mieux l'Italien, que je n'ai pas appris, mais que j'ai beaucoup fréquenté, ma moitié étant d'origine ritale. Je crois que pour bien s'exprimer dans une langue, il faut baigner dedans. Souvent. C'est, je pense, ton cas. Bien amicalement et à plus. Florentin
Au fait, pour vérifier si il n'y avait pas d'erreurs dans le fichier, j'ai chanté la chanson au complet !
Coucou Mario..
Toujours aussi fidèle à l'égard de la doyenne ! pour la leçon d'anglais c'est hors de question, il faudrait déjà que je parle correctement le français ...
Bise de retour..