Mario Bergeron multicolore

Quotidien, souvenirs, coups de coeur, etc.

posté le 14-09-2015 à 01:03:51

Québécisme : Baboune

 

Vous avez vu la baboune de cet enfant ? Oui ? Vous aurez compris que le québécisme baboune est le synonyme de bouder. L'expression faciale d'une personne qui boude est le nom. Il y a aussi le verbe : babouner. Exemple : "Cesse de babouner et viens t'amuser." On peut aussi dire : "Ne fais pas la baboune." Baboune désigne aussi des grosses lèvres. "Les Noirs ont des babounes plus imposantes que les Blancs."

 


Commentaires

 

1. Nikole-Krop  le 14-09-2015 à 10:41:19  (site)

Un mot expressif, qui vient, après vérification, du baboon anglais qui signifie babouin. Et donc un rapport avec ce mot, en français, d'autant qu'en plus du sens de singe (il existe un vx babouiner en français voulant dire faire des singeries) babouin était en langage familier le nom d'un bouton sur les lèvres.
Et pour l'anecdote, c'est le nom qu'"un indien dans la ville" donne à son père : "Baboun baboun !"

2. jakin  le 14-09-2015 à 12:53:04  (site)

Bonsoir Mario, Et voila, c'est Nikole qui m'a coupé l'herbe sous le pied avec la référence au Babouin....

3. MarioB  le 14-09-2015 à 12:53:42  (site)

Je m'en doutais un peu.
Merci !

4. MarioBergeron  le 14-09-2015 à 14:29:05  (site)

Nikole est une experte du langage.

5. Florentin  le 17-09-2015 à 10:33:49  (site)

L'image et l'expression sont parlantes !

6. MarioB  le 17-09-2015 à 10:59:40  (site)

Merci !

 
 
 
posté le 12-09-2015 à 12:28:32

Rock & Folk

 

Le rock & roll et la musique pop-rock, je ne l'ai pas qu'écoutée : je l'ai beaucoup lue. Question de se ternir informé, de découvrir. Au cours des années 1970, les revues américaines axaient beaucoup leur contenu sur les vedettes, tandis que les rares papiers québécois avaient les deux pieds dans le rock progressif et le folklore. Je devais avoir d'autres alternatives et j'en ai trouvé une sous la forme d'un mensuel français du nom de Rock & Folk.

Bien sûr, il y avait aussi en ces pages des reportages avec des vedettes, mais la revue se penchait aussi sur des artistes un peu hors norme, marginaux. C'est par la voie de Rock & Folk que j'ai connu des gens comme Tom Waits, Jonathan Richman, JJ Cale, Nick Lowe, REM, Cramps, Ramones, tout le mouvement punk britannique, tant d'autres artistes jamais cités dans les publications du Québec. De plus, il y avait là une écriture rock des plus intéressantes. On y croisait un journaliste talentueux du nom de Philippe Garnier, qui nous entretenait aussi de cinéma et écrivait des articles de fond très riches sur des artistes du passé.

Acheter Rock & Folk une fois par mois était une priorité, une joie certaine. J'avais tous les numéros de 1974 à 1987, trouvé quelques uns plus anciens, et j'y retournais sans cesse pour relire des articles aimés au premier abord.

Cependant, cet aspect de faire découvrir est disparu progressivement autour de 1984. De plus, je commençais à être agacé par tous ces mots anglais pour remplacer des mots français. Par exemple : charts pour palmarès, single pour 45 tours, etc. J'ai abandonné. La collection prenait beaucoup de place chez moi, d'autant plus que c'est moins aisé de conserver des revues que des livres. J'ai découpé mes articles favoris, réunis dans une boîte, puis j'ai jeté tout le reste.

La revue existe toujours de nos jours et je me demande ce que c'est devenu...

Tags: #rock
 


Commentaires

 

1. Nikole-Krop  le 13-09-2015 à 03:58:28  (site)

Je me souviens de l'achat de mon premier RetF, en 1971, avec une photo de Santana sur la couverture. Je ne connaissais personne ou presque des gens dont ils parlaient. Je l'ai acheté régulièrement pendant des années, et j'en ai encore de nombreux, en tas, avec des trous, car il y avait de très belles illustrations de photos (pour le courrier en particulier) en NB et je découpais et collais sur les couvertures de cahiers, de dossiers ... Il m'est arrivé, adulte, d'en acheter un de façon ponctuelle, mais de façon générale, je n'achète plus de magazinez, ça coûte cher et ça encombre. Qu'est-il devenu ? Il est dirigé par Philippe Manoeuvre, enfin, je pense que c'est encore le cas, lequel était dans ma classe, au lycée, en 1971 justement.

2. MarioB  le 13-09-2015 à 11:43:32  (site)

Oui, il y avait de belles photographies, mais aussi des BD de Serge Clerc, qui se manifestait aussi sur des pochettes de disques.
Philippe Manoeuvre jouait le rôle du critique au vitriol, avec des mots davantage parlés qu'écrits. C'était souvent rigolo.
Moi non plus, je n'achète plus de revues, pour les mêmes raisons que toi. Par contre, on peut les consulter à la bibliothèque et il m'arrive de m'installer à une table pendant 30 minutes avec quelques revues.

 
 
 
posté le 11-09-2015 à 00:59:36

Les Franco-Américains

 

Si vous visitez les États de Nouvelle-Angleterre (New Hampshire, Connecticutt, Massachusetts, Maine, Vermont), vous serez étonné de croiser des noms de rues en français, des raisons sociales de commerces, de serrer la pince à un homme du nom de Dupont, mais qui sera incapable de vous saluer en français. Un descendant du demi-million de Québécois qui ont fui leur pays au profit des villes américaines, du milieu du 19e siècle jusqu'en 1930.

Les raisons de cet exode ? La pauvreté. Les familles imposantes de la campagne favorisaient le fils aîné, futur héritier de la terre paternelle. Le cadet était le défavorisé et l'avenir n'était pas rose pour ces jeunes hommes. Ce sont eux qui se sont exilés, assurés de trouver du travail et de gagner un salaire hebdomadaire dans les usines et manufactures américaines. Une réalité, tout comme celle que cette main-d'oeuvre était sous-payée. Les Américains de souche surnommaient ces Canadiens des "Chinois de l'est", en pensant aux Orientaux qui travaillaient pour quelques dollars dans l'Ouest.

Les fugitifs reproduisaient dans ces villes américaines l'organisation sociale de leurs villages. Ils habitaient tous les mêmes quartiers, surnommés les "Petits Canadas". Ils avaient leurs églises, prêtres et religieuses, leurs journaux, leurs associations, leur culture, etc. Et ils parlaient français. Sauf que l'Américain étant ce qu'il est, l'assimilation s'est mise en branle dès que le pays eut fermé ses portes aux immigrants, en 1930.

J'ai vécu, au cours de mon adolescence, une expérience de cette réalité avec une famille franco-américaine de la région de Manchester, au New Hampshire. C'était au cours de l'été 1972. Mon grand-père paternel avait appris que son beau-frère, son grand copain de jeunesse, était sur le point de trépasser. Grand-papa Alfred avait exprimé à son fils (Mon père) le désir de serrer son ami entre ses bras une dernière fois. Le franco-américain se nommait Côté et avait épousé une autre francophone. Plusieurs enfants sont venus, dont ce Robert, qui nous accueillait. Robert avait deux filles, à peu près de mon âge. Ce qui m'était apparu limpide : le vieillard s'exprimait avec un bon vieux français paysan typique du Québec ; son fils Robert s'efforçait de nous parler français, mais avec un accent anglais ; les deux filles auraient été incapables de me dire Bonjour. D'ailleurs, j'avais été confié à ces demoiselles, qui ne semblaient pas savoir que faire de moi. J'étais tout autant incapable de communiquer, mon anglais se limitant alors à Yes et No. Je me souviens que nous avions écouté  des disques, dont le Chuck Berry London Sessions, ce qui m'a permis de mettre une date à ce voyage : 1972. Nous avions aussi fait une promenade en forêt. Robert était propriétaire d'une station-service, mais son nom avait été adapté à la réalité yankee : Bob Cote.

Au cours des années 1990, l'homme Robert s'était permis un voyage touristique dans le pays de son père et il avait rendu visite à mon papa. L'Américain m'avait serré la main, me faisant remarquer que ses filles se souvenaient de moi.  Un peu plus tard, mon premier éditeur avait distribué un livre de contes écrit par un franco-américain. L'auteur avait participé à quelques salons du livre et se sentait heureux de pouvoir s'adresser en français au public. J'avais aimé m'entretenir avec cet homme, un ancien professeur maintenant à la retraite. Il m'avait raconté qu'il ne restait presque plus rien des petits Canadas de jadis, de la fierté de la culture francophone de ces exilés et qu'en Nouvelle-Angleterre, il y a plein de gens avec des noms français, mais qui ne connaissent pas la langue. Exemple : la chanteuse Natalie Merchant (à l'origine : Marchand).

L'assimilation se fait progressivement, à notre insu, surtout quand nous remplaçons des mots français par leur équivalent anglais. Le Québec s'est redressé face à cette situation, mais la lutte n'est jamais terminée. Soyons fiers de notre culture et protégeons la richesse de notre belle langue.

La photo ci-haut : le plus célèbre des franco-américains : l'écrivain Jack Kerouac, nom qui, au Québec, se dit Kirouac.

Tags: #langue
 


 
 
posté le 10-09-2015 à 00:38:10

Boulevard des Forges

 

Un coin de ma ville que je connais bien, puisque j'ai souvent emprunté le boulevard des Forges pour me rendre au stade de baseball de Trois-Rivières. Il suffisait de passer la Porte Duplessis (Le truc blanc, au fond) et de tourner à droite et c'était tout près.

J'attire votre attention vers le moulin. Un vestige du 17e siècle. À l'origine, il était situé le long du fleuve Saint-Laurent, tout près d'une usine de pâtes et papiers. Un jour, l'usine achète ce terrain afin d'agrandir leurs installations. Le moulin était de trop. Alors, la direction a dit au conseil municipal : "Votre cabane, vous l'enlevez ou on la rase. Point!" Désireux de garder cette pièce rare du patrimoine, la municipalité a déménagé le moulin, mais je n'ai jamais, oh grand jamais compris pourquoi ils l'ont fichu au milieu d'un boulevard !

Tags: #boulevard
 


Commentaires

 

1. jakin  le 10-09-2015 à 12:52:29  (site)

Bonsoir Mario, quelque fois l'absurde dépasse l'entendement, ils ont peut être pensés qu'il s'agissait d'un élément décoratif ?

2. MarioMusique  le 10-09-2015 à 16:33:36  (site)

Voilà leur logique bizarre ! Au fait, la porte est cadenassée, mais décorée d'un signe d'interdiction de fumer. Hmmm...

3. Florentin  le 11-09-2015 à 11:05:52  (site)

Ils l'ont placé là, sans doute parce que c'était un iieu de passage et que c'était là qu'il serait davantage vu.

4. MarioB  le 11-09-2015 à 12:15:22  (site)

C'est vu, mais pas... regardé !

 
 
 
posté le 09-09-2015 à 01:30:27

Harold et moi

 

J'ai connu Harold Lloyd en 1986, lors de l'achat de mon premier magnétoscope. Mon but était d'enregistrer des vieux films. À ce moment-là, la télé d'État passait un ou deux films de Lloyd chaque vendredi. Coup se foudre immédiat. Comme je les ai regardées, ces cassettes... Le temps du DVD venu, je me suis procuré la collection Harold. Grande surprise : la télé coupait des scènes entières. De plus, la restauration DVD était incomparable, la musique ajoutée de meilleure qualité et je pouvais aussi avoir droit à des courts métrages de 1920 et 21.

Dans les encylopédies, Lloyd est défini comme le comique No 3, derrière Charlot et Buster. En réalité, à ce moment-là, les films de Harold étaient plus populaires que ceux des deux autres. Il y a plein de trucs charmants et inventifs chez Lloyd. D'abord, il ne portait pas de déguisement, sinon ses petites lunettes rondes. De plus, Harold ne jouait pas un personnage, mais plusieurs, et souvent opposés. On le voit en pauvre campagnard, en millionaire oisif, en grand timide, en homme marié ou en éternel optimiste. Cependant, un point commun : Harold se retrouve souvent dans une impasse et c'est à ce moment qu'il trouve un niagara d'énergie pour s'en sortir. Un fait que j'adore : les films de Harold, contrairement à ceux de Buster et Chaplin, n'ont rien à voir avec la comédie de vaudeville ou avec l'héritage du music-hall. Ils sont ancrés dans la réalité des années 1920, avec ses modes vestimentaires, ses attitudes.

Harold Lloyd était un maître du comique de situation. Tout ce qu'on voit dans ses films était réaliste et aurait pu arriver au voisin. Il y a des dizaines de scènes trompe l'oeil. Par exemple, au début de Safety Last, on voit Harold l'air défait, les mains soudées à des barreaux, parlant à sa fiancée en ayant le goût de pleurer. Tout laisse croire qu'il est en prison. Mais la caméra recule et on constate plutôt que Harold est derrière une grille dans une gare et qu'il dit adieu à son amie, car il vient de trouver un emploi à la ville. Autre exemple : au début de Movie Crazy, on voit Harold assis confortablement dans une limousine de luxe. Soudain, la voiture tourne et on se rend compte que Harold est à vélo, qu'il roulait près de la limousine.

Les meilleurs films de Harold sont ceux où il a la jolie Jobyna Ralston comme vedette féminine (Photo ci-haut). J'adore aussi Speedy (1928), son dernier film muet, tourné à New York, avec des scènes extraordinaires à Coney Island et d'autres au stade des Yankees (Avec le véritable Babe Ruth). Son premier film sonore, Movie Crazy (1931), est aussi un incontournable, surtout parce qu'il garde son esthétique du muet et qu'il y a la bagarre la plus dingue de l'histoire du ciné.

Je sais que les Chaplin et Keaton circulent beaucoup dans les boutiques de location de films, mais surprenez votre marchand en demandant  : et Harold Lloyd ? Je vous souhaite de vous délecter un jour de ces films comiques attachants.

Tags: #comédie
 


Commentaires

 

1. jakin  le 09-09-2015 à 11:14:44  (site)

Bonsoir Mario, quel beau plaidoyer pour cet acteur comique !

2. MarioB  le 09-09-2015 à 12:38:03  (site)

Chaplin + Keaton + Lloyd, j'y reviens une fois par année, même si je connais ces films par coeur.

3. Florentin  le 11-09-2015 à 11:03:33  (site)

Moins médiatisé que les deux autres et passant, de ce fait, moins souvent à la télé, je l'ai moins apprécié prce que moins vu. Mais, je me souvens bien de lui. Tu m'alertes là. Je vais essayer de me passer une ou deux vidéos pour me remémorer. Bon week-end. Florentin

4. MarioB  le 11-09-2015 à 12:14:43  (site)

Lloyd, c'est un délicieux portrait de la vie des années 1920.

 
 
 
posté le 07-09-2015 à 00:55:42

Le Gros marteau

 

Le nom de ce lieu était la Fonderie Bellefeuille, ouverte au milieu du 19e siècle à Trois-Rivières. Cependant, à cause de l'ornement de ce marteau géant sur la devanture, l'endroit est devenu, dans l'imagination populaire, le Gros Marteau. Au cours des années 1920, la municipalité a adopté un règlement interdisant les enseignes faisant de l'ombrage dans les rues. Le marteau a donc été retiré, mais les gens ont protesté, si bien que le conseil municipal a décidé de faire exception. La fonderie a fermé ses portes au début de la décennie 1960 et la vieille manufacture fut démolie. Cependant, le gros marteau a été conservé dans le musée du séminaire Saint-Joseph.

 

La fonderie du Gros Marteau est présente dans mes romans, particulièrement dans Ce sera formidable et dans mon tout premier, Tremblay et fils. Dans cette fiction, la petite Jeanne a une peur épouvantable à l'idée de passer sous le marteau, craignant qu'il ne tombe sur sa tête. Son frère Roméo tente de lui montrer qu'un tel danger n'existe pas. C'est ce que l'on voit sur la page couverture.

 

Tags: #roman
 


Commentaires

 

1. jakin  le 07-09-2015 à 11:04:37  (site)

Bonsoir Mario, les ouvriers de cette fonderie posent sous le marteau sans trembler !

2. MarioBergeron  le 07-09-2015 à 12:44:55  (site)

Ils ne sont pas des petites filles de cinq ans !

3. Florentin  le 08-09-2015 à 11:02:09  (site)

Une enseigne qui a le mérite d'être aussi parlante qu'originale. J'ai un beau-frère qui, à un moment de sa vie, s'est amusé à photographier toutes celles qu'il voyait. : il en a aussi d'expressives ...

édité le 08-09-2015 à 17:02:32

4. MarioB  le 08-09-2015 à 15:58:19  (site)

C'était la façon de faire au 19e siècle et un peu au 20e. Sur les anciennes photos, on voit toujours un gros objet pour désigner le type de commerce. Je me souviens avoir vu un ciseau géant, pour un tailleur.

 
 
 
posté le 06-09-2015 à 01:01:55

Zoothérapie

 

À la résidence de ma mère, une femme se présente quelques fois par mois avec ses animaux pour les montrer aux pensionnaires. Je suis souvent de la partie, car j'aime les animaux (sauf les politiciens) et que je me plais à regarder la réaction des personnes âgées. Le nom du métier de cette femme : zoothérapeute. Les bêtes font du bien à des gens qui, en principe, sont malades, en difficultés, avec des pertes d'autonomie. Cette Hélène n'a pas que des vieux comme clientèle, mais aussi des enfants, des adolescents. On peut aussi prendre rendez-vous chez elle pour une séance plus intime.

 

Il y a un perroquet du nom de Délima, que ma mère aime beaucoup. Aussi un chien sourd, puis des oiseaux, chiens, mais pas de chats. Ces animaux n'appartiennent pas tous à Hélène. La première chose dont je me souviens est mon père, aussi pensionnaire à cet endroit, qui ne pouvait plus parler, ne nous reconnaissait pas, mais qui s'éveillait en caressant un chien. Aussi, une femme qui jurait détester les animaux, mais qui était toujours au premier rang pour les voir, les toucher. Il y a des émotions qui sont presque enfantines, touchantes, chamantes.

Les animaux présents sont doux et je crois qu'ils connaissent leur rôle. De plus, Hélène sait comment les présenter, ce qu'il faut dire et faire pour rejoindre les personnes. Ma mère est friande d'animaux domestiques et la venue de la zoothérapeute représente une grande fête. Nous nous sommes rendus deux fois chez Hélène.

La photo : ma mère et un cheval miniature baptisé Victor. Il va de soi qu'avec sa taille, ce cheval touche les publics de tous les âges. Victor a bonne réputation dans ma région, si bien qu'il a participé à un film et à une émission de télé.

Tags: #maman
 


Commentaires

 

1. Nikole-Krop  le 06-09-2015 à 11:30:57  (site)

Belle initiative.
Et beau récit.

2. MarioMusique  le 06-09-2015 à 15:12:38  (site)

Merci. Je l'aime bien, le petit cheval !

3. Florentin  le 08-09-2015 à 11:07:44  (site)

C'est une thérapie que l'on utilise aussi chez nous, mais si on ne lui donne pas ce qualificatif. Les animaux du genre douc et affectueux font du bien, c'est vrai, aux personnes fragiles et en mal d'affection. Comme parfois dans les maisons de retraite, où on trouve parfois des pensionnaires quasi-abandonnés par leurs familles.

4. MarioMusique  le 08-09-2015 à 12:31:34  (site)

Je pourrais en parler longtemps. Chez mon père, ayant perdu tout contact avec la réalité, c'est émouvant de le voir si calme en caressant un chien.
Merci pour cet aimable commentaire.

 
 
 
posté le 04-09-2015 à 01:07:51

Une rencontre émouvante et inoubliable

 

C'était entre Noël et le Premier de l'An 1982 ou 1983. Je me rendais alors à Montréal une fois par mois pour dévaliser les disquaires. À cause du congé de Noël, l'autobus était débordant de passagers et une femme s'est invitée à prendre place à mes côtés, ce que je n'aime pas particulièrement, car ces personnes se croient alors obligées de me parler.

C'était le cas : elle m'a parlé. J'ai oublié mon aversion, car cette Danielle, au début de la trentaine, a rapidement éveillé ma curiosité. Elle s'exprimait clairement, mais avait l'étrange habitude de cesser abruptement de parler et d'être incapable de continuer. J'ai alors compris qu'elle souffrait d'une maladie et me suis montré poli. Elle abordait tous les sujets, mais toujours ces arrêts, comme si le néant l'empêchait de poursuivre. À une occasion, elle a baissé la tête, émue, comme si elle se rendait compte de la situation. Je la trouvais touchante. Danielle venait de passer Noël chez une amie et retournait chez elle, à Valleyfield.

Au terminus de Montréal, elle cherchait le point d'arrêt pour le véhicule à destination de sa ville. Comme elle ne savait pas s'y prendre, je l'ai aidée, me suis rendu compte qu'il n'existait pas d'arrêt. Un employé m'a indiqué qu'il y avait un terminus pour les véhicules des villes périphériques à la dernière station de métro vers l'ouest. J'ai vite réalisé que Danielle ne s'y retrouverait pas, qu'elle serait incapable de retourner chez elle.

Alors, je l'ai accompagnée. En attendant le métro, Danielle regardait droit devant elle, avant de me dire : "Il ne faut pas que je me lance sur les rails, Mario." Non, il ne fallait pas... À destination, je me suis renseigné. Il y avait trente minutes d'attente avant l'arrivée de l'autobus pour Valleyfield. Je lui ai payé un goûter et nous avons marché à l'extérieur. Chaque fois qu'un véhicule se présentait, elle bondissait : "C'est pour Valleyfield ?" Non, Danielle... J'ai alors pensé qu'elle ne savait pas lire.

Le bon véhicule enfin arrivé, je l'ai aidée à monter, puis j'ai parlé au chauffeur. "Je crois que cette femme a un problème. Elle se rend à Valleyfield. Il faudrait l'aider à descendre, rendu là-bas." Je suis demeuré sur place et je la regardais. Elle me souriait. Quand l'autobus s'est mis en marche, elle m'a envoyé la main à la façon d'une petite fille de cinq ans et elle pleurait. Cela m'a beaucoup bouleversé. Il s'est passé des semaines avant que je n'oublie cette femme et ces moments. Je crois que j'ai eu un coup de foudre pour elle.

En 2001, me voilà invité par un club de lecture de Valleyfield pour présenter mes romans. Le trajet Trois-Rivières-Montréal, je le connais par coeur. Cependant, quand je suis monté dans le métro et descendu au petit terminus, le fantôme de Danielle me tiraillait. J'avais l'impression que je la verrais dans une fenêtre d'autobus, m'envoyant la main.

Je n'ai pas oublié. Je crois que cela va habiter mon coeur toute ma vie. Je me sens secoué en écrivant cet article... Il y a deux clin d'oeils à cette rencontre dans mes romans. Dans L'héritage de Jeanne, mon personnage, atteinte d'aphasie, a tendance à baisser la tête comme Danielle l'a fait quand elle n'arrivait plus à parler. Dans Une journée, une rue, cent personnages, une femme est perdue dans son propre quartier, tentant désespérément de se souvenir de points de repères afin de retourner chez elle.

Tags: #autobus
 


Commentaires

 

1. gegedu28  le 04-09-2015 à 02:34:19  (site)

Bonjour Mario,
Touchante ton histoire, il y a comme çà des moments qui restent et resteront gravés dans la mémoire tant que cette dernière ne sera pas elle même éteinte !
Via ta petite histoire, je découvre que tu es écrivain, félicitations !
Peut-être qu'un jour je lirai un roman de Mario ... Bergeron !, qui sait, si la trace me reste en mémoire ! smiley_id156824
Bonne journée et bon week-end.
Gégédu28

2. jakin  le 04-09-2015 à 09:50:06  (site)

Bonsoir Mario, Il y a parfois des rencontres qui marquent toute une vie et que l'on garde au fond de soi comme une petite lumière qui brille dans la nuit...J'ai vécu ce genre d’expérience à mon adolescence.....

édité le 04-09-2015 à 15:50:39

3. MarioB  le 04-09-2015 à 10:50:56  (site)

Merci vous deux. C'est gentil.

Oui, Monsieur Beauce, je suis romancier, Il y a un lien pour le plus récent livre : Gros-Nez, puis un autre : Mario romancier.

4. Florentin  le 04-09-2015 à 11:27:18  (site)

Cela me rappelle cette nouvelle de Félicien Marceau qui racontait l'histoire de ce capitaine, défilant, découvrant furtivement à sa fenêtre une dame qu'il sait de plus jamais voir, mais qui lui a fait une impression telle qu'il ne l'oubliera plus jamais. C'était dans "En de secrètes noces". La nouvelle m'a frappé au point que ... je ne l'oublierai jamais.

édité le 04-09-2015 à 17:28:00

5. MarioMusique  le 04-09-2015 à 11:59:34  (site)

De retour dans le métro, j'avais pensé que cette scène de l'au-revoir était un peu cinématographique.

Merci !

 
 
 
posté le 01-09-2015 à 00:56:12

Lecture : Arlette Farge

 

J'ai acheté ce livre en 1996 et j'ai dû le lire cinq ou six fois. C'est un des meilleurs livres d'Histoire que je connaisse. Il faut avouer que les ouvrages de France ont une grande qualité, qu'on retrouve peu chez les livres québécois : c'est bien écrit. Pour Arlette Farge, l'Histoire est aussi de la littérature, alors que les historiens du Québec écrivent comme des fonctionnaires.

 

 

Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle. La période de son étude est celle des années précédant la Révolution. Un livre en grande partie constitué de témoignages de voyageurs, d'observateurs de l'époque, mais la source la plus utilisée et captivante est celle des rapports de police. Arlette Farge fait précéder chacune de ces interventions par une brève et riche présentation et explication.

 

 

Bien sûr, c'est ici la vie des roturiers, du petit peuple, des pauvres et malchanceux qui est en cause. Les sujets ne portent pas à sourire : violences, enfants abandonnés, prostitution, ivrognerie, etc. Pourtant, tout ceci est très vivant, comme un film documentaire qui aurait été tourné à ce moment-là.

 

 

Arlette Farge a aussi eu la bonne idée de parler de la police dans la dernière partie de son livre, alors que logiquement, cela aurait dû précéder les témoignages. L'avantage est que rapidement, nous plongeons dans la vif du sujet.

 

 

Je me suis servi de ce livre pour mes romans, pour cerner les métiers de misère, aussi les insultes, le langage.

 

 

Le livre fut publié une première fois en 1979, mais je possède la réédition enrichie, de 1992, publiée chez Gallimard. L'ouvrage compte 244 pages et se lit rapidement, avec une belle joie.

 

 

Comme extraits, voici trois rapports de police et bien qu'ils soient répétitifs, ils nous tirent un sourire en faveur d'une vendeuse de fruits et légumes têtue et qui avait causé des soucis aux autorités.

 

 

 

10 juillet 1877

Marie-Thérèse Roisin, revendeuse de fruits et de légumes, s'est établie sans permission rue des Bons Enfants, à l'entrée de cette rue du côté de la rue St Honoré, précisément dans l'endroit ou elle nuit le plus. J'ai mandé cette fille deux fois, deux fois je lui ai défendu de s'y mettre en lui permettant cependant de se placer contre la porte du cloître. Mais elle n'a eu aucun égard aux défenses que je lui ai faites. (...) J'estime qu'il est nécessaire que vous donniez des ordres à l'officier de police d'arrêter cette femme (...) pour la mettre à portée de la punir de sa désobéissance.

 

 

 

16 juillet 1877

Monsieur, j'ai l'honneur de vous rendre compte que je me suis transporté à la place de la nommée Roisin, revendeuse, établie sans permission rue des Bons Enfants, à qui j'ai signifié de se retirer et de faire sa soumission chez monsieur le commissaire Fontaine, qui n'en a rien fait, après l'avoir avertie trois jours de suite, même deux fois chaque jour, comme cette fille est de la dernière obéissance, j'estime que vous me fassiez passer des ordres pour l'arrêter, n'ayant eu aucun égard aux représentations que je lui ai faites de votre part.

 

 

 

18 juillet 1877

Je charge monsieur le seigneur de Longpré de conduire devant nous la nommée Roisin qui continue d'étaler des fruits et des légumes à l'entrée de la rue des Bons Enfants malgré les défenses qui en ont été faites, quoi que je ne puisse que m'en rapporter à vous sur ce que vous croirez devoir odonner sur le compte de cette femme, je pense cependant qu'attendu sa désobéissance réitérée, c'est le cas de l'envoyer en prison.

Tags: #histoire
 


Commentaires

 

1. Florentin  le 03-09-2015 à 08:27:14  (site)

Salut Mario ! Nul n'est prophète en son pays, dit-on ici. Il faut qu'un Canadien me fasse part d'un livre paru en France, valant la peine d'être lu, mais tout de même pas très connu. Mais, bon, ne sommes-nous pas cousins ? Hein ? A plus. Je vais essayer de me tuyauter. Florentin.

2. MarioBergeron  le 03-09-2015 à 11:26:35  (site)

Je crois que ce livre est encore disponible, car il avait tout de même attiré l'attention à deux reprises.
Tu sais, en histoire, on lit tout, quand il est question de se lancer dans une thèse de doctorat et un mémoire de maîtrise. Alors, la France, le Québec, les États-Unis. D'ailleurs, chacun de ces pays a ses façons particulières de présenter l'histoire.
Merci.

 
 
 
posté le 29-08-2015 à 16:14:48

La piscine de papa

 

C'est en 1968 que mon père a décidé de sacrifier la cour de la maison pour installer une piscine creusée. Grande joie pour le garçon que j'étais, ainsi que pour les membres de ma famille. Il y aura des rituels qui vont durer autour de vingt-cinq années, jusqu'à un lent déclin.

C'était la période de mon adolescence et vous aurez deviné la destination de mes copains. Crier, lancer des ballons, organiser des jeux dingues, descendre la glissoire sur le dos ou tête première, concours de la plus folle culbute sur le plongeoir, etc. Acessoirement : nager. Mes soeurs ont fait le même truc, sans doute en criant moins. Pour Mireille et mon frère Daniel, c'était le temps des jeunes enfants et les petites adoraient passer par la cour pour s'installer dans la piscine et ne jamais en sortir.

Un rituel qui prenait forme chaque dimanche, et que je n'aimais trop : la famille se réunissait pour des plaisirs humides, bouffer comme des goinfres et déconner, le tout au son du baseball des Expos, à la radio. Or, si je suis amoureux de ce sport, j'ai toujours détesté les radiodiffusions.

Dans le cas de mes soeurs et de mon frère, ils avaient maintenant chacun leur piscine et venaient moins souvent. Moi, j'en profitais tout le temps. L'été. c'est agréable quand on a une piscine. Le reste du temps, c'est rasoir.

Mon père avait aussi ses réunions avec ses amis. Bricoleur, il prenait soin de son bijou sans relâche, renouvelait l'ameublement, ne laissait aucune mauvaise herbe le long des clôtures, peintes chaque année. Le déclin s'est pourtant amorcé par sa faute : les gens de la famille en avaient marre de ses excès, particulièrement mettant en vedette trop de bière.

À ce moment-là, j'habitais tout près et pendant les canicules, avant de me coucher, je m'installais dans la piscine en ne bougeant pas, pour laisser la fraîcheur pénétrer mon corps et ainsi m'aider à dormir.

Au cours des années 1990, la fête était de plus en plus terminée. Mon père accusait son âge et avait du mal à tout garder propre, si bien qu'au début des années 2000, pour la première fois, personne n'avait utilisé la piscine.

Mes parents ayant quitté la maison, la piscine n'a pas été entretenue et réparée par le nouveau propriétaire. Dans le local de l'ex magasin de mon père, il y avait mon réparateur d'ordinateur. Une fois, alors qu'il effectuait une tâche, j'avais été curieux et m'étais avancé vers la cour pour voir quelque chose qui m'avait ému, attristé : le ciment était fendu, plein de mauvaises herbes, la piscine brisée, sale. Elle fut rasée une année plus tard.

Un souvenir particulier : au début des années 1990, il y avait eu un bris souterrain et on avait dû casser le ciment pour voir ce qui se passait. Nous avions trouvé une bouteille de Coca Cola, sans doute jetée là par les ouvriers de 1968. Archéologie !

Pas de date précise pour la photo, mais autour de 1972 ou 1973, si je me fie à l'âge de ma nièce Kathleen, derrière moi, et à celui de sa petite soeur, derrière. Les deux sont aujourd'hui dans la quarantaine.

Tags: #piscine
 


Commentaires

 

1. Nikole-Krop  le 30-08-2015 à 11:12:57  (site)

Tristesse des choses qui meurent. J'aime bien ces souvenirs de ta vie passée. Même si je n'en retiens que la mélancolie.

2. MarioB  le 30-08-2015 à 12:37:46  (site)

Mélancolie ? Peut-être... Mais ce n'est pas volontaire.
Ah, au fait, voici, derrière moi, le bébé qui m'a permis d'entrer au pavillon de l'URSS !

3. Nikole-Krop  le 30-08-2015 à 17:10:42  (site)

Je l'avais reconnue ! :-)

4. jakin  le 31-08-2015 à 10:50:39  (site)

Bonsoir Mario, Il est réconfortant parfois de revenir sur des moments heureux en famille et entre amis...Mais le temps continue à filer et les biens matériels ne résistent pas souvent aux souvenirs....

édité le 31-08-2015 à 16:51:06

5. MarioBergeron  le 31-08-2015 à 11:34:13  (site)

Une vie, c'est un accumulation de petites choses menant vers la richesse des souvenirs.

6. Florentin  le 03-09-2015 à 08:30:48  (site)

Il est ainsi plein de choses que l'on installe quand on est en pleine force de l'âge, qui sont importantes pour nous, et qui meurent, parce qu'elles n'intéressent pas nos suivants. J'arrive maintenant à un âge qu'on dit canonique et je le perçois bien. Mes deux mômes n'ont pas les mêmes intérêts que moi et je suis sûr qu'à ma disparition ils ne prendront pas tout mon héritage. C'est comme ça !

7. MarioBergeron  le 03-09-2015 à 11:28:22  (site)

C'est peut-être parce que sa baigner, c'est propre à la jeunesse et que dans ma famille, tout le monde prenait de l'âge !

 
 
 
 

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