Sacrer : blasphémer, jurer, dire des gros mots. Sacrer est un diminutif de Consacrer. Sacrer est l'action, et Sacre est le mot. Le Québec est-il champion ? Je l'ignore, mais je sais qu'il est unique. Ailleurs, le blasphème porte atteinte à la personne divine du catholicisme : Tort à Dieu (devenu Torrieux, au Québec), Vierge noire, Ange cornu, etc. Cela existe au Québec, mais il y a une particularité qu'on ne voit pas ailleurs : le sacre désigne un objet de la liturgie : le calice, l'hostie, le sacrement, etc. Pourquoi ? Il a été prouvé que ces mots n'existaient pas dans le Québec du début du 19e siècle, alors qu'ils étaient présents cinquante années plus tard. Raison historique : après la défaite des rébeillons de 1837-38, la catholicisme local est devenu ultramontain, c'est à dire qu'il s'imposait avec plus de sévérité. Avant 1837, un catholique était tenu de se confesser ou de communier une fois par année. Après : c'était hebdomadaire. Il y avait aussi une insistance sur les processions, avec les ornements de l'église bien en vue. Bref, tout devenait profondément plus présent.
En principe, tout sacre est une manifestation de colère transformée en langage. Exemple : Cet ostie m'a insulté ! Il y a cependant d'autres réalités, comme celle voulant qu'un sacre souligne un qualificatif. L'on dira : C'est une belle fille, mais aussi : C'est unecrisse de belle fille. Elle devient alors davantage jolie. Tous ces sacres peuvent se transformer en verbes : M'en vas te câlisser mon poing sur la gueule. Sacrer à demi-ton représente un signe de profond découragement : Ça ne va pas du tout... Tabarnaque que ça ne va pas... Le sacre désigne souvent des individus : Ce sacrament de patron, tout comme il définit des choses : Cibouère d'ordinateur. Bien sûr, un sacre désigne un état d'esprit, comme dans la chanson que je vous offre : Pis ceux qui sont en tabarnaque.