À beaucoup de points de vue, je prolongeais des activités de mon enfance, comme jouer au hockey dans la rue ou au baseball dans des champs d'infortune. En réalité, j'étais une extension du conservatisme de mes parents. Je me souviens que j'étais outré face aux gars qui portaient les cheveux très longs et que la "Musique underground", c'était du boucan, alors que les chansons du palmarès représentaient à mes yeux le summum musical. D'ailleurs, je n'achetais que des 45 tours.
Du roman initial, je suis passé à un second, troisième et ça n'a pas cessé. Il y a eu aussi le théâtre amateur, les premières sorties dans des bars et brasseries (Alors que je n'avais pas l'âge requis), à la conquête de mes nuits, aux décisions spontanées, aux moments pleins d'imprévus, au disque de rock hebdomadaire, à tout ce que je pouvais croquer, tout ce qui s'offrait à moi, incluant les interdits.
Me friser ? Avec les rouleaux, le séchoir électrique et tout le tra là là ? À la bonne vôtre ! Ce fut la fête des gloussements idiots de la part des gars, surtout quand ils m'ont vu avec tous ces rouleaux sur la tête. Cela n'empêche pas, tas de cons, que ces deux filles faisaient valser leurs doigts dans mes cheveux et non dans les vôtres ! Na ! Au fait, ma mère a été amusée par ce spectacle, mais pas réellement papa...
Or, pour la saison 2016, la ligue avait décidé d'allonger le calendrier à 70 compétitions, donc, 35 locales. Optimisme! Mais quand j'ai vu l'horaire 2016, j'étais furieux : aucune rencontre en soirée. Zéro. D'ailleurs, j'ai croisé un joueur de l'équipe, pas du tout content de cette situation. "Nous aussi, on a chaud, monsieur Bergeron."
Les plus jeunes seront étonnés de l'apprendre : une télé couleur de 1967, ce n'était pas tout à fait comme aujourd'hui. Il fallait ajuster les coloris. Si, si : il y avait un petit panneau avec des boutons à tourner selon les couleurs de base. Par exemple, une femme à l'écran pouvait porter une robe verte très vive et avoir un visage particulièrement pâle. C'était laid et il fallait alors ajuster. Parlant d'ajustement, il n'y avait pas de normes d'une chaîne à l'autre. Si vous aviez satisfaction lors d'une émission et que vous changiez de chaîne, c'était à recommencer. Les pires cas étaient les vieux films couleur. Affreux !
En toute honnêteté, depuis que cette photo a été prise, en février, le cher enfant a allongé, puis doublé son poids. Il vient de fêter ses sept mois, ce qui représente l'âge où les chats atteignent leur taille adulte.
Je crois que je n'ai jamais été aussi étonné de ma vie. Chaque être humain sait très bien que la chose peut se produire un jour, mais on pense souvent que ça n'arrive qu'aux autres, et non à soi.
Parce qu'en mai 1998, j'ai eu un coup de foudre pour ce salon, pour le public de cette région. D'année en année, j'étais présent, et même en 2004, alors que je n'avais plus d'éditeur. Il y aura donc eu six années de silence abitibien pour moi et je ne pouvais m'empêcher de penser, à chaque mois de mai, que j'aurais pu être là-bas.
Voici l'autobus de la compagnie Maheux. C'était la première fois que j'avais recours à cette compagnie. Un véhicule plus imposant que la norme, plus haut. Quelle joie d'y pénétrer et de sentir l'air climatisé !
À 16 heures 30, il y a une pause dans le voyage, si les passagers désirent se dégourdir les jambes, manger un morceau. Le point choisi est Mont-Laurier, la dernière ville d'importance avant de traverser la réserve faunique.
En entrant dans ma chambre, j'ai souri d'aise : l'air climatisé avait fonctionné toute la journée. Je craignais de me coucher dans une fournaise. J'ai placé mes vêtements et me suis lancé immédiatement dans le lit. Le réveil était prévu pour 7.30, mais je me suis tiré de mes draps (douillets) deux heures plus tôt.
Dans les cinq villes hôtesses, l'aréna est le lieu choisi pour le salon de l'Abitibi-Témiscamingue. Pas très esthétique, mais il y a un avantage : c'est vaste. Personne ne se marche sur les pieds, ni chez les exposants ni chez le public. Cependant, avec peu de choses, les responsables rendent ces lieux agréables. Dans le cas de Val d'Or en 2010, comme vous le verrez sur les photos, il y avait des centaines de ballons, des serpentins. Je me souviens qu'à Amos, en 2003, ils avaient demandé aux auteurs de porter des foulards, les couleurs désignant les styles des livres. Cela avait été amusant autant pour nous que pour les visiteurs.
Quel sentiment m'habite alors ? Même après toutes ces expériences, il y a toujours de la fierté de voir son roman en évidence, puis la petite table, le présentoir. Dès la première minute, une personne de la librairie, représentant le distributeur, vient me voir pour me dire qu'elle sera à mon service, me rappelant les règles, en cas de vente : ne surtout pas autographier un livre qui n'a pas été payé. Ça m'est arrivé une fois, à mes débuts ! Comment revendre un bouquin dédicacé à un autre ?
Il y a neuf villes du Québec organisant des salons. J'en ai visité huit. Je vous assure que le public de l'Abitibi-Témiscamingue est celui qui aime le plus la lecture. Mes ventes (du moins, entre 1998 et 2004) indiquent que le public n'est pas là pour flâner, regarder les images ou demander un autographe au bipède télévisuel de passage : ils achètent des livres.
À l'époque du premier éditeur, la moitié des ventes de mes romans provenaient de ces bibliothécaires. La journée leur étant consacrée était le jeudi, alors qu'il y avait peu d'auteurs. La présence d'un romancier leur permettait de lui parler et d'obtenir une dédicace au lectorat de leur localité. Comme j'étais là d'année en année avec toujours un nouveau roman, les bibliothécaires appréciaient cette fidélité.
Certains auteurs faisaient de la sollicitation tapageuse et j'aurais voulu me voir très loin. Par contre, un petit truc conseillé par l'éditeur et qui fonctionnait : avancer un livre sur le rebord de la table, comme s'il était sur le point de tomber. Sept fois sur dix, les gens passant tout près vont le replacer, ce qui donne une chance à l'auteur de leur parler.
Lors d'un salon du livre, on voit des milliers de personnes. Cependant, notre entourage immédiat présente sans cesse les mêmes visages. Ce sont nos voisins, les gens avec qui nous aurons des relations pendant quelques jours. Honte à moi : je ne me souviens pas des noms de ces jeunes hommes ! Les deux étaient des "à compte d'auteur".
Quelques jours plus tard, j'ai pu expliquer le phénomène. Quand j'ai débuté cette aventure, en 1998, je l'ai fait avec un grand enthousiasme, croyant au leurre qu'un jour je deviendrais un romancier populaire. Dès 2001, j'avais éliminé de mon parcous les salons aux ventes trop faibles. J'avoue qu'à partir de 2002 : ras-le-bol des salons. Ça ne m'amusait plus.