Je suis arrivé à Montréal vers midi quinze. Il faisait de plus en plus chaud, autour de 33 degrés, sans doute. L'autobus pour l'Abitibi devait arriver à 14 heures. J'avais donc du temps à perdre dans la métropole, mais j'en ai surtout profité pour manger, boire un café et faire les cent pas dans un petit stationnement pour vélos, à l'ombre d'un édifice situé près du terminus. D'ailleurs, ce quadrilataire était plein de gens, désireux de ne pas demeurer sous le soleil.
Voici l'autobus de la compagnie Maheux. C'était la première fois que j'avais recours à cette compagnie. Un véhicule plus imposant que la norme, plus haut. Quelle joie d'y pénétrer et de sentir l'air climatisé !
Je savais que je ne serais pas à Val d'Or avant le milieu de la soirée. Mon baladeur était plein de musique : 12 heures ! J'avais aussi un roman de Joël Champetier, que je terminerai à l'hôtel le samedi. Je me suis acheté un autre roman de Joël pour le retour.
Une aventure nouvelle, car c'était la première fois que je me rendais en Abitibi-Témiscamingue seul. Lors des autres occasions, je trouvais toujours un ami de la tournée des salons qui appréciait mon aide financière pour l'essence.
Rien à redire sur la compagnie Maheux. Leurs véhicules sont confortables.
Avant de songer à aborder l'Abitibi, il faut franchir les trois Laurentides : Basses, hautes et... milieu ! C'est déjà deux heures et demi de voyage. Le plus long demeure à faire.
À 16 heures 30, il y a une pause dans le voyage, si les passagers désirent se dégourdir les jambes, manger un morceau. Le point choisi est Mont-Laurier, la dernière ville d'importance avant de traverser la réserve faunique.
Voici une photo prise lors de cet arrêt. Le long de la route traversant Mont-Laurier, il est étonnant de constater le nombre de station-services. Il vaut mieux faire le plein à Mont-Laurier car si vous tombez à sec au milieu de la réserve, vous aurez un conducteur dans le pétrin. Il n'y a rien, dans ce parc ! Du moins, je le croyais...
J'ai dû traverser ce parc une douzaine de fois. Un peu plus de deux heures en pleine forêt. Parfois, un lac apparaît et avec un peu de chance, on peut voir un cerf ou un ours s'y désaltérant. À une occasion, nous avions été retardés par un porc-épic paresseux, pas du tout énervé par les klaxons. Mais un lieu d'arrêt au milieu du trajet ? Les gens avec qui je voyageais ne l'ont jamais vu, ou jamais su.
L'autobus m'a fait sursauter en empruntant soudainement un chemin de gravier. "Mais qu'est-ce qu'il fiche là, le chauffeur ?" Surprise : il y avait un restaurant, un dépanneur, des toilettes publiques, le tout pour desservir ce qui me semblait être un camp pour pêcheurs ou chasseurs. J'en ai profité pour me vider. Le coup d'oeil sur un immense lac était magnifique.
Puis nous avons repris la route de la forêt sans fin... Je me souviendrai toujours du premier voyage, en 1998, alors qu'à l'extrémité de la réserve faunique nichait un restaurant routier où il y avait un ours empaillé dans la salle à manger, puis des incroyables bataillons de moustiques à l'extérieur. Ce lieu n'existait plus dès 1999.
Quand le premier village apparaît, sortant du néant de la forêt, il n'y a pas de raison de chanter "Enfin!", car il restait un peu plus d'une heure avant d'atteindre Val d'Or.
1. jakin le 17-05-2016 à 08:36:20 (site)
Salut Mario, j'ai l'impression en te lisant que tu es parti au bout du monde.....
2. MarioMusique le 17-05-2016 à 15:09:48 (site)
9 à 10 heures de route. Pour te donner une idée de la distance, à 21 heures, en Abitibi, il faisait clair, alors que chez moi, le soleil se couchait.
Je suis arrivé à Val d'Or à 21.30. La température était toujours chaude. Le terminus étant situé sur la 5e Avenue, je n'ai pas eu de mal à trouver mon hôtel, sur la 3e Avenue. Il s'agissait d'un hôtel modèle 1961, mais, je le constaterai, très propre et agréable.
En entrant dans ma chambre, j'ai souri d'aise : l'air climatisé avait fonctionné toute la journée. Je craignais de me coucher dans une fournaise. J'ai placé mes vêtements et me suis lancé immédiatement dans le lit. Le réveil était prévu pour 7.30, mais je me suis tiré de mes draps (douillets) deux heures plus tôt.
Cette chambre allait devenir ma maison pour six jours, ce qui inclut la cuisine, car je ne fréquente pas les restaurants. Une partie du contenu de ma valise était consacrée à de la bouffe. J'achèterai le surplus dans un dépanneur, situé à cinq minutes de marche. Dans la chambre, il y avait un micro-ondes, un mini frigo et une cafetière. L'hôtel offrait le café, gâteaux, céréales, pain grillé gratuitement chaque matin.
La porte que vous voyez sur la photo donnait sur un banc, à l'ombre d'un gros arbre. Je m'y suis souvent installé pour manger, relaxer. À chaque fin de journée, je rentrais dans ma chambre, prenais mon bain, puis j'écrivais et je lisais. Je ne suis pas sorti à gauche et à droite une seule fois. Ça ne m'intéressait tout simplement pas. J'ai très bien dormi. Je le souligne, car j'ai vécu des aventures abracadabrantes dans les hôtels.
Anecdote : le jeudi soir, je me suis de nouveau couché tôt. Après une bonne nuit de sommeil, j'ai fait ma petite toilette, branché la cafetière, enfilé mes vêtements, puis en ouvrant la porte, je me suis rendu compte qu'il y avait pleine noirceur ! Il était trois heures de la nuit... Je me suis recouché !
Avant de vous entretenir de cette photographie, je vais vous parler de cette mystérieuse que je suis certain d'avoir prise et qui criait son absence lors du développement du film. Il s'agit de mon trajet entre l'hôtel et l'aréna. La troisième avenue, en ligne droite, puis tourner à gauche à une intersection. Il n'y a pas de transport en commun. Une marche de quinze minutes. J'ai été chanceux : pas de pluie. Sauf qu'à la dernière journée, je la connaissais par coeur, la troisième avenue ! C'est la rue commerciale et celle de nombreux bars, mais plusieurs avaient fermé leurs portes, à cause de la loi anti-tabac, m'a-t-on assuré.
Dans les cinq villes hôtesses, l'aréna est le lieu choisi pour le salon de l'Abitibi-Témiscamingue. Pas très esthétique, mais il y a un avantage : c'est vaste. Personne ne se marche sur les pieds, ni chez les exposants ni chez le public. Cependant, avec peu de choses, les responsables rendent ces lieux agréables. Dans le cas de Val d'Or en 2010, comme vous le verrez sur les photos, il y avait des centaines de ballons, des serpentins. Je me souviens qu'à Amos, en 2003, ils avaient demandé aux auteurs de porter des foulards, les couleurs désignant les styles des livres. Cela avait été amusant autant pour nous que pour les visiteurs.
Voisin de l'aréna, il y avait un moche petit terrain de baseball où, le samedi, je me suis rendu pour manger mes sandwiches. C'est alors qu'a surgi de nulle part un jeune Amérindien dans les vapeurs et qui, sans raison, avait le goût de casser la gueule à un Blanc. Je me suis esquivé, mais il a insisté, me bousculant, m'injuriant, mais il a cessé quand nous avons approché de la rue où il y avait des passants. J'ai même pu parler avec lui. Je lui ai donné des cigarettes et il m'a salué. J'ai alors compris qu'il cherchait avant tout à s'amuser, mais ceci n'empêche pas qu'il m'a donné la frousse.
1. Florentin le 14-05-2016 à 09:00:48 (site)
Bien joué la mise sous éteignoir de ton adversaire du jour. Ce qui démontre que, dans bien des cas, la négociation évite les conflits. La loi des cow-boys n'est pas toujours bonne à suivre ! Bon dimanche. Florentin
2. MarioB le 14-05-2016 à 13:34:47 (site)
J'aurais préféré que ça n'arrive pas, car il était très agressif...
Cette photo a été prise le jeudi matin, peu avant l'ouverture du salon. Il s'agit du premier coup d'oeil que j'ai eu sur le petit coin qui sera mon univers pendant quatre journées.
Quel sentiment m'habite alors ? Même après toutes ces expériences, il y a toujours de la fierté de voir son roman en évidence, puis la petite table, le présentoir. Dès la première minute, une personne de la librairie, représentant le distributeur, vient me voir pour me dire qu'elle sera à mon service, me rappelant les règles, en cas de vente : ne surtout pas autographier un livre qui n'a pas été payé. Ça m'est arrivé une fois, à mes débuts ! Comment revendre un bouquin dédicacé à un autre ?
Les gens arrivant de Montréal, le personnel du salon, les bénévoles, avaient travaillé sous une chaleur accablante la veille et en ce jeudi, il y existait encore des zones incomplètes, comme dans le cas du panneau que vous voyez au sol et qui sera accroché au mur au cours de la journée. Au fond, il y a l'entrée d'une salle de conférence, où on présentera aussi des spectacles d'animation pour les enfants.
Une particularité des salons du livre de l'Abitibi-Témiscamingue : il y a une foule de bénévoles de tous les âges. Parmi ceux-ci, un certain nombre dont le travail est de plaire aux auteurs. Ils ont l'habitude de passer à toutes les heures avec un chariot, nous offrant son contenu : du café, thé, fruits, gâteaux et biscuits, friandises, bouteilles d'eau. On peut croiser la même chose dans certains salons (à Trois-Rivières, par exemple), mais il n'y a habituellement que de l'eau. Le traitement aux auteurs est royal. Alors, on se sent roi !
1. Nikole-Krop le 12-05-2016 à 07:56:13 (site)
Bon salon, roi Mario !
2. MarioB le 13-05-2016 à 03:04:54 (site)
Ceci s'est passé il y a six ans, comme indiqué dans le titre.
3. Nikole-Krop le 13-05-2016 à 05:17:38 (site)
Pardon, Mario, je suis à côté de la plaque en ce moment, et je confonds tout et ne suis pas assez attentive. Je suis d'autant plus impardonnable que tu as déjà évoqué ces choses ... désolée.
4. Nyxie le 13-05-2016 à 09:56:44 (site)
Bonjour, j'ai commandé ton roman "Gros-Nez le Quêteux" chez Broquet depuis plusieurs jours, je n'ai encore rien reçu, lorsqu'on passe par Amazon il faut 48 h... mais pas grave j'ai tout mon temps.
Bonne fin de semaine ...
5. MarioB le 13-05-2016 à 12:59:17 (site)
Nikole : aucun problème. J'ai même souri !
Nyxie : C'est gentil ! Tu sais, Amazon, ils affichent tout, même ce qu'ils n'ont pas sous la main, Je ne suis pas un "vendeur", alors cela peut prendre du temps,
Val d'Or est une petite ville de 15 000 citoyens. Et on y tient un salon du livre ? Mieux encore : La Sarre n'en a que 10 000 et Ville-Marie 5 000. Pourtant, ces salons sont achalandés. Le secret est très simple : ces gens passent leur temps sur la route. Pour les Abitibiens, rouler deux heures pour visiter le salon du livre est une chose banale. J'ai déjà eu une correspondante habitant Ville-Marie (au Témiscamingue) et bien que sa localité était la plus éloignée des quatre autres municipalités accueillant des salons, elle était présente à chaque année. Il y a aussi des voyages en autobus, cueillant les intéressés à chaque village.
Il y a neuf villes du Québec organisant des salons. J'en ai visité huit. Je vous assure que le public de l'Abitibi-Témiscamingue est celui qui aime le plus la lecture. Mes ventes (du moins, entre 1998 et 2004) indiquent que le public n'est pas là pour flâner, regarder les images ou demander un autographe au bipède télévisuel de passage : ils achètent des livres.
À cet effet, voici un exemple qui s'est déroulé à Ville-Marie en 2001. Une femme regardait tous les romans de mon premier éditeur et Michèle (la représentante commerciale) se faisait un plaisir de les lui présenter. La femme ne semblait pas tenir compte de ma présence. Après 15 minutes, elle avait acheté six romans : une facture de plus de 150 dollars. J'ai alors pensé : "Cette femme est une lectrice. J'aurais tort de ne pas lui parler de mes romans. Elle pourra les emprunter à sa bibliothèque." Je lui sers ma salade et, à ma grande surprise, elle ajoute mes quatre romans aux six.
Le public est aimable, très poli, semble content de nous voir. Lors des journées scolaires, les enfants agissent de la même façon que les adultes, alors que dans d'autres lieux, c'est le bordel des courses et des cris. De plus, on y rencontre toujours un original qui nous raconte des trucs rigolos.
À Val d'Or, c'était un homme dans la soixantaine, ancien dentiste de Montréal qui, pour sa retraite, s'était acheté un chalet en pleine forêt pour le simple plaisir de se taire et de regarder la nature. Il m'a parlé pendant vingt minutes, décrivant les saisons, les animaux, la végétation, puis, pour me remercier de mon attention, a acheté un livre.
1. jakin le 09-05-2016 à 12:45:29 (site)
Bonsoir Mario, Le salon du livre de la province de l'Alberta est parti en flamme !...
2. MarioMusique le 09-05-2016 à 17:26:49 (site)
Heuuuu... Je ne comprends pas trop...
3. jakin le 10-05-2016 à 12:11:58 (site)
Cela fait plus de 15 jours que la ville de Fort McMuray est en flamme....plus de 15% de la ville a brûler et il y a plus 200000 habitants qui errent dans la province à la recherche d'un abri...
Sur la photo, vous voyez un panier de supermarché rempli de livres. Qu'est-ce que c'est ? Un aspect unique de ce salon ; on ne croise rien de tel ailleurs. En Abitibi-Témiscamingue, le moindre village a sa bibliothèque. Ces gens disposent d'un budget pour acheter des bouquins, et, de façon générale, ils ne le font qu'une fois par année : lors du salon. Conséquemment, pour les aider à transporter toutes ces acquisitions, la direction met à leur disposition des paniers.
À l'époque du premier éditeur, la moitié des ventes de mes romans provenaient de ces bibliothécaires. La journée leur étant consacrée était le jeudi, alors qu'il y avait peu d'auteurs. La présence d'un romancier leur permettait de lui parler et d'obtenir une dédicace au lectorat de leur localité. Comme j'étais là d'année en année avec toujours un nouveau roman, les bibliothécaires appréciaient cette fidélité.
En 2010, j'ai joué de malchance. L'aréna de Val d'Or a deux glaces et j'étais installé dans la plus petite partie, là où les bibliothécaires ne se rendaient pas toujours. Au moment de le faire, leur panier était déjà plein et il ne restait plus de budget pour voir ce qu'il y avait de disponible dans l'autre section.
Quelque chose qui m'a fait plaisir : la plupart des bibliothécaires à qui j'ai parlé se souvenaient de moi, même si je ne les avais pas visités depuis six années.
3. Florentin le 07-05-2016 à 13:41:50 (site)
Je viens de lire tes textes concernant le Val d'Or 2010". Et je m'aperçois que le vie d'un auteur en quête de lectorat, ce n'est pas de la tarte, comme on dit ici. L'injustice des salons du livre, en France, c'est que tout le monde se dirige vers les vedettes (qui ne sont pas forcément les meilleurs écrivains, mais sovent des peronnalités connues) et délaisse les autres ou presque. On ne prête qu'aux riches ! Hélas ! Bon dimanche, l'ami.. Florentin
4. MarioMusique le 07-05-2016 à 16:51:31 (site)
Florentin, c'est la mème chose au Québec et les salons du livre, après peu de temps, m'ont donné l'impression d''être au service non du livre, mais de gens médiatisée par la télé. Je me souviens il y a trois ou quatre années, de la présence d'une mascotte pour enfants, qui avait attiré un grand public, qui ne s'était pas déplacé pour parler avec les écrivains présents. Bref, les gens avaient préféré une souris géante à un écrivain.
Comme les numéros le laissent deviner, c'est une série de 12 articles (déjà publiés ailleurs, je ne m'en cache pas).
Avec mon premier éditeur, il y avait une règle d'or : vendre des livres lors d'un salon était primordial pour se faire connaître. J'y ai cru. Avec le temps, je me suis rendu compte que c'était faux. Cette insistance de sa part m'est cependant demeurée dans l'esprit et j'ai du mal à m'en défaire, même aujourd'hui.
Certains auteurs faisaient de la sollicitation tapageuse et j'aurais voulu me voir très loin. Par contre, un petit truc conseillé par l'éditeur et qui fonctionnait : avancer un livre sur le rebord de la table, comme s'il était sur le point de tomber. Sept fois sur dix, les gens passant tout près vont le replacer, ce qui donne une chance à l'auteur de leur parler.
Voici un homme et une femme qui lisent le résumé de Ce sera formidable. Ne surtout pas les interrompre, mais regarder dans leur direction. Quand ils déposent le roman, vous dites : "Si cela vous intéresse, je peux vous en parler. Je suis l'auteur." Par contre, j'ai dû interrompre ce duo pour prendre la photo !
Comme vous le verrez sur d'autres photos, le libraire avait déposé deux rangées de mon roman sur un présentoir tout près de ma table. Le nombre faisait en sorte que plusieurs personnes arrêtaient. Cependant, j'ai vécu avec ceci une frustration : des gens jetaient un coup d'oeil, puis se penchaient vers les livres de la rangée du bas, où il y avait des jacquettes cul-cul-romantique.
Ne souriez pas ! En une quarantaine de salons du livre, je vous assure que ce type de dessins attire une grande partie du public féminin. J'avais d'ailleurs demandé une illustration semblable, mais l'éditeur avait jugé que cela ne représentait pas mon roman. Parlons-en, tiens, de la représentation du roman. Beaucoup de personnes croient que l'illustration ou la photo représente le contenu du roman. S'ils voient un chien, ils pensent que c'est une histoire de cabots. Sur mon roman, il y avait un bateau. Alors, je leur disais : "Non, monsieur, ce n'est pas une histoire de bateaux." Eux, du moins 8 fois sur 10 : "Non ? Qu'est-ce que c'est, alors ?"
Vendre des livres, ce n'est pas facile ! D'abord, c'est coûteux et les gens n'ont d'argent que pour un à trois livres. Pourquoi choisir le mien alors qu'il y en a des milliers dans le salon ? Il faut des bons arguments, attirer la sympathie. Très difficile !
1. jakin le 04-05-2016 à 10:49:32 (site)
Mario, écrire un livre est un acte compliqué, on y laisse parfois une partie de sois-même, alors positive....dans le monde d'aujourd'hui, il faut vendre un livre comme on vend un voyage dans le mystère.... parfois sans retour !
2. MarioMusique le 04-05-2016 à 14:44:01 (site)
J'aurais cent anecdotes à raconter sur ce sujet...
Souvent, les gens me disaient : "C'est vous, tel personnage, n'est-ce pas ?" sans jamais nommer celui qui me ressemblait le plus. Comme si c'était une obligation de transposer son propre soi-même dans des personnages !
Lors d'un salon du livre, on voit des milliers de personnes. Cependant, notre entourage immédiat présente sans cesse les mêmes visages. Ce sont nos voisins, les gens avec qui nous aurons des relations pendant quelques jours. Honte à moi : je ne me souviens pas des noms de ces jeunes hommes ! Les deux étaient des "à compte d'auteur".
Celui de droite était Québécois. Il a fait le tour du monde à vélo et a écrit deux livres sur cette expérience. Ce qui m'a étonné était qu'il avait loué un stand double pour ces seuls deux livres. Il avait du budget, hein... Il était gentil, amusant.
Celui de gauche était Français. Qu'est-ce qu'un Français fichait en Abitibi ? 'Sais pas ! Il partageait le stand d'un petit éditeur, travaillant aussi pour lui. Comme d'autres que j'ai croisé au cours de toutes ces années, notre mec répétait mot à mot, virgule par virgule, une présentation destinée au public. Dans son cas comme dans tous les autres, il est arrivé à s'embourber dans un mot, n'étant plus capable de continuer. Bon prince, en me voyant sourire de sa bévue, il avait éclaté de rire.
C'était un bon voisinage. Le pire que j'ai croisé : à Hull en 2001 (je crois) il y avait face à nous une femme qui vendait des disques de "Musique pour relaxer". Elle faisait tourner les mêmes disques de l'ouverture jusqu'à la fermeture. Tout son entourage est devenu un nerf vivant et certains ont dû entendre cette zizique en se mettant au lit.
Dans le cas de ce duo, j'ai acheté leurs livres. Grave erreur...
2. MarioMusique le 03-05-2016 à 17:24:25 (site)
J'ai encore le réflexe de me demander qui va passer quatre jours à mes côtés lors de ces événements. Le Français, je l'ai croisé une autre fois et il m'avait tout de suite évoqué des souvenirs de Val d'Or.
La photo a été prise le dimanche, dernière journée du salon. J'ai l'air défait... Je venais de passer quatre jours sur un banc, face à ce petit espace. Le bilan des ventes m'a déçu : 17 romans. C'est le résultat le plus moche de mes huits participations au salon de l'Abitibi-Témiscamingue.
Quelques jours plus tard, j'ai pu expliquer le phénomène. Quand j'ai débuté cette aventure, en 1998, je l'ai fait avec un grand enthousiasme, croyant au leurre qu'un jour je deviendrais un romancier populaire. Dès 2001, j'avais éliminé de mon parcous les salons aux ventes trop faibles. J'avoue qu'à partir de 2002 : ras-le-bol des salons. Ça ne m'amusait plus.
Cependant, me rendre en Abitibi me plaisait encore, à cause du dépaysment, des gens si chaleureux. Avec mon premier éditeur, il y avait Michèle, la représentante commerciale, très dynamique, qui m'encourageait sans cesse. Cependant, à Val d'Or 2010, je n'avais pas de Michèle pour me masser les épaules. J'ai ressenti de la lassitude, quittais souvent mon coin. Je me suis tout simplement montré moins disponible face au public, d'où ces seules 17 ventes, alors qu'avec Michèle, c'était toujours 40 et plus. Je crois aussi que le ras-le-bol face à ces événements ne m'avait pas quitté.
Cependant, je ne regrette pas d'avoir fait ce voyage. En 2004, alors que je n'avais plus d'éditeur et que je m'étais présenté grâce au concours d'une amie, me prêtant un bout de son stand, j'avais eu un immense chagrin à la fermeture, croyant que je ne vivrais plus jamais un salon de l'Abitibi. Quand j'ai décroché ce contrat avec VLB en 2008, ma première pensée avait été : je vais retourner là-bas.
Je m'en voudrais de ne pas raconter l'anecdote par excellence de ce salon. Le vendredi, il y avait un homme âgé qui se baladait sans cesse dans mon secteur, parlant à tout le monde, pour raconter des blagues idiotes. Nul doute que monsieur accompagnait madame et qu'il avait hâte de ficher le camp. Vers la fin de l'après-midi, il me dit qu'il s'en allait écouter le reportage avec Raôul Duguay. Il revient un peu plus tard pour me dire que c'était intéressant, mais qu'il y avait une femme, devant lui, qui puait le parfum. "J'ai l'odorat très sensible" qu'il m'avoue. "C'est comme ces maudits fumeurs. Je les sens de loin." Moi : "Ah oui, terrible, les fumeurs." Lui : "Terribles ? Ce sont des empoisonneurs qui puent. Je les sens des kilomètres à la ronde." Alors, j'ai sorti mon paquet de cigarettes, en ai porté une à mes lèvres et n'ai rien dit, en le regardant rougir des orteils jusqu'aux oreilles. Il s'est éloigné sans rien ajouter.
2. MarioB le 02-05-2016 à 13:26:25 (site)
Je dirais que c'est du cynisme bien placé.
La chose m'était arrivée une autre fois, peu avant, sous une autre forme.
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