Mario Bergeron multicolore

Quotidien, souvenirs, coups de coeur, etc.

posté le 26-06-2016 à 16:11:14

Bûcherons 5 : Folklore

 

 

 

 

 

Les séjours dans les chantiers ont fait naître un certain folklore, transmis à l'oral aux leurs par les bûcherons eux-mêmes, sans oublier des récits inspirés de témoignages oraux.

MANGER ! La bouffe du bûcheron a varié selon les époques. Pour la période 1850-1890, il était difficile d'entreposer de la nourriture et surtout de la transporter jusqu'aux différents campements. C'est l'ère d'un certain folklore qui nous est parvenu : les bûcherons se délectaient de fêves aux lard, c'est à dire des haricots trempés dans une sauce au lard et qu'on appelait les binnes, déformation du mot anglais Beans. Il y avait aussi des biscuits très solides, de la soupe aux pois, du thé, du pain durci et à peu près rien d'autre. Je m'en voudrais de ne pas vous parler du ragoût de poche. Il s'agissait d'un ragoût préparé à la ville ou dans un village et qui était jeté dans une poche, puis lancé dans la neige, où le liquide gelait. Au campement, le cuisinier n'avait qu'à découper des morceaux à coups de hache et à faire bouillir.  Un de ces jours, je vais tenter l'expérience !

L'historien René Hardy raconte qu'au début du 20e siècle, il y avait une pénurie de bûcherons. Les entrepreneurs ont compris que les repas et aussi les conditions de vie dans les campements en rébutaient plus d'un. Il y a donc eu une variation dans le menu. Le train se rendant jusqu'à la moitié du trajet et les chemins de forêt étant de plus en plus présents, sans oublier les entrepôts de ces compagnies ont permis d'offrir aux bûcherons d'autres mets que les binnes et la soupe aux pois. Certains campements avaient un peu de bétail, un poulailler.

SE DISTRAIRE ! Après une rude journée de travail, les hommes devaient se distraire, le tout à la lueur de bougies, d'un fanal. Chacun se racontait des blagues, des histoires. D'autres avaient un harmonica, une guitare, un violon, et les bûcherons déformaient des airs de folklore en ajoutant des paroles racontant leur travail, leur vie. Les chansons de bûcherons sont nombreuses, dans notre folklore. Les hommes pouvaient aussi jouer aux cartes, se lancer des paris pour ceci ou cela.

LE LANGAGE ! Les entrepreneurs forestiers étant tous anglais, la majorité des mots utilisés par les Québécois étaient des déformations de mots anglais, comme on a vu avec la drave. Vivant entre hommes, loin de l'autorité cléricale ou de l'épouse, ces messieurs se permettaient des blasphèmes visant le catholicisme ultramontain. La plupart des "gros mots" québécois, toujours utilisés de nos jours, sont nés dans les camps de bûcherons. Les hostie de calice de tabarnaque de sacramant, quoi !

Un témoignage, vers 1890, d'un homme ayant vu des bûcherons attendant le train pour retrouver leurs foyers : "Mille hommes, mille sacs de linge sale, mille blasphémateurs prenaient le train. Je n'aurais recommandé à personne de les accompagner tant ces hommes étaient rudes."

LE FICHIER AUDIO : Le vrai truc, de 1930 ! Adélard St-Louis et Boromée Bernaquez, avec Aux chantiers. Avec verve, les trois repas de la journée sont en cause, avec "des vieilles binnes de la semaine passée" et des branches de sapin mêlé au pain. Le soir, les "binnes sucrées et la soupe aux pois" provoquaient des effusions interminables, quand les hommes se couchaient. Miam miam !

 


Commentaires

 

1. jakin  le 27-06-2016 à 09:24:57  (site)

Même remarque.....

 
 
 
posté le 24-06-2016 à 16:55:40

Bûcherons 6 : Conclusion + Héritage

 

 

 

 

 

Bien sûr, il existe toujours des bûcherons, de nos jours, mais ils portent le nom de "Travailleurs forestiers". Ils sont devenus des opérateurs de machines monstrueuses qui vous abattent un arbre, le déchiquètent et le coupent en plusieurs morceaux en quelques minutes. Il va de soi que cette machinerie a fait diminuer drastiquement le nombre de bûcherons.

Le folklore typique des camps de bûcherons n'existe plus. Les transports étant beaucoup plus faciles, le travailleur forestier peut retourner chez lui la fin de semaine. Les camps sont des petits hôtels, où chaque travailleur a sa chambre où il peut brancher son ordinateur. Il y a une salle à manger avec un menu varié et de qualité, sans oublier une salle de loisirs avec télé à écran géant.

Ce que je vous ai raconté, dans les articles précédents, fait partie du folklore. Il existe de nombreux livres sur le travail en forêt, sans oublier des fables, des chansons, des romans. De ce point de vue, je ne m'en suis pas privé. Il y a des scènes de chantiers dans mes romans En attendant Joseph, Gros-Nez le quêteux et Ce sera formidable. Quant à l'élément le plus connu de la bouffe des bûcherons, les célèbres binnes, elles font partie de la culture culinaire des Québécois. Un des plus populaires fabriquant de fêves aux lards est établi à Trois-Rivières. J'en suis friand !

Au cours de mon enfance et de mon adolescence, je voyais toujours les pitounes flotter entre les estacades sur la rivière Saint-Maurice. Quand ce moyen de transport a été interdit, j'avais l'impression que la rivière était vide et que Trois-Rivières venait de mourir. Au même moment, l'équipe de hockey junior de la ville portait le nom de Draveurs et mon ancienne école secondaire s'est depuis donné le nom de Estacades. L'équipe de baseball que je me rends encourager s'appelle aussi Estacades.

Vous ne pouvez vous en passer! Deux documentaires de l'Office National du Film du Canada, d'une durée approximative de 30 minutes. 

BÛCHERONS DE LA MANOUANE, 1962. Les bûcherons présentés utilisent des instruments mécaniques. Leurs conditions de séjour dans un camp sont moins rudes que jadis, mais ce n'est guère le paradis... Ils sont toujours sous-payés. De façon générale, les tâches sont les mêmes qu'au 19e siècle. 

 https://www.onf.ca/film/bucherons_de_la_manouane

LA DRAVE, 1957. D'après une chanson de Félix Leclerc et avec une narration de celui-ci. Vous verrez les draveurs courir sur les billes et comprendrez le danger de ce métier maintenant disparu.

https://www.onf.ca/film/drave

La première photo date de 1918. Notez la présence d'enfants.

La seconde photo est une rareté. Non, il n'y avait pas de femmes bûcherons ! Cependant, dans les très petits camps, il arrivait que le contremaître habite une cabane avec son épouse et ses enfants. La femme était alors responsable des repas des bûcherons. Cette photo date d'environ 1915.

 

LE FICHIER  AUDIO : Ah que l'hiver, par Gilles Vigneault (1968). La seule chanson qui parle des femmes. Celle de Vigneault écrit à son homme "monté aux chantiers", l'assurant que tout va bien, mais qu'elle s'ennuie profondément. L'épouse signale qu'elle a entendu parler d'un camp plus près de la maison familiale et que l'homme pourrait y travailler, ce qui lui permettrait d'être près d'elle et des enfants. Soyez attentifs aux paroles. C'est très beau.

 


Commentaires

 

1. jakin  le 27-06-2016 à 09:24:30  (site)

Salut Mario, tout cela est fort intéressant et bien documenté...image et son pour l’ambiance bûcheronne....compliments....

2. MarioMusique  le 27-06-2016 à 12:01:24  (site)

Merci. Les autres articles vont suivre sous peu.

 
 
 
posté le 22-06-2016 à 01:41:04

Lecture : Le triomphe de l'image

 

 

Daniel J. Boorstin. Le triomphe de l'image : Une histoire des pseudo-événements en Amérique. En réalité, l'image a triomphé sur le lecteur que je suis, car j'ai emprunté ce beau livre récent sans trop réfléchir, réalisant, à la maison, qu'il s'agissait d'une réédition d'un ouvrage de 1962.

En préface, nous apprenons que cette étude avait causé un certain scandale chez les Américains de l'époque. Boorstin était un professeur d'histoire, flanqué d'un aspect sociologue. Le public du temps s'était senti insulté, croyant que l'auteur affirmait que les Yankees étaient les maîtres du mensonge. Rien vu de tel dans le livre. Boorstin est assez habile pour laisser les gens libres de juger. Il se contente surtout de présenter la genèse des faits abordés.  

Si le contenu parle des Américains, il concerne aussi tous les occidentaux. La source du règne de l'image date du 19e siècle, mais elle s'est concrétisée avec le suivant. Oui, il y a beaucoup de faux dans nos sociétés, et aussi des détournements de toutes sortes.

Voici quelques exemples : les livres "best-sellers" ne sont pas du tout des meilleurs vendeurs. Des articles de journaux sont souvent écrits avant l'événement qu'ils relatent (et sans doute que cela est de plus en plus courant à cause de la facilité qu'offre les traitements de texte informatiques.) Les adaptations cinématographiques de romans n'ont rien à voir avec le texte d'origine de l'écrivain. Il existe des condensés superficiels de textes journalistiques ou romanesques (par exemple, dans la revue Reader's Digest). Des textes de grands classiques littéraires ont en grande partie été tronqués de leurs éléments subversifs pour rejoindre un large public. Tout y passe : des touristes jusqu'aux vedettes de cinéma.

Rien n'est cependant gratuit chez Boorstin. Le livre est richement documenté et jamais il n'accuse quoi que ce soit. Comme la plupart des livres d'histoire rédigés par des Américains, celui-ci est avant tout efficace, sans cependant tomber dans la vulgarisation des sujets. Une lecture fascinante, dans laquelle une pensée a rejoint l'une de mes croyances : La télévision sert à faire connaître ce qui est déjà connu.

Tags: #histoire
 


Commentaires

 

1. Florentin  le 22-06-2016 à 11:40:16  (site)

Salut Mario ! On vit dans le faux permanent et l'artificiel. Et nous sommes des gogos qui avalons tout sans trop réfléchir, en tout cas sans analyse préalable approfondie, ce qui nous fait souvent prendre des vessies pour des lanternes.

2. MarioB  le 22-06-2016 à 11:52:55  (site)

Ce qui est très étonnant avec ce livre est que l'auteur parle de faits qui se sont déroulés surtout au cours des années 1950 et j'avais l'impression qu'il me parlait de 2016.

3. jakin  le 22-06-2016 à 14:30:47  (site)

L'histoire se répète, probablement parce que rien ne change...nous sommes dans le monde des bonimenteurs !

4. MarioMusique  le 22-06-2016 à 17:39:49  (site)

Certains secteurs sont entièrement les mêmes, mais d'autres ont changé, particulièrement la radio.

 
 
 
posté le 19-06-2016 à 17:18:07

Québécisme : Patente

 

 

Ce mot apparaît certes dans le dictionnaire et il est utilisé selon sa définition, au Québec. Cependant, le Robert québécois donne un second sens à Patente.

 

 

 

Au Québec, une patente serait un bidule, un machin, etc. L'expression provient du mot anglais Patent : brevet d'invention. Dès le 19e siècle, à l'oral, le mot Patente était utilisé au Québec et je ne m'en suis pas privé pour mon roman Ce sera formidable.

 

 

 

 

UNE PANTENTE serait un objet absurde, bizarre, étrange. "As-tu vu cette patente ?" Le mot désigne aussi un objet neuf, inconnu. "Il a une drôle de patente accrochée à son vélo." Pour certaines personnes, Patente désigne un objet qui leur est étranger et, à cet effet, il y a quelques années, un peintre était venu chez moi pour des travaux et il s'étonnait de me voir taper sur mon clavier, face à mon ordinateur. Comme il ne possédait pas un tel appareil, le mien devenait, à ses yeux, une patente. "Ça ne m'intéresse pas, une patente comme ça."

 

 

 

 

LE PATENTEUX est la personne qui invente, fabrique la patente. Se dit aussi d'une personne pas trop certaine de son oeuvre... "Cet homme-là est un patenteux." Autre exemple, l'homme à qui je fais appel parfois pour réparer des éléments de mon ordinateur n'est pas un informatitien : c'est un bon patenteux. Il se débrouille comme il le peut. Dessin ci-haut : Gaston Lagaffe est un célèbre patenteux.

 

 

 

 

PATENTER : L'action du patenteux qui travaille à une patente. Se dit aussi d'un action faite à l'aveuglette. "J'ai patenté ça sur ton magnétoscope et ça devrait fonctionner."

 

 

 

 

PATENTE À GOSSE : Pire qu'une patente ! Une patente ridicule, qui défie toute logique. J'aime l'origine de l'expression. Elle vient d'un mécanicien qui inventait les objets les plus improbables que l'on puisse imaginer. Son nom était Gustave et son surnom, le diminutif Gus, que l'on prononce Gosse, en anglais. "Je n'ai jamais vu une patente à gosse aussi stupide !" Par exemple : un téléphone portable.

 


Commentaires

 

1. jakin  le 20-06-2016 à 11:32:24  (site)

Bonsoir Mario, avec cette explication patentée, tu vas te retrouver connu de tous ? et devoir signer une patente !

2. MarioMusique  le 20-06-2016 à 12:20:53  (site)

Drôle de patente, que cet article...

3. Florentin  le 20-06-2016 à 14:31:15  (site)

Nous aurions beaucoup à gagner à étudier le Français du Canada. Pas forcément pour adopter les Québécismes mais par curiosité culturelle.

4. MarioB  le 20-06-2016 à 17:00:57  (site)

J'ai toujours aimé ces particularités langagières, de quelque pays que ce soit. Je me souviens avoir lu un livre sur le sujet, à propos de la Belgique, et y avoir trouvé des merveilles.

 
 
 
posté le 17-06-2016 à 01:15:14

Pourquoi la simplicité quand tout peut devenir difficile ?

 

 

 

TABLETTE DE CHOCOLAT
  (Notre photo)

Plier, tirer vers le haut, descendre. Ça ne fonctionne pas ! Recommencer une, deux, trois fois. Réussite après sept minutes. Jadis, en sept minutes, j'avais déjà englouti le chocolat. Pourquoi la simplicité quand tout peut devenir difficile ? C'est pour empêcher les petits z'enfants de trop manger de chocolat. C'est pourtant joli, des petits z'enfants qui bouffent du chocolat.

 

SANDWICHE SCELLÉ

Fait vécu, lors du salon du livre de Trois-Rivières. J'étais passé au dépanneur pour acheter un sandwiche. Installé dans l'abribus pour le dévorer, j'ai pris autour de cinq minutes avant de réussir à ouvrir ce truc scellé, sous le regard amusé d'un homme. Tire à gauche, en coinçant le haut avec le pouce, etc. Après un pétarade de mots vulgaires, j'ai pris mon trousseau de clé et percé des petits trous, étiré avec mes doigts. Pourquoi la simplicité quand tout peut devenir difficile ? C'est pour empêcher les petits t'enfants de manger le sandwiche et de devenir obèses. C'est pourtant beau, des t'enfants obèses qui engloutissent un sandwiche.

DÉTERGEANT LIQUIDE

Avec le pouce, pressez au centre du bouchon. Avec l'autre main, tourner le bouchon, en ne cessant de presser. Dix minutes avant d'y arriver. Pourquoi la simplicité quand tout peut devenir difficile ? C'est pour empêcher les petits n'enfants d'avaler le détergeant liquide. C'est pourtant mignon, des petits n'enfants qui boivent du détergeant liquide.

 

Vos témoignages, peut-être ?

Tags: #manger
 


Commentaires

 

1. anaflore  le 17-06-2016 à 02:15:46  (site)

du vécu lol bon vendredi

2. jakin  le 17-06-2016 à 12:11:29  (site)

Mario, Comme je ne mange pas de chocolat et de sandwich, ni ne boit de détergent....je ne peux pas te relater mon expérience avec des fermetures récalcitrantes....Mais tu m'a bien fait rire !

3. MarioMusique  le 17-06-2016 à 13:06:13  (site)

C'est sans doute le cas pour d'autres produits.

4. Nikole-Krop  le 18-06-2016 à 13:48:21  (site)

Arghhh j'arrive pu à suivre les blogs, môa ! Dommage, plein de trucs intéressants à lire ici.
Concernant cet article, je crois bien que tt le monde eu maille à partir, partt ds le monde, avec ce genre de désagrément. D'ailleurs, il suffit que je lise : Ouverture facile pour aller chercher imméditement la âire de ciseaux et ne pas chercher à fr autrement. Quant aux flacons de déboucheur, la plupart du temps, t'as raison, je m'abîme les doigts sans comprendre en dévidant un chapelet d'obscénités !!

5. MarioB  le 18-06-2016 à 17:09:28  (site)

Allons allons, Nickole avec K, c'est facile de suivre ce qu'il y a ici. Cesse de mager. Ainsi, tu trouveras beaucoup de temps.

De plus, gnark gnark gnark, tu rates beaucoup de bonne musique !

6. Nikole-Krop  le 18-06-2016 à 19:23:46  (site)

mager ?

7. MarioB  le 18-06-2016 à 23:46:27  (site)

Manger. Pffff... des fautes dans ma réponse !

8. Nikole-Krop  le 19-06-2016 à 05:17:50  (site)

:-) Sache, cher Mario, que je mange peu de choses pré-emballées (sinon, couic, ciseaux, et hop !)
Quant à la musique ici, je sais que j'y peux revenir à loisir ; cela dit, il y a un moment, dans ce que j'ai découvert ici, que rien ne m'a chaviré de plaisir! :-)

9. MarioBergeron  le 19-06-2016 à 12:28:08  (site)

Ooooo... Je suis triste !

10. Maritxan2  le 20-06-2016 à 07:05:27  (site)

Je peste souvent après les ouvertures "modernes" de certains produits. En ce qui concerne le détergeant liquide... si la difficulté à les ouvrir met les enfants à l'abri du danger, c'est une autre histoire pour les femmes d'un certain âge, car pour ouvrir ces trucs là, il faut avoir des biscoteaux en acier Rire1

11. MarioMusique  le 20-06-2016 à 12:21:39  (site)

En effet... Et même pour des gens plus jeunes.

12. Florentin  le 20-06-2016 à 14:37:46  (site)

Nous ne sommes pas mieux ici en France. Toujours pour de bonnes rasions : la sécurité en premier lieu.Aujourd'hui, on est submergés de normes, auxquerlles s'ajoutent celles qui sont promulguées par l'Europe, qui en impose des milliers ...

13. MarioB  le 20-06-2016 à 16:59:24  (site)

Contrôle social par la rectitude politique ! La même chose que le catholicisme intransigeant de jadis.

14. zigzag  le 27-06-2016 à 01:55:08  (site)

Les z enfants BOUFFENT... le chocolat !!! Un bien vilain mot pour parler de mômes... dommage..... sinon bel Article ,! :-)

 
 
 
posté le 15-06-2016 à 10:47:34

La calliope à vapeur de Joseph

 

 

Au dix-neuvième siècle, il y avait très peu d'illustrations dans les journaux. Les seules qui prenaient beaucoup d'espace étaient les pubs annonçant la venue d'un cirque. Ce que vous voyez ci-haut n'est que l'en-tête d'une publicité couvrant toute une page, avec du texte et d'autres illustrations. Elle date du 20 juillet 1876, extraite du Journal des Trois-Rivières. Le public pouvait y voir ce qui leur était en grande partie inconnu, avec en premier lieu des animaux d'Afrique. On peut aussi croiser des acrobates, une cavalière debout sur un cheval, des nains, un géant, etc.

Mon roman Ce sera formidable est "branché" sur les journaux de ma ville, entre 1874 et 1899. Mon personnage Joseph étant fasciné par tout ce qui était moderne, je cherchais des éléments de progrès, de nouveauté et j'en ai trouvé pour chacune de ces années. Cette publicité m'a autant fasciné que Joseph. Je l'ai regardée et lue avec les mêmes yeux que le garçon. La moitié d'un chapitre (10 pages) découle de cette pub. Le cirque était celui de W.W. Cole, annoncé ici comme The Great New York & N.D. Museum Menagerie Hippozoonomadon Caravan Equescurbiculum and Zoological Garden, ce qui épate Joseph.

Plus bas, il y a un texte présentant des cavaliers, avec en conclusion la remarque suivante : "Le tout se terminera par l'exécution d'un morceau de musique sur la CALLIOPPE À VAPEUR". Comme Joseph, je me suis demandé quel était cet instrument musical. Il a cherché longtemps ! Ce fut plus rapide dans mon cas, car j'ai Internet. Une calliope à vapeur était un orgue géant activé par des chaudrons de vapeur. On en trouvait, par exemple, sur les légendaires bateaux du Mississippi.

Bien sûr, Joseph se rend voir le spectacle, très impressionné par la calliope. Tout ceci l'incite à devenir le patron de son cirque et il se réserve le droit d'être le manipulateur de sa propre calliope : un chaudron de soupe. Malheureusement, il rencontre un problème avec sa cavalière, qui n'a pas de costume. Il explique à la pauvre que le plus important demeure les jambes, admirées par les spectacteurs du grand cirque. Alors, il déshabille entièrement sa cavalière, ce qui cause le scandale des parents réunis et le mène à un interdiction de sortir pendant un mois.

Voici une illustration de ce curieux objet.

Tags: #musique
 


Commentaires

 

1. jakin  le 15-06-2016 à 11:20:46  (site)

Bonsoir Mario, c'est la première fois que je vois un tel instrument ? Je ne pourrais plus le dire !

2. MarioMusique  le 15-06-2016 à 12:12:46  (site)

Pas très courant, en effet ! Dans les notes du journal, le nom était masculin et c'est ainsi que je l'avais écrit dans mon manuscrit. Sauf que l'éditeur du temps m'a dit que c'était maintenant féminin.

 
 
 
posté le 12-06-2016 à 17:54:17

Les lacs du Québec

 

 

Il y a des milliers de lacs, au Québec. Des petits et des immenses. Leur toponymie est variée. Il y a des lacs baptisés selon des caractéristiques de leur environnement (Présence de certains animaux, de la végétation, etc.) de leur forme, ou pour honorer un quelconque personnage ayant une relation avec le lac. Parfois, il y a des noms bizarres, surprenants. En voici quelques uns :

 

 

 

LAC ANTIQUE : Peut-être le plus ancien du territoire...

LAC EN DENTELLES : Mignon, non ?

LAC CULOTTE : Je ne sais pas si c'est une culotte en dentelles.

LAC À DEUX ÉTAGES : On n'arrête pas le progrès !

LAC FOU : Il y en a un dans chaque famille, même dans la nature.

LAC ESCALIER : Pas trop de marches, j'espère.

LAC TREMBLANT : On ne dit pas s'il a froid ou s'il a peur.

LAC BÉBÉ : Un lac récent, sans doute.

LAC INCONNU : Une fois rendu sur ses berges, est-ce qu'il devient le Lac connu ?

LAC AUX BISCUITS : Bon à s'en lécher les doigts.

LAC BRÛLÉ : Il manquait d'eau pour l'éteindre.

LAC DES MISÉRABLES : Est-ce les poissons qu'on accuse ainsi ?

LAC AU BRAS COUPÉ : Ouch !

LAC DÉSERT : À sec ?

LAC BEAU : Prétentieux, va !

LAC MEILLEUR : Un autre prétentieux !

 

PHOTO CI-HAUT : Le Lac-à-la-Tortue, situé dans ma région.

Tags: #lacs
 


Commentaires

 

1. Grand-Langue  le 12-06-2016 à 23:08:33  (site)

Je trouve qu'on manque d'originalité!

Grand-Langue

2. MarioMusique  le 13-06-2016 à 00:59:37  (site)

Ah oui ? Pourtant... Le Lac Inconnu, je suis passé tout près. C'est sur le chemin de l'Abitibi, en passant par la route du Lac Saint-Jean.

3. jakin  le 13-06-2016 à 13:01:28  (site)

Salut Mario, j'adore le nom de tous ces lacs, c'est une vraie histoire linguistique ? Il manque peut-être le lac tout-court !

4. MarioMusique  le 13-06-2016 à 17:44:47  (site)

Le lac Tout-Court! C'est une bonne idée.

 
 
 
posté le 10-06-2016 à 18:39:54

Québécismes : Le dictionnaire de Léandre Bergeron

 

 

Il y a deux livres qui sont à portée de ma main, près de mon lit, pour m'accompagner pendant mes insomnies : un manuel des cartes routières du Québec, car j'aime regarder les noms de villages et des cours d'eau, puis le dictionnaire de la langue québécoise, de Léandre Bergeron.

Ce dictionnaire a été publié en 1980 et demeure toujours disponible, plus de 35 ans plus tard, ce qui est très rare pour un livre du Québec. Lors de sa mise en marché initiale, l'ouvrage avait été décrié publiquement, parce que Bergeron faisait davantage que présenter des mots anciens, qu'on pouvait croiser dans les petits dictionnaires de québécismes. L'auteur abordait le vocabulaire par la prononciation. J'avoue que de ce point de vue, c'est le défaut du livre. Un dictionnaire doit servir de guide pour l'écriture ou la compréhension de mots, et non pour la prononciation. Par exemple, il présente le mot Sarmon, pour Sermon. Le hic est que des gens pouvaient dire Sarmon, alors que leurs voisins d'une autre région disaient Sermon.

Hors ce défaut, ce livre m'amuse beaucoup, car il présente une quantité de mots désuets qui font sourire. Sont exclus du dictionnaire tout mot partagé par la francophonie mondiale. Il s'agit bel et bien de reflets d'une culture typiquement québécoise, ce qui inclut des régionalismes. C'est dans cet ouvrage que j'avais trouvé le mot Grichou, qui deviendra le surnom d'un de mes personnages de mon roman L'Héritage de Jeanne. Ayant rencontré Léandre Bergeron, lors d'un salon du livre de l'Abitibi, je lui avais révélé ce fait, qui l'avait amusé.

Le dictionnaire a près de 600 pages, ce qui représente un travail colossal. Je ne l'ai jamais lu au complet, mais je regardais une page de temps à autres, certain d'y découvrir quelques joies. Je viens cependant de décider de le lire de A à Z. J'ignore si l'auteur a ajouté des mots, lors des remises en marché. Je sais qu'il existe des québécismes nés au cours des années 1970 et qui sont absents du dictionnaire. Gougoune, par exemple.

Je vais faire travailler mes bons amis de France : que signifie Grichou ? Botch ? Tataouiner ? Quelle est la signification de Gosses, au Québec ?

 


Commentaires

 

1. anaflore  le 11-06-2016 à 01:09:33  (site)

je sais que gosse c'est testicule ......bon wk

2. anaflore  le 11-06-2016 à 01:09:34  (site)

je sais que gosse c'est testicule ......bon wk

3. MarioB  le 11-06-2016 à 02:21:14  (site)

Tu as mis le doigt dessus! Oups! Pardon...

4. johnmarcel  le 05-05-2018 à 23:44:14  (site)

"foksé" (je suis obligé de l'écrire en phonétique) entendu dans la série policière Mensonges, feuilleton québécois, qui vient certainement de l'anglais focus, se concentrer. On va se "foksé" sur le témoin principal...

édité le 06-05-2018 à 05:44:37

5. johnmarcel  le 05-05-2018 à 23:46:47  (site)

Botch... raté, loupé ?

6. MarioB  le 06-05-2018 à 00:45:33  (site)

Foksé ? 'Sais pas !

Botch, c'est un mégot de cigarette.

Je suis en train de le lire et je prends des notes, pour de futurs articles ici. Il y a des choses amusantes.

7. johnmarcel  le 06-05-2018 à 01:32:01  (site)

Ce feuilleton policier que je regarde se passe principalement dans la ville de Montréal. Dans les dialogues ils utilisent pas mal de mots et d'expressions anglaises, ou de mots "dérivés" de l'anglais comme le fameux "foksé". Il y a aussi "chécker" de check, vérifier...

8. MarioB  le 06-05-2018 à 13:17:17  (site)

Alors, ce n'est pas à notre honneur.

9. johnmarcel  le 07-05-2018 à 23:31:34  (site)

http://www.je-parle-quebecois.com/

On trouve de tout sur Internet Sourire

 
 
 
posté le 09-06-2016 à 18:42:59

Québécisme : Après

 

 

J'ai trouvé, dans le dictionnaire de Léandre Bergeron, des exemples d'utilisation du mot Après. Cela m'a fait sourire! Bien sûr, il est ici question de langage parlé, et non écrit. Je crois que cela pourrait faire sourire les aimables visiteurs européens.

Nous sommes après travailler : Nous sommes en train de travailler.

Il est toujours après moi : Poursuivre, harceler. Je traduis par : Il est toujours sur mes talons.

La clef est après la porte : La clef est dans la serrure de la porte.

Grimper après un arbre : Grimper le long d'un arbre.

Installe-toi après la clôture : Installe-toi contre la clôture.

Ferme la porte après toi : Ferme la porte par derrière, ou Ferme la porte après être entré.

Attendre après quelqu'un : Attendre quelqu'un.

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. anaflore  le 10-06-2016 à 00:43:20  (site)

certaines sont aussi employés en bretagne....

2. MarioB  le 10-06-2016 à 01:05:21  (site)

Vrai ? Par exemple ? J'apprécie ces écarts de langage, car ils font partie de la culture d'un peuple. Je me souviens avoir lu un livre sur le phénomène en Belgique et il y avait des expressions délicieuses.

Je vais parler du livre de Léandre Bergeron, dans le prochain article.

3. jakin  le 10-06-2016 à 12:12:21  (site)

Salut Mario, Je confirme, certaines expressions sont toujours utilisées chez nous...

4. MarioMusique  le 10-06-2016 à 12:50:56  (site)

Vrai ? Je suis étonné de l'apprendre.

5. Maritxan  le 11-06-2016 à 19:07:16  (site)

Je confirme... icitte aussi on dit : Clin doeil1
Il est toujours après moi
La clé est après la porte
Ferme la porte après toi
Attendre après quelqu'un
Les autres expressions je ne les connais pas.

6. MarioB  le 12-06-2016 à 00:11:49  (site)

C'est certain que si tu es une québécoise (Comme moi), ces expressions sont courantes à l'oral.

7. Maritxan  le 12-06-2016 à 05:58:12  (site)

@MarioB: Non, je ne suis pas québécoise, j'ai seulement employé une expression de chez vous. Elle provient d'un blogueur de Montréal que je suis... http://dominiquebouvet.wordpress.com/
Lui aussi nous fait partager les expressions de son pays Sourire1

8. MarioMusique  le 12-06-2016 à 13:08:48  (site)

Je vois, je vois... Merci

9. johnmarcel  le 22-01-2017 à 02:10:35  (site)

En Alsace on ne dit pas "attendre après le bus" mais "attendre sur le bus"...

10. MarioB  le 22-01-2017 à 07:45:57  (site)

Très bien !

 
 
 
posté le 05-06-2016 à 17:24:50

Mes disquaires

 

 

J'ai passé une partie de mon enfance, de mon adolescence et de ma vie chez les disquaires. Ah si : mon enfance. Voici trois maisons du centre-ville de Trois-Rivières qui étaient très habituées de voir mon minois, au cours des années 1970.

 

 

 

 

LA MAISON BELLEVILLE. Mon disquaire favori, parce qu'il y avait un grand choix. On pouvait aussi regarder les 45 tours, alors que chez Bornais, ils étaient derrière le comptoir et qu'il y avait une liste pour trouver celui que nous cherchions. C'étaient des jeunes femmes qui travaillaient chez Belleville et elles connaissaient les disques. Ce commerce aura connu deux locaux et des trois que je nomme, il sera celui qui aura duré le plus longtemps : toujours ouvert au cours des années 1980.

 

 

 

 

CLAUDE BORNAIS. Cet homme était un musicien de jazz de la ville. Son commerce était plus petit que Belleville. Donc : moins de choix. Cependant, au fond du local, il y avait des bacs entiers de disques hors commerce, avec leur petit trou dans un coin de la pochette. On pouvait faire de belles découvertes avec ces microsillons vendus un dollar ou cinquante sous. C'est là que j'avais acheté Reflections Of My Life, par Marmelade, un de mes albums favoris de mon adolescence. Deux souvenirs particuliers relatifs à Bornais : en 1973 est apparu un groupe du nom de Raspberries, dont la pochette, prétendait-on, était enrobée d'une odeur de framboise. Alors, je m'étais rendu chez Bornais pour respirer le disque. Tout à fait exact : ça sentait la framboise ! Aussi : Bornais est le seul endroit où j'ai acheté des 78 tours neufs. C'était autour de 1965. Ils devaient avoir des caisses d'invendus dans leur sous-sol et avaient décidé d'offrir ça à dix sous la pièce. Je pourrais vous nommer la douzaine de 78 tours que j'ai alors achetés. Monsieur Bornais était souvent présent dans son commerce et c'était un grand homme toujours très calme, avec une belle voix.

 

 

 

 

ST-MAURICE MUSIQUE. Un antre à 45 tours à bon marché, car ils sortaient des juke-box. Au cours de mon enfance : un local ressemblant à un couloir, où on pouvait acheter des 45 à 10 sous pièce. Usagés, certes, mais pas brisés. Ces gens sont par la suite déménagés dans un local plus grand, toujours avec les disques des jukes, à 25 sous pièce. Ils avaient aussi des disques provenant des entrepôts des distributeurs de Montréal. Je me souviens d'une série de disques Decca de 1965-67, tout à fait neufs, où j'avais trouvé The Kids Are Alright des Who, disque rare au Québec. Il y avait aussi quelques microsillons hors commerce. C'est fou comme j'ai acheté des 45 tours chez St-Maurice ! Je passais chez Belleville acheter un microsillon et, avec ma monnaie, j'entrais chez St-Maurice pour quelques 45 tours. La jeune femme du comptoir était une rousse avec des cheveux jusqu'aux hanches. Le local abrite de nos jours un café.

 

 

 

 

Par la suite, ce sont des chaînes qui ont pris le relais, sans oublier les premières boutiques d'usagés. Le Colimaçon est alors entré dans mon paysage de maniaque de la musique. Voir l'article :

http://mario3.vefblog.net/19.html#Le_Colimacon_de_TroisRivieres

Tags: #musique
 


Commentaires

 

1. anaflore  le 05-06-2016 à 17:47:10  (site)

disquaires en disparition !!!

2. MarioB  le 05-06-2016 à 18:53:25  (site)

Oui! Le Colimaçon avait vu son chiffre d'affaires chuter drastiquement, à cause des téléchargements de musique et de films.

3. jakin  le 06-06-2016 à 13:04:53  (site)

Bonsoir Mario, j'ai l'impression d'avoir vu déjà cette photo dans ta rubrique photos....avec des commentaires avisés sur les pièces musicales regardées par ces jeunes groupies.....

édité le 06-06-2016 à 19:05:22

4. Florentin  le 06-06-2016 à 16:35:53  (site)

J'ai suivi le progrès comme il venait. Si bien que j'ai chez moi des quantités (raisonnables) de disques, de cassettes et de CD. Aujourd'hui, j'en achète moins. Parce qu'on trouve toujours sur internet le morceau qu'on veut. Je ne prends même pas la peine de les ennregistrer. En prtie parce qu'on ne sait jamais si e morceau qu'on guigne est libre d'enregistrement ou pas. A plus. Florentin

édité le 06-06-2016 à 22:36:41

5. MarioMusique  le 06-06-2016 à 17:32:54  (site)

Jakin : Bonne mémoire !

Florentin : Tout le monde le fait, n'est-ce pas ? Je ne me sens pas coupable.

 
 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article